Migrants, missionnaires d’espérance

JMMR 2025

La pastorale des migrants, à travers son réseau de délégués diocésains, met en œuvre un service à partir des différentes réalités migratoires existantes : une pastorale d’accueil et de communion se déploie auprès des personnes migrantes. Notre mission est profondément missionnaire : il s’agit de vivre la rencontre entre les cultures, à l’ère des migrations.

Dieu de la route et de l’avenir,
Apprends-nous à voir dans chaque visage migré
Ton visage de Ressuscité.
À discerner les signes des temps dans leurs histoires,
Leurs luttes, leurs chants.
À agir avec courage et justice pour bâtir des ponts, et non des murs.
Et à aimer sans mesure, comme toi tu nous aimes.[1]

Les êtres humains sont des nomades par excellence, nous sommes toujours en mouvement, nous nous déplaçons, nous allons d’un endroit à l’autre, nous nous mettons en route. Parfois, ce mouvement est libre, réfléchi et assumé ; d’autres fois, il est forcé. Les migrations sont l’une des caractéristiques structurelles de notre époque. D’après les données des Nations Unies, plus de 280 millions de personnes vivent aujourd’hui hors de leur pays d’origine, et elles représentent environ 12 % de la population européenne. Loin des discours alarmistes, les chiffres montrent qu’il n’y a pas d’« invasion » : le pourcentage de migrants dans le monde reste stable, autour de 3 %, depuis des décennies. Cette rhétorique de la peur alimente les préjugés : ils prennent les emplois, ils génèrent de l’insécurité, ils reçoivent plus qu’ils ne contribuent. Cependant, la réalité nous montre le contraire : les migrants soutiennent des secteurs clés tels que le soin, l’agriculture ou la construction ; ils apportent plus qu’ils ne reçoivent en aides ; ils permettent aux sociétés de se renouveler. Le véritable drame ce ne sont pas les flux migratoires, mais les politiques qui les transforment en tragédie. L’Europe multiplie les murs, externalise les frontières et durcit les procédures, tandis que chaque année, plus de 2 000 personnes meurent en Méditerranée. Et pourtant, il y a aussi des germes d’espoir : des initiatives municipales, des réseaux d’accueil, des politiques locales qui ont démontré qu’une autre réponse est possible lorsqu’il y a une volonté politique, des ressources et une approche humaine.

Cette année, à l’occasion de la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, le pape Léon XIV nous invite à considérer les migrants et les réfugiés comme des messagers d’espérance. Leur courage et leur ténacité sont le témoignage héroïque d’une foi qui voit au-delà de ce que nos yeux peuvent voir et qui leur donne la force de défier la mort sur les différentes routes migratoires contemporaines. C’est pourquoi, pour ceux d’entre nous qui se disent chrétiens, la migration est une expérience qui nous permet de sentir un Dieu qui marche avec son peuple, qui est itinérant et pèlerin, qui n’a pas de lieu fixe, qui est en mouvement. Ainsi les migrants, à travers leurs vies et leurs rêves, leurs luttes et leurs inquiétudes, nous conduisent-ils sur les chemins de la libération et deviennent un nouveau lieu où découvrir le souffle de l’Esprit. C’est pourquoi ils nous lancent une invitation prophétique à élargir l’espace de notre tente, à nous rappeler que la vie de foi ne peut être ni enfermée ni réduite, qu’elle est appel à s’ouvrir, à laisser entrer l’autre, à grandir ensemble. Dans cet esprit, l’Église, à travers la JMMR, nous invite cette année à regarder la réalité des migrations sous un jour nouveau : les migrants ne sont pas seulement des personnes qui ont besoin d’aide, mais des missionnaires d’espérance qui apportent la vie et l’avenir à nos sociétés et à nos communautés.

La pastorale des migrants, à travers son réseau de délégués diocésains, met en œuvre un service à partir des différentes réalités migratoires existantes : une pastorale d’accueil et de communion se déploie auprès des demandeurs d’asile et des réfugiés, des familles monoparentales ou des mineurs non accompagnés, ainsi que des migrants sans papiers ou d’autres migrants qui travaillent ou font des études. Cette mission est au service des différentes communautés paroissiales et se réalise en collaboration avec d’autres mouvements et services d’Église ainsi qu’en partenariat avec d’autres acteurs de la société civile. Notre mission est profondément missionnaire : il s’agit de vivre la rencontre entre les cultures, à l’ère des migrations. Chaque année, à l’occasion de la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, les délégués diocésains de la pastorale des migrants proposent des activités qui permettent la rencontre fraternelle, qui favorisent le changement de regard vis-à-vis des migrants et qui permettent de stimuler notre espérance : espérance par leur courage, par leur foi et par leur capacité de recommencer à zéro ; espérance par leur manière de nous rappeler que la fraternité n’a pas de frontières ; espérance parce qu’ils invitent nos sociétés à ne pas se replier sur elles-mêmes, mais à se renouveler.

Le regard chrétien nous invite à faire un pas de plus : ne pas voir les personnes migrantes uniquement comme quelqu’un à secourir, mais comme un visage concret dans lequel le Christ lui-même se fait notre prochain. Chaque histoire migratoire est sacrée. L’accueil transforme notre façon de voir et de croire : il nous permet de grandir en humanité, de découvrir un Dieu toujours en chemin et de vivre cette fraternité universelle à laquelle le pape François nous a appelés à travers Fratelli Tutti.

« Migrants, missionnaires d’espérance » : tel est le thème de cette année jubilaire, qui, loin d’être un slogan pieux, est plutôt une vérité évangélique. Les migrants nous rappellent que l’espérance n’est ni naïveté ni optimisme superficiel : c’est une force vitale, une graine d’avenir, une possibilité de renouveau social et spirituel. Ils nous interpellent pour que nous élargissions la tente de notre vie, de nos communautés et de nos sociétés.

La question est personnelle et concrète : quel petit pas puis-je faire pour élargir l’espace de ma tente ? Peut-être mieux m’informer, partager un récit différent, offrir un geste d’hospitalité, participer à un réseau de soutien, sortir de mon centre et aller vers les périphéries. Car l’espérance ne se construit pas avec des discours abstraits et des données brutes, mais par des gestes quotidiens de rencontre, de dignité, de fraternité et de sororité.

Les migrants ne sont pas un problème à gérer, ils sont un don à recevoir. Ils ne sont pas un fardeau, ce sont des missionnaires d’espérance qui nous aident à redécouvrir l’Évangile vivant au cœur de notre époque. Les migrants ne sont pas seulement des personnes à aider. Ils sont des frères et des sœurs qui nous envoient en mission, qui nous rappellent que l’espérance est possible même sur les routes de l’exil.

Marcela Villalobos Cid

[1] Prière pour la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, pastorale des migrants, Conférence des évêques de France

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