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JMMR 2021 : « Vers un « nous » toujours plus grand » par Mgr Brunin

Message de Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, pour la 107ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, dimanche 26 septembre 2021.

Voilà le titre du message retenu par le pape François pour la 107ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, dimanche prochain. Après la période sanitaire difficile que nous avons traversée, le pape craint que nous nous laissions entraîner « dans une fièvre consumériste et dans de nouvelles formes d’autopréservation égoïste » (Fratelli tutti 35). Son message appelle à regarder plus loin que la limite  de notre ego pour conjuguer nos relations en un ‘nous’ toujours plus large.

Répercuter un tel appel au sein de nos communautés et dans notre société, et l’appliquer notamment à la vie de nos quartiers ou à la question migratoire, constitue un vrai défi. Exacerbée par des discours qui dégagent les premiers fumets d’une campagne électorale, l’opinion publique semble peu disposée à recevoir un tel appel à vivre la culture de l’accueil et de la rencontre. De fait, on nous incite à traiter les personnes socialement différentes ou issues de la migration, de façon impersonnelle. Nous pouvons ainsi les tenir à l’écart en leur apposant la dénomination indifférente du « eux… ou ils ». Nous nous persuadons ainsi qu’ils appartiennent à un autre monde, en tout cas pas le nôtre. Certains expliquent alors avec un docte et cynique assurance qu’il faut à tout prix les empêcher d’entrer « chez nous », et s’ils y sont, pouvoir les en expulser.

Bien sûr les questions sont complexes. C’est pourquoi, nous ne pouvons accepter de substituer à l’analyse du réel des postures idéologiques, qu’elles soient naïvement mondialistes ou aussi naïvement nationalistes. La question de la gestion des flux migratoires et de l’accueil des personnes migrantes et réfugiées, si elle réclame un traitement humanitaire, a aussi besoin d’une réflexion et d’une action politiques de grande envergure, tant sur le plan national, qu’européen et mondial.

Cet engagement a partie liée à notre foi au Christ. Lui qui est venu dans une société profondément  clivée par des catégories du pur et de l’impur, du citoyen et de l’étranger… Autant de clivages faisant obstacle à la rencontre et la fraternité universelle. Il a accepté d’aller jusqu’au bout de la mission que  le Père lui confiait pour rassembler les hommes et les sauver par sa Croix : « Par sa chair crucifiée, dira saint Paul, il a détruit ce qui nous séparait, le mur de la haine » (Ephésiens 2, 14).

Face aux discours envahissants qui incitent à adopter des postures de rejet, d’intolérance et de replis égoïstes, la fidélité au Christ nous engage à témoigner activement de la fraternité universelle et à vivre l’amitié sociale concrète à l’égard de tous ceux et celles qui partagent nos espaces de vie.

Mgr JeanLuc Brunin, é
vêque du Havre

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