Carême 2021 : « Nous marchons tous sur la même terre »

« Nous marchons tous sur la même terre »

Sur le thème de l’écologie intégrale, la campagne de Carême du CCFD-Terre Solidaire démarre le 17 février – Mercredi des Cendres – pour s’achever le 4 avril, dimanche de Pâques. Chargé de mission « mobilisation citoyenne auprès des publics chrétiens », François Bausson présente les outils d’animation pour ce Carême qui sera ponctué par la collecte annuelle (dimanche 21 mars), afin de soutenir les projets portés par les partenaires de l’ONG catholique de solidarité internationale.

La campagne 2020 s’intéressait déjà à l’écologie intégrale : quel en a été le bilan ?

L’écologie intégrale croise trois dimensions : enjeux sociaux (« le cri des pauvres »), environnementaux (« le cri de la terre ») et d’avenir (générations futures). Le CCFD-Terre Solidaire s’est lancé dans un travail autour de l’écologie intégrale depuis plusieurs années. Ces enjeux mettent ses engagements et ceux de ses partenaires dans une dynamique qui traverse l’Eglise et la société.

L’an dernier, les partenaires du CCFD-Terre Solidaire n’ont pas pu venir en France, en raison du confinement de mars. Le bilan est donc compliqué pour la campagne 2020 car nous avons été confinés par surprise, alors que la campagne se lançait seulement.

Cette année, nous avons décidé qu’ils ne feraient pas le déplacement car nous étions trop dans le flou. Nous avons donc fait le choix de les interviewer en vidéo, pour introduire des webinaires ou des rencontres. Les vidéos seront disponibles en ligne, à partir du moment où elles ont été utilisées par les régions. Certains partenaires participeront à des visio en direct. Nous communiquerons à l’ensemble du réseau les dates des rencontres en ligne, pour les proposer au-delà du territoire où elles se déroulent. Cette nouvelle approche permet d’élargir le public.

Comment la pandémie de Covid-19 a-t-elle impacté la solidarité internationale et notamment vos partenaires locaux ?

On a eu l’impression que les pays d’Afrique étaient préservés de la pandémie. Pourtant, selon la Direction du partenariat international, elle a affecté les systèmes de communication, de protection sanitaire et sociale, ce qui a accentué la fragilisation d’un certain nombre de régimes politiques, notamment en Afrique de l’Est, où des guerres et des massacres ont eu lieu, alors que le monde était focalisé sur la lutte contre le virus.

En Asie, on a observé une importante diminution de l’aide sociale et des solidarités. Cela a provoqué des révoltes paysannes, comme en Inde.

En Amérique latine, la situation politique était déjà fragile. L’élection de Joe Biden aux Etats-Unis ne règle pas tout dans les relations Amérique du Nord/Amérique latine. Au Brésil, le « Baromètre d’alerte sur la situation des droits humains et environnementaux », publié à mi-mandat du président Jair Bolsonaro, pointe le recul des libertés individuelles et l’accroissement des inégalités, le tout plombé par la gestion désastreuse de la crise sanitaire par le gouvernement brésilien.

Ce n’est pas uniquement la pandémie directement qui a eu un impact mais toutes ses conséquences : diminution importante des dons et de l’aide internationale, fermeture des frontières pour les personnes, comme pour les marchandises, recul des libertés individuelles et collectives, globalement toutes les conséquences sanitaires bien évidemment mais aussi sociales, économiques, politiques et géopolitiques à une échelle régionale comme internationale.

Toutefois, les relations se sont renforcées à travers des liens plus quotidiens entre les chargés de mission et les partenaires. Cela fait partie des bonnes nouvelles dans les conséquences de la pandémie !

Quels sont les axes de réflexion pour la campagne 2021 ?

La campagne 2021, autour de l’écologie intégrale, est orientée par la phrase : « Nous habitons tous la même maison ». A ce slogan, dans les publications nationales s’ajoutent : « Nous avons tous les mêmes racines » et une phrase qui rejoint tout particulièrement la pastorale des migrants : « Nous marchons tous sur la même terre ». Les objectifs de la campagne, de même que pour chaque campagne de carême, sont triples : Collecter (appel à dons pour la quête du 5e dimanche), sensibiliser à la solidarité internationale, et mobiliser autour des questions d’écologie intégrale et de solidarité internationale.

Quels sont les outils pour mobiliser les communautés chrétiennes ?

Il existe trois outils papier : le cahier d’animation (à destination des équipes du CCFD-Terre Solidaire et autres qui veulent animer la campagne en paroisse), le cahier liturgique (à destination des équipes liturgiques notamment, avec une proposition de déroulement pour la messe du 5e dimanche) et un livret spirituel (pour tout le monde, qui propose des trames de temps spirituels ou temps de prière à chaque dimanche de carême). Tous les outils sont accessibles sur le site internet du CCFD-Terre Solidaire à ce lien. On trouve aussi des propositions pour animer le carême en cas de confinement ou d’impossibilité de se réunir physiquement.

Quel message pour nos réseaux ?

Nous les invitons à se mettre en lien, pour que cette campagne de carême ne soit pas qu’une affaire de bénévoles du CCFD-Terre Solidaire mais que les outils créés ainsi que les expériences de terrain profitent à tous, afin de lier nos enjeux très locaux aux enjeux de la solidarité internationale.

Propos recueillis par Claire Rocher (SNMM)

(…) la crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure (…) Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse ; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne

(…) Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature.

Laudato Si’, N° 217 et N° 139.