En mission au bout du monde

Sophie Lantourne, Maguy Escande et Anne Déjean effectuent actuellement un temps de volontariat à l’étranger avec la DCC ou la Fidesco. Des expériences à la fois humaines, professionnelles et spirituelles.

Leur cheminement et leurs motivations n’étaient pas forcément les mêmes. Pourtant toutes trois sont parties à l’étranger comme volontaires, Sophie en Angola depuis le mois de mars 2015, Maguy au Mexique depuis septembre 2014 et Anne à Madagascar depuis le mois dernier. L’immersion dans un pays étranger où l’on va séjourner plusieurs mois n’est pas forcément évidente tant le dépaysement est important. Le volontaire rencontre une culture radicalement différente, parfois étonnante, comme le rapporte Sophie : « Encore aujourd’hui, je m’étonne presque tous les jours, tout est tellement différent. Ici, à Luanda, on vit dehors. Les gens se saluent, cuisinent, mettent de la musique à fond. Les mamas vendent des petits gâteaux, des glaces devant leur porte et les enfants jouent dans les montagnes de déchets. » Maguy est au Mexique depuis un an et, pour elle aussi, le dépaysement a été grand : « Ce pays d’Amérique latine est plein de contrastes, toujours en mouvement. C’est un pays haut en couleurs, tant au niveau des paysages que de sa culture et de ses traditions. » Anne vient tout juste d’arriver à Fianarantsoa, dépaysement garanti ! « Les découvertes sont encore présentes dans tout ce que je regarde! Quelle surprise de voir des rizières en pleine ville, par exemple

 

Crèche méxicaine

Crèche méxicaine

Immersion garantie dans le quotidien des populations

Pourtant très vite, les volontaires sont plongés dans leurs missions, une autre manière de découvrir des réalités humaines locales, souvent difficiles. Ce fut l’expérience de Maguy à son arrivée au Mexique : « J’ai d’abord travaillé cinq mois dans « la casa hogar » ou littéralement « la maison foyer ». Là, des enfants sont placés par décision de justice suite à des cas reconnus de maltraitance, abus et autres causes graves. Ces enfants ont connu plus de violence que d’amour avant d’intégrer la « casa hogar », leurs réactions restent souvent imprévisibles et les relations sont souvent compliquées. Mais ils restent des enfants et le volontaire doit prendre l’habitude de s’adapter à toutes les situations. » Elle est aujourd’hui affectée dans une autre mission, une « casa de dia » pour personnes âgées et dans une petite école pour enfants handicapés. Le système social mexicain ne prend en charge aucune de ces personnes. Ce sont donc des structures privées basées uniquement sur le bénévolat et les dons, comme l’explique Maguy : « Cette association reçoit des personnes vivant en situation de grande solitude et d’isolement social. Chaque jour, les bénéficiaires, qui souvent n’auraient rien à manger, y reçoivent deux repas. Des activités manuelles sont également proposées et des cours de gymnastique douce amènent un divertissement. Le but est avant tout d’essayer de rétablir et renforcer l’entourage social et relationnel de la personne. Il s’agit d’offrir un soutien, une compagnie et une amitié pour améliorer leur qualité de vie. Je rends également visite à des personnes dans l’incapacité de se déplacer et ayant de faibles ressources, voire aucune. Ce sont des moments de partage, de prière ou de lecture des textes de la messe du jour… Que de bonheur dans ces échanges ! »

Misère sociale et chaleur humaine

Ce mélange paradoxal de misère sociale et de chaleur humaine, Sophie en est également témoin, à Luanda : « Je suis dans un des quartiers les plus pauvres de la ville. Le chemin pour aller au travail est jonché de poussière et de déchets auxquels se mêle la boue par temps de pluie. Mais l’ambiance est toujours très joviale et, après six mois de mission, je peux dire que je me suis bien adaptée. Des petits gestes reçus sur le chemin du travail me touchent particulièrement. Par exemple, récemment, une maman, que j’ai l’habitude de croiser, devait faire une course un peu plus loin et m’a confié son fils pour que je le ramène chez lui. Ce petit bout d’à peine trois ans a conversé avec moi tout le long du chemin avec grand plaisir ! La difficulté du départ a été la langue mais c’est grâce aux enfants que j’ai le plus progressé.» A Madagascar, Anne a fait ses premiers pas dans le laboratoire Plante-Santé où elle est en charge du contrôle qualité d’un médicament, le Cimopar. Après un accueil chaleureux, elle découvre une autre façon de vivre : « Ici, le temps est élastique et la devise est souvent « mora mora » (doucement-doucement) ! Nos cultures sont très différentes et je sais qu’il faudra du temps pour que chacun, volontaire et partenaire local, trouve ses marques, dans le respect de l’autre et de sa façon de vivre.» Quant à la foi, chacune d’elles en témoigne, elle est présente dans la prière, la communauté, les gestes, l’accueil. Comme le rapporte Sophie : « La foi dans notre mission de volontaire se traduit en acte : donner de l’amour de manière fidèle au message d’amour de Dieu. »

S. Bégasse
Paru le 17 octobre 2015
Site du diocèse de Montauban

 

DCC