SMM 2020 : deux textes de méditation

A l’approche de la Semaine Missionnaire Mondiale2020 (SMM 2020) sur le thème « Me voici, envoie-moi. » (Is 6, 8), le p. Alfonso Bartolotta  partage deux textes de méditation avec nous tous.

SMM 2020 : deux textes de méditation

« Me voici, envoie-moi. – Eccomi, manda me. – Here am I, send me. Hier bin ich, sende mich. – Oto ja, poślij mnie. – Aquí estoy, mándame. » (Is 6,8)

 

Le roi tient à la fête !
Et si on s’invitait les uns les autres chez Lui ?

 Dimanche, 11 octobre 2020 (Mt 22,1-14)

C’est le dimanche d’ouverture de la Semaine Missionnaire Mondiale. Trois textes de la liturgie de ce jour évoquent l’importance du repas, signe de communion entre Dieu et son peuple. Isaïe nous parle du « Seigneur de l’univers » dont l’amour est véritablement universel. Il « préparera un festin pour tous les peuples », et en plus chez lui, « sur sa montagne », là où la fête sera plus que bio « de viandes succulentes, de vins capiteux et décantés. » Son amour est tellement universel que nous serons tous concernés : « il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et toutes les nations, et il essuiera les larmes sur tous les visages. » Faisons nôtre la prière d’Isaïe pour reconnaître la grandeur et la fidélité infinie de Dieu à sa promesse d’amour pour l’humanité toute entière. « Voici notre Dieu, en lui nous espérions ; c’est lui le Seigneur ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! » (Is 25,6-9).

Le psaume 22 nous dit « Le Seigneur est mon berger » ; son amour veille sur tout être humain : « Il me fait reposer, me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ; il me conduit par le juste chemin et je ne crains aucun mal, car il est avec moi, me guide et me rassure. » Il nous invite chez lui, et chacun peut dire : il « prépare la table pour moi ; grâce et bonheur m’accompagnent » à tel point que « j’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours. »

L’évangile décrit la parabole du festin de noces : « Un roi qui célébra les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités » (Mt 22,1-14). Il s’agit donc d’un festin nuptial. Les premiers conviés – les plus chanceux – qui a priori devaient accepter l’invitation, la déclinent sans raison apparente. Va savoir pourquoi ! Pour la seconde fois, le roi insiste, envoyant d’autres serviteurs solliciter la présence des invités car « Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce. »

Mais pas de chance, leurs réponses sont négatives ; deux d’entre eux avaient des empêchements « l’un à son champ, l’autre à son commerce. » Les autres, par contre, non seulement refusent, mais en plus réagissent violemment : « empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. » Pourquoi tous ces gestes de folie ? Difficile à comprendre puisqu’ils avaient été invités à un repas de noce ! On comprend le mécontentement du roi qui fait punir les malfaiteurs qui ont été violents envers ses fidèles serviteurs.

À quelle catégorie de ces groupes d’invités appartenons-nous ? À nous aussi, il nous arrive de trouver des excuses : emploi du temps chargé, pris par d’autres engagements, débordés, pas d’envie, fatigués des 35 heures hebdomadaires, etc.

Tout est prêt, sauf les invités, et la fête risque de tourner au fiasco ! Mais ce roi tient, mordicus, à la réussite de la fête en l’honneur de son fils. Loin de se décourager – malgré les premiers invités qui « n’étaient pas dignes » – il entreprend une initiative inattendue et surprenante : « Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce. » Les serviteurs, comme d’habitude, « allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent. » Et ils invitent tout le monde ! N’importe qui donc : « les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives. » Indistinctement, tous ces derniers invités – et tels qu’ils sont – acceptent et répondent positivement à l’invitation imprévue, et deviennent ainsi les véritables convives et hôtes du roi.

Cependant avant l’ouverture de la fête, le roi interpelle un des convives pour le questionner : « Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ? » N’avait-t-il pas son costard cravate ou l’habit requis pour la circonstance ? L’ami interpellé préfère rester silencieux. Bizarrement, le roi le fait mettre dehors simplement pour une question d’habit. Quelle histoire… ! C’est un récit vraiment intrigant ! Au début, il fait inviter n’importe qui, et puis se ravise, refusant celui qui est habillé n’importe comment ! S’agit-il d’un habit pour respecter seulement le code purement esthétique et le look extérieur ou plutôt d’une prédisposition essentiellement intérieure ?

Lors de la célébration du sacrement du baptême – aux bébés comme aux adultes – on remet le vêtement blanc, signe et symbole d’une création nouvelle : « En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ » (Ga 3, 27). Tout être humain est invité à se mettre en habit de noce, à se préparer spirituellement et humainement, à s’efforcer de vivre en cohérence avec la foi reçue et professée.

Si sur la croix Jésus donne sa vie pour tous, sur la table du repas eucharistique, il renouvelle son amour pour la multitude. Son incessante invitation est toujours actuelle, si large, sans frontières, no limit ! Partout dans le monde, les communautés chrétiennes se rassemblent, célèbrent et prient en Église. Tous entendent encore : « Heureux les invités au repas du Seigneur ! », et puis, chacune, chacun répond personnellement : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir ; mais dis seulement une parole et je serai guéri ».  Comme pour les serviteurs autrefois, le Seigneur nous envoie dans le monde entier d’aujourd’hui : « Allez donc aux croisés des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce ». Ensemble, osons la mission ! Et si on s’invitait les uns les autres chez Lui ? Ça serait une fête sacrée en Église ! Et ensemble, une sacrée fête !

 

Oser la mission
avec cohérence et dans la transparence ! 

Dimanche, 18 octobre 2020 (Mt 22,15-21)

Ce dimanche est la Journée Mondiale des Missions. Les textes de la liturgie nous rappellent l’importance que nous avons aux yeux de Dieu et le rôle que nous avons aux yeux des autres. « Je t’ai appelé par ton nom, je t’ai donné un titre. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre. Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas. » (Is 45, 1.4-6).

Le don de la vie et celui de la foi, que nous avons reçus, nous font devenir enfants de Dieu et membres de l’Église universelle. « En vertu du baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire. Chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation. Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ ; nous ne disons plus que nous sommes ‘disciples’ et ‘missionnaires’, mais toujours que nous sommes ‘disciples-missionnaires’ » (EG 120).

Il s’agit « d’aller vers » et de « sortir de » car « sortir de soi-même, pour s’unir aux autres, fait du bien » (EG 87). Avec joie, ensemble, osons annoncer l’amour de Dieu, « raconter à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles ! », osons « Aller dire aux nations : ‘Le Seigneur est roi !’ » (Ps 95).

Les paroles de saint Paul nous exhortent encore aujourd’hui : « Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ. » (1Th 1,1-5).

L’évangile, par contre, nous décrit la complicité des pharisiens et des partisans d’Hérode qui essayent de discréditer Jésus et de lui tendre un piège, autrement dit, qui cherchent comment le coincer ! (Mt 22, 15-21).

Ils font l’éloge, tout d’abord, de sa franchise « tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité », et puis, de sa rectitude et de son intégrité sans jamais se plier aux compromis : « tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. » Mais aussitôt – par le biais d’une question tendancieuse – leur langage flatteur initial vire progressivement vers un complot contre Jésus. « Alors, donne-nous ton avis : est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » Bref, de quel côté es-tu au juste ? Il faut que tu parles et, surtout, que tu choisisses.

Suite à cette question si ambiguë, Jésus, déjouant cet énième piège, ne répond ni oui ni non, mais simplement : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Je trouve intéressante, sur ce point-là, la réflexion originale de Gabriel Ringlet : « Retour de la monnaie à l’expéditeur : ‘Rendez donc à César…’ Voilà les piégeurs piégés. Depuis lors, nous avons aménagé le territoire : la semaine à César, le dimanche à Dieu. Alors que Jésus, lui, ne sépare pas. Il ne confond pas non plus : à César ET à Dieu. La mystique et la politique. Pour Jésus, le spirituel est au cœur du temporel. »

En tant que citoyens, face au César-État-d’aujourd’hui, ne revendiquons pas seulement nos nombreux droits, mais faisons tous des efforts et accomplissons aussi nos nombreux devoirs. S’ajuster aux lois : être et vivre dans la transparence.

En tant que chrétiens, face au Dieu-d’hier-d’aujourd’hui-et-de-demain, souvenons-nous des paroles de la Genèse : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. » (Gn 1, 26-27). Tout être humain – homme et femme – est une unique et merveilleuse icône de Dieu. S’ajuster à la Loi : être et vivre dans la cohérence.

Dans la monnaie-de-notre-propre-existence est gravée à jamais l’image de l’Amour de Dieu. Toute vie humaine est précieuse à ses yeux et porteuse d’une valeur inestimable pour nos frères et nos sœurs en humanité. Nous sommes à Lui, nous devons ‘nous rendre à Dieu’, et donc retourner à Lui à jamais, car nous lui appartenons depuis toujours. Témoignons de notre foi et soyons un reflet de l’infini bonté de Dieu. Ensemble, osons la mission ! Avec cohérence et dans la transparence !

Alfonso Bartolotta, omi

 

 

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