Messe Antilles-Guyane du 11 novembre 2021 à Paris
Mgr Jean-Yves Riocreux, évêque émérite de Basse-Terre (Guadeloupe), est le nouveau Coordinateur de l’Aumônerie Nationale Antilles-Guyane (ANAG). Rentré en métropole en juillet dernier, il s’est installé dans le diocèse de Saint-Denis. Interview à l’occasion de la célébration qui rassemble Antillais et Guyanais, le 11 novembre prochain, à Paris.
Quel est le visage de cette aumônerie ?
On considère que presque 500.000 Antillais et Guyanais résident sur Paris et sa banlieue. Ils sont venus en métropole dans la période faste des années 60, souvent pour travailler dans la fonction publique, notamment à La Poste et dans les hôpitaux. Nous en sommes maintenant à la 2ème et à la 3ème génération. Ils sont présents dans toutes les paroisses. J’en ai eu la preuve aujourd’hui même, avec une Martiniquaise, une Guadeloupéenne et une Haïtienne, là où je réside, à la paroisse Sainte-Marthe des Quatre chemins à Pantin (93). Pour les jeunes, mon prédécesseur avait lancé le Festival de la jeunesse, l’été, rassemblant ainsi plusieurs centaines d’entre eux.
Comment vous inscrivez-vous dans son histoire ?
L’ANAG existe depuis 50 ans. Elle a été animée par des prêtres de Martinique et de Guadeloupe, en vue d’accompagner les Antillais et les Guyanais qui sont des milliers en Ile-de-France. L’aumônerie a été animée pendant plus de 20 ans par le Père Pierre Lacroix dans les années 80-90 et jusqu’au début des années 2000. Ensuite, se sont succédés plusieurs aumôniers. Je prends le relais d’un prêtre de Martinique, le Père Marcela Crépin, qui est retourné dans son diocèse. L’ANAG a son siège à la paroisse Saint-François d’Assise, rue de Mouzaïa, à Paris. Mais il existe aussi des antennes dans différentes villes.
Quel temps fort aura lieu le 11 novembre à St-Sulpice à Paris ?
Depuis plus de 20 ans, a lieu chaque année une rencontre annuelle le 11 novembre. Le choix de cette date est lié à l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes, à laquelle les trois évêques des Antilles se rendent. Il est donc facile pour eux d’y participer. Elle n’a pas eu lieu en 2020, en raison de la crise du Covid-19. Cette année, Mgr David Macaire, archevêque de Fort-de-France (Martinique), présidera l’eucharistie, entouré par Mgr Michel Dubost, administrateur apostolique du diocèse de Cayenne (Guyane) et moi-même, en tant qu’évêque émérite de Basse-Terre (Guadeloupe) et Coordinateur de l’ANAG. Mgr Dominique Blanchet, évêque de Créteil et vice-président de la CEF, sera là également. On compte traditionnellement sur la présence d’évêques d’Ile-de-France qui s’associent à cet évènement. Il regroupe habituellement 3.000 personnes.
Qu’est-il prévu pour l’édition 2021 ?
D’habitude les délégués se rencontrent dès le matin. Cette année, cela démarrera en début d’après-midi (13h), avec la messe qui sera célébrée à 14h30. Cette année, nous accueillerons une délégation de Strasbourg. Nous écouterons le témoignage d’Antillais-Guyanais du diocèse de Créteil. On prépare ce rendez-vous depuis plusieurs semaines, avec une équipe. La chorale est composée de jeunes, disséminés sur le territoire. C’est aussi l’occasion de les rassembler. La célébration sera retransmise sur YouTube et les réseaux sociaux.
Quel est l’enjeu spirituel porté par cette aumônerie ?
L’idée est de montrer qu’il existe un lien entre leurs diocèses d’origine et les diocèses dans lesquels ils sont bien insérés. Je pense aux nombreux catéchistes d’origine antillaise qui ont pris progressivement leur place dans les paroisses et les communautés mais qui gardent leurs racines et ce d’autant plus qu’ils retournent fréquemment au pays. Avec la particularité qu’un certain nombre d’entre eux y prend sa retraite. Ils font construire une petite maison et s’y installent définitivement. Or la population vieillit. On déplore 1.500 élèves de moins en Martinique et en Guadeloupe chaque année. On construit là-bas des Ehpad… Le Guyane est particulière car en augmentation démographique constante, en raison des frontières terrestres et des nombreux migrants qui viennent du Brésil, du Surinam, voire d’Haïti. Je suis sollicité pour me rendre dans des paroisses, notamment à l’approche de Noël, pour ce qu’on appelle les « Chanté Nwel » (Chanter Noël). C’est assez surprenant d’ailleurs d’entendre, en créole et en français, les chants de Noël dès le début de l’Avent ! Certains remontent aux XVIIIème et XIXème siècles, avec toute l’histoire liée à ces Antilles, marquée par l’esclavage. Les communautés sont très vivantes et comptent beaucoup de jeunes. Les Antillais-Guyanais sont religieux ! C’est ce que j’ai vécu pendant neuf années comme évêque de Guadeloupe. Cette tradition est liée à l’insularité mais aussi à la présence des grands-mères.
Propos recueillis par Claire Rocher (SNMM)