Présidentielle 2022: «L’Espérance ne déçoit pas»

“L’Espérance ne déçoit pas

Repères de discernement sur la vie sociale et politique.

A l’approche de l’élection présidentielle d’avril 2022, le Conseil permanent de la CEF publie « L’Espérance ne déçoit pas » (Ed. Bayard/Cerf/Mame). Intitulé « La France n’est pas une île », le chapitre 6 aborde la dimension internationale du pays et propose des pistes de réflexion sur l’accueil des personnes migrantes.

Cette année encore, l’Eglise catholique propose « quelques repères de discernement sur la vie sociale et politique ». Le texte des évêques s’adresse aussi bien aux candidats (à qui il sera envoyé avec une proposition de rencontre) qu’aux citoyens, catholiques en particulier. Chacun des 7 chapitres est assorti de questions pour une appropriation en groupe.

Le texte sera progressivement mis en ligne, avec des éclairages en vidéo sur chacune des 7 thématiques. Elles ont été présentées par Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, qui en est l’un des auteurs.

  • 1. Choisir de vivre ensemble en paix : « Voter est un impératif de fraternité » estime Mgr Rougé. Les chrétiens sont invités à tenir compte ensemble de la « justesse éthique » et de la « justice sociale » dans leurs choix;
  • 2. Le respect inconditionnel de toute vie humaine : Les évêques encouragent le développement des soins palliatifs, face à la tentation de l’euthanasie;
  • 3. Promouvoir la liberté, l’égalité et la fraternité : La devise française est l’occasion d’exprimer une réflexion sur la liberté, dans le contexte de la « Loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République »;
  • 4. Les religions : Une chance pour notre société en quête de sens : le principe de la liberté religieuse est rappelé, comme « caractère fondateur de toutes les libertés »;
  • 5. Pour une écologie authentiquement intégrale : Les encycliques Laudato Si’ (2015) et Fratelli Tutti (2020) sont les deux textes de référence de ce chapitre qui veut faire passer ce message: « Pas d’écologie durable sans croissance fraternelle »;
  • 6. La France n’est pas une île : « Nous sommes convaincus que la destinée de chacun concerne l’humanité entière » écrivent les évêques qui incitent à davantage d’humanité et de créativité » dans l’accueil des personnes migrantes;
  • 7. Transmettre : Les évêques mettent en garde contre un « regard négatif » sur notre histoire. « Nous avons, au contraire, à puiser dans le meilleur des héritages reçus des ressources pour l’avenir et des raisons d’espérer ».

L’Eglise ne donne bien-sûr pas de consignes de vote – et chaque évêque est libre de prendre la parole – mais exhorte à « promouvoir le meilleur possible, sans illusion ni défaitisme ».

Claire Rocher (SNMM)

La France n'est pas une île

19. En tant que catholiques, nous sommes convaincus que la destinée de chacun concerne l’humanité entière. La mondialisation économique et culturelle en cours appelle de la part de tous un effort créatif pour que le respect des histoires, des cultures, des écosystèmes locaux et des personnes l’emporte sur les logiques d’affrontement ou de déstructuration. La construction européenne, si emblématique d’un combat remporté contre les tentations d’affrontement et de guerre, doit être constamment revue pour ne pas tomber dans l’impuissance, la dérive libertaire, l’excès technocratique, le renoncement à promouvoir de vraies valeurs morales, au risque de contribuer à susciter des replis nationalistes.

20. Les appels prophétiques du pape François en faveur des personnes migrantes engagent les sociétés les plus développées à adopter des comportements d’humanité et de générosité. Il ne s’agit pas de nier la légitimité de la régulation juridique des flux migratoires, mais de veiller à ce que personne ne prenne son parti des drames humanitaires qui se produisent constamment sous nos yeux ou à quelques encablures de nos côtes. Dans ce contexte, beaucoup soulignent à juste titre l’importance et la difficulté des politiques d’aide au développement en faveur des pays d’origine des personnes migrantes, souvent foyers d’extrême violence, de grande pauvreté, de violation des droits humains, de corruption, d’accaparement du pouvoir et d’accumulation de richesses par quelques-uns qui minent tous les efforts entrepris. Avec d’autres, les chrétiens doivent s’engager dans la prise en compte politique des questions de paix, de respect des droits de l’homme et de solidarité internationale, et contribuer à en faire un enjeu électoral de premier plan. Nous rejoindrons ainsi le souhait du pape François « qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité» (Fratelli tutti, 8).

21. Plus généralement, notre pays doit prendre en compte la montée en puissance démographique, technologique, économique de l’Asie et de l’Afrique. Non pas pour s’en inquiéter, mais pour s’interroger sur ses propres choix : accordons-nous la priorité aux nouvelles générations, à nos enfants et à nos jeunes ? Savons-nous les accueillir, les élever, les éduquer et les former ? En présence du dynamisme d’autres pays et d’autres cultures, où réside notre propre dynamisme ?uelle part pouvons-nous prendre à un accueil ajusté des personnes migrantes ?
Quelle part pouvons-nous prendre à un accueil ajusté des personnes migrantes ?

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