Un camp vélo pour les ados migrants dans le diocèse d’Autun

Un camp itinérant à vélo, interculturel et interreligieux, c’est la proposition de la Pastorale des migrants du diocèse d’Autun pour quatorze adolescents issus de familles migrantes, du 10 au 13 juillet 2022.

Si pour beaucoup d’entre nous, le mot « camp » évoque une aventure festive et estivale, il résonne différemment pour les personnes migrantes. C’est le constat fait par Laurence Mitton, déléguée à la Pastorale des migrants du diocèse d’Autun, en accompagnant un jeune faire réparer son vélo.

Sa réaction – « Dans ce cas-là, j’aimerais bien y aller ! » – l’interpelle. « C’est vrai que ces jeunes n’ont rien comme occasion pour retrouver d’autres jeunes de leur âge et vivre cet esprit de groupe dont ils ont besoin ados » comprend la déléguée en qui se réveille la « fibre animation ».

Laurence mobilise alors son réseau pour trouver des encadrants et soumet l’idée d’un camp vélo itinérant à l’équipe diocésaine de la Pastorale des migrants : projet validé ! « C’est aussi pour être en contact avec leurs familles. Quand une famille laisse partir son enfant avec des personnes qu’elle ne connaît pas, c’est une marque de confiance… qui n’est pas facile à acquérir ». Partir de chez soi et quitter le cocon familial peuvent susciter de la peur. Elle en est bien consciente : « Ces familles ont déjà pris beaucoup de risques. Elles ne veulent plus en prendre ».

La proposition de 3 jours s’appuie, pour le logement, sur des lieux en lien avec l’Eglise. Une paroisse à Tournus, un monastère des Frères de Saint-Jean à Buxi et une congrégation religieuse à Cluny accueilleront les jeunes. Pas de tentes à transporter ! Et pour le matériel, un partenariat a été monté avec l’association « Mâcon vélo en ville ». Laurence a aussi lancé un appel dans la revue diocésaine pour récupérer des sacoches et des casques.

L’information a circulé via les paroisses et par le biais du Secours catholique. Les participants sont Ukrainiens, Albanais et Géorgiens. « Nous avons 14 inscrits, garçons et filles, âgés de 11 à 15 ans. Et oui, ils savent tous pédaler ! » confirme la responsable, pour qui les photocopies de leurs carnets de santé se révèle être… un grand mystère linguistique !

En complément des deux animateurs, une personne de l’association – qui prête les vélos – sera disponible pour régler les problèmes techniques ! Deux grands-mères assureront les arrières des sportifs dans une voiture-balai qui transportera de quoi les nourrir. Chaque jeune a fait mention, sur sa fiche d’inscription, d’un référent qui connaît bien sa famille. En cas de problème, il servira de médiateur.

S’il n’y a pas de rencontre prévue en amont, Laurence compte bien réunir les familles après, pour leur donner la parole sur ce qui leur manque pour l’éducation de leurs enfants. « En France depuis un an, voire un an et demi, et bien moins pour les Ukrainiens, ils sont tous en attente de papiers ».

Leur donner la parole pour entendre leurs besoins

Durant sa première année de responsabilité, Laurence Mitton a organisé une mini-récollection sur le thème « Chemin de migrants, chemin de foi ». Les mêmes questions étaient posées aux adultes et aux enfants, répartis par groupes linguistiques : Qu’est-ce qui motive pour se mettre en route ? Quels freins ? Quel chemin voulons-nous parcourir ensemble ? « La fraternité, l’amitié, la solidarité » ont été citées, comme en écho à la devise française. Certains ont demandé des papiers et mis en avant les facilités accordées aux réfugiés d’Ukraine…

« L’objectif des associations est de permettre l’insertion. Nous sommes sur un autre registre, celui de favoriser le vivre ensemble » commente la déléguée. Pour compléter l’équipe de la Pastorale des migrants, elle a convaincu son évêque, Mgr Benoît Rivière, d’inclure un représentant du Secours catholique et un autre du CCFD-Terre Solidaire. Elle tenait à faire dialoguer les réalités « d’ici et de là-bas », car pour elle, la Pastorale des migrants les réunit dans cette recherche du vivre ensemble.

Pour expliquer ce qui nourrit son engagement, Laurence cite la richesse des différences, l’interdépendance et le « faire ensemble ». « Ce camp sera le moyen de commencer à faire ensemble ». Roulez jeunesse !

Claire Rocher (SNMM)

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