L’hébergement citoyen, une possibilité qui ne doit pas masquer les responsabilités et carences publiques
Depuis plusieurs années, des initiatives citoyennes pour l’hébergement de personnes en situation de vulnérabilité se multiplient, en particulier à destination des personnes exilées arrivées récemment sur le territoire. Nos cinq structures ont participé à cette dynamique, en mettant en place des accueils sous diverses formes (hospitalité en famille, mise à disposition de maisons ou d’appartements…).
Un effort a été récemment fait par les pouvoirs publics pour trouver des solutions plus nombreuses aux personnes sans domicile, notamment dans le cadre de la crise sanitaire qui a souligné de manière criante l’importance d’avoir un toit. Pourtant, à la veille de l’élection présidentielle, rares sont les candidates et les candidats à promouvoir l’idée d’une France accueillante.
Il nous semble important en cette période de parler de ce que nous vivons, dans cette hospitalité, dans cette rencontre. Ensemble, nous proposons un tour d’horizon de ce qui se vit dans nos réseaux. Nous publions aujourd’hui une note d’analyse et de positionnement sur les programmes d’hébergement citoyen. C’est l’occasion de mettre en lumière le changement de regard que ce type de programme peut amener pour les personnes impliquées. Nous voulons aussi exposer les points de vigilance liés à ces pratiques. Il ne s’agit notamment pas de porter la responsabilité de l’hébergement et de l’accompagnement des personnes sans domicile.
Ainsi, riches de l’expérience de plusieurs années d’accueil, nous souhaitons affirmer aujourd’hui que :
– Les programmes d’accueil citoyen répondent à un besoin de rencontre et de fraternité des personnes étrangères et constituent indubitablement un levier d’intégration. Il convient de reconnaître la pertinence de ces programmes et ne pas les considérer comme une rustine pour répondre aux lacunes publiques en matière d’hébergement et de logement.
– L’accès à l’un de ces programmes devrait être un vrai choix pour les personnes et ce choix ne devrait avoir aucune conséquence sur leur accès aux droits.
– Offrir des conditions d’habitat dignes à toutes les personnes sans domicile (y compris aux plus exclues) reste une obligation pour les pouvoirs publics et une voie porteuse de cohésion sociale et d’inclusion fraternelle dont bénéficierait toute la société. Ces conditions d’habitats dignes peuvent passer par l’amélioration significative des conditions d’accueil en hébergement, la garantie de son inconditionnalité et la facilitation de l’intégration des personnes exilées vivant en hébergement d’urgence ou à l’hôtel parfois depuis des années.
À propos : La Fédération de l’Entraide Protestante, le Secours Catholique - Caritas France, le Service National Mission et Migrations (Conférence des Évêques de France), JRS France et Emmaüs France portent chacun des actions pour proposer des solutions d’hébergement à des personnes étrangères, actions qui doivent beaucoup à la mobilisation de bénévoles. Du fait de la portée politique de cette action, un travail collectif a démarré en 2019 pour cheminer ensemble vers un positionnement commun.