Qui sont les délégués diocésains à la Mission universelle ?
Leçons d’une petite enquête auprès des délégués diocésains à la Mission universelle.
Validité de l’enquête
Le service diocésain de la MU (Mission universelle) existe dans la plupart des diocèses. Mais il y a un certain nombre de diocèses sans DDMU (délégué diocésain à la mission universelle) : parce que l’évêque a décidé de restructurer les services diocésains et il n’existe plus de service de la MU ; parce que le diocèse recherche la personne adéquate pour devenir DDMU ; parce que l’évêque vient d’être nommé et est en train de revoir l’organigramme de son diocèse, etc…
82 diocèses ont été contactés, et 45 réponses ont été obtenues. Cette enquête est donc valide, ses résultats sont valables, plus d’un DDMU sur deux a répondu.
Statut des DDMU
On trouve parmi ces DDMU 9 prêtres, tous à temps partiel, 7 religieuses, 23 LEME (Laïc en mission ecclésiale), un diacre, une personne qui se définit comme « laïque »…
Conclusion : il n’y a pas de structure homogène en France pour l’ensemble des diocèses. Parfois, le prêtre est DDMU, parfois il est « prêtre accompagnateur ». Mais très massivement les DDMU sont des LEME. Et se comprennent ainsi.
A plein temps ou à temps partiel ? Tous à temps partiel
La réponse ne fait pas de doute. Presque tous à temps partiel. Seuls quelques diocèses peuplés ont un DDMU à temps plein (Strasbourg, Tours, Metz…)
Un DDMU rémunéré ou bénévole ? Quasi tous bénévole.
Les prêtres indiquent qu’ils sont rémunérés ! Si l’on ne retient pas les prêtres (qui indiquent qu’ils sont « rémunérés », certes, par le diocèse) et les religieuses en mission pastorale (également rémunérées..), les autres DDMU sont bénévoles.
Les laïcs sont quasiment tous bénévoles (deux exceptions).
Un DDMU avec une lettre de mission de son évêque ? Un tiers sans lettre de mission
Surprise : 28 DDMU ont reçu une lettre de mission, 12 n’ont pas de lettre de mission.
Comment expliquer que des évêques donnent une mission à un laïc (qui plus est, est bénévole) sans lui remettre une lettre de mission ?
Comment expliquer que des laïcs acceptent une charge (diocésaine) sans lettre de mission qui devrait expliquer la tâche exacte qu’ils ont à remplir, qui leur donnerait aussi un peu de légitimité lorsqu’ils parlent à des curés de paroisse ou à des clercs dont on sait que certains ont du mal à recevoir des conseils de la part de laïcs ?
Voici une hypothèse d’explication : la situation est ainsi parce que l’évêque lui-même ne sait pas exactement quelle est la mission d’un DDMU !
L’évêque voit bien que les anciennes tâches d’un DDMU ne correspondent plus à la situation actuelle de son Église diocésaine, mais il ne voit pas forcément non plus exactement quelle mission devrait être remplie à l’avenir !
Pour les aider les uns et les autres, on pourra se reporter à un « modèle » de lettre de mission pour un DDMU diocésain.
En fait, il s’agit là d’un catalogue de tâches, et on pourra puiser dans ce catalogue selon les spécificités de chaque diocèse.
Le DDMU est-il aussi directeur diocésain des OPM ? Dans un tiers des cas, non !
Grande surprise : 16 personnes indiquent qu’elles sont à la fois DDMU et directeur diocésain des OPM. Et 12 personnes disent qu’elles sont DDMU sans avoir de responsabilité pour les OPM.
En principe, les deux tâches sont concentrées sur la même tête.
Les objectifs des OPM (prier, s’informer, pratiquer la solidarité entre Églises par la collecte d’argent) et de la MU (« servir la communion et la coopération entre Eglises particulières ») sont voisins ou se confondent. Il est donc logique que la même personne exerce les deux fonctions.
Or il n’en est pas ainsi.
C’est un mystère que nous allons tenter de percer.
Nous allons nous tourner vers ces 12 personnes pour mieux connaitre ce contexte diocésain qui explique peut-être cette surprise…
Dans quelques semaines, on trouvera des commentaires additionnels sur ce point ici même.
Quel autre engagement ecclésial pour ces DDMU ? Un autre engagement diocésain, mais plus souvent, un autre engagement au niveau de leur paroisse !
On a vu que les DDMU sont à temps partiel. La question vient à l’esprit : que font d’autre ces DDMU ?
Rares sont ceux qui, à côté du service diocésain de la MU, exercent la responsabilité d’un autre service diocésain. Quelques cas sont cités : les jeunes, la communication, le rural, la pastorale de la santé, la vie consacrée, la pastorale des migrants…
Ce sont souvent les DDMU des diocèses peuplés, les DDMU à plein temps qui exercent ainsi deux services diocésains. Deux fois, le DDMU est aussi délégué diocésain pour la pastorale des migrants. Mais on ne peut pas généraliser ce cas. On trouve aussi : DDMU et délégué à la pastorale de la santé, ou délégué à la pastorale des prisons, ou la jeunesse ou la vie consacrée…
Et les autres, que font-ils à côté du service de la MU ?
Ils exercent un service paroissial (tous les prêtres indiquent cela), ils sont actifs dans l’équipe des funérailles, l’aumônerie d’un hôpital, d’une maison d’arrêt, membre d’une équipe de catéchèse en langue basque, etc. !
Il est intéressant de relever les commentaires autour de cette question.
Certains indiquent qu’à côté du service de la MU, ils (ou elles) participent à l’équipe qui assure l’accueil et l’accompagnement de prêtres venus d’ailleurs dans le diocèse, ou de religieuses venues d’ailleurs…
Ce commentaire révèle que ces DDMU estimaient que la participation à la cellule accueil de leur diocèse ne faisait pas partie de la tâche du DDMU !
D’autres indiquent qu’à côté du service de la MU, ils étaient chargés de l’équipe qui fait vivre un jumelage. Comme si le « jumelage » ne faisait pas partie du travail habituel du DDMU…
Conclusions : le périmètre du travail d’un DDMU n’est pas fixé une fois pour toutes, n’est pas forcément très clair dans la tête des DDMU. Et j’ajouterais : cela n’est pas forcément très clair dans la tête de l’évêque du lieu.
Il faudra faire comprendre que la tâche du DDMU comprend aussi la participation active à la cellule diocésaine d’accueil (des prêtres et religieuses venus d’ailleurs, ou fidei donum, en mission pastorale). Certes, le service national de la MU ne peut pas s’ingérer dans l’organisation des services diocésains, cela relève de la responsabilité de chaque évêque. Mais il n’est pas interdit de faire savoir comment la MU est organisée dans d’autres diocèses.
Il faudra faire comprendre que la MU aujourd’hui, c’est moins « l’envoi » (de personnes, de compétences, d’argent…) que « l’échange » entre Églises particulières.
Participation à des activités régionales ou nationales. C’est généralisé !
Quasiment tous les DDMU participent à des activités au niveau de leur province ecclésiastique ou au niveau national (33 oui et 6 non). Ceux qui ne le font pas invoquent le fait qu’ils sont débordés, surtout le weekend (les prêtres en paroisse), qu’ils sont débordés par les autres activités à côté de la MU (par exemple leur équipe funérailles pour 48 villages !), ou ils sont actifs et ont une activité professionnelle prenante… mais ils cherchent un membre de leur équipe diocésaine qui pourrait participer à ces activités extra-diocésaines toujours enrichissantes !
Autres commentaires : certains DDMU s’étonnent que l’on n’ait pas demandé l’âge des DDMU… ceux-là indiquent que, eux ont dépassé 75 ans. Qu’ils cherchent une relève, difficile à trouver. Le successeur idéal est un couple de volontaires de solidarité internationale de retour en France (donc assez jeunes, en général). Sans doute plus facile à trouver dans les grandes métropoles que dans les diocèses ruraux. Beaucoup signalent aussi qu’ils (elles) cherchent à constituer une équipe pour ne pas rester seul comme DDMU.
Bilan général : portrait-robot du DDMU
On vérifie, et c’est assez intuitif, que les DDMU sont des laïcs, des LEME, bénévoles, qui exercent à temps partiel la tâche de la MU dans leur diocèse. Ils se font aider par la participation à des réunions extra-diocésaines, au plan de la province ou au plan national.
Ce qui est étonnant, et quasiment contre-intuitif : beaucoup de DDMU n’ont pas vraiment conscience que la participation à la cellule diocésaine d’accueil (de religieuses et prêtres venus d’autres diocèses, souvent étrangers) fait aussi partie de leur responsabilité. De même, certains n’ont pas conscience que la participation à l’équipe qui fait vivre un jumelage fait aussi partie de leur attribution.
Ce qui est un point négatif : le nombre important de DDMU qui n’ont pas reçu de lettre de mission de leur évêque (12 non pour 28 oui).
Ce qui reste mystérieux à ce jour : les DDMU qui ne sont pas en même temps directeur des OPM pour leur diocèse (11 non pour 16 oui).
L’enquête se poursuit. Les commentaires sont les bienvenus.
Antoine Sondag,
2 avril 2019