Migrants : Construisons des ponts, pas des murs
Message du Mouvement Mondial des Travailleurs Chrétiens, rédigé par l’Action catholique ouvrière (ACO) de France, à l’occasion de la Journée Internationale des Migrants, le 18 décembre 2021.
Aujourd’hui, selon les chiffres de l’ONU, il n’y a jamais eu autant de personnes dans le monde se déplaçant et vivant en dehors de leur territoire d’origine. En 2019, il y avait 272 millions de migrants dans le monde, 51 millions de plus qu’en 2010. Est-ce un problème ? Non, bien au contraire ! La migration est une chance historique pour favoriser les rencontres, s’enrichir culturellement, échanger des compétences entre peuples et citoyens du monde afin de progresser ensemble et répondre aux grands défis de l’Humanité. La pandémie que nous vivons montre que les migrantes et les migrants apportent bien souvent leurs compétences pour faire face, notamment en travaillant dans les services de santé, les transports, la restauration et les nombreux services aux personnes. Nous n’oublions pas que les migrants sont d’abord des travailleurs. Ils, elles sont nos frères et nos sœurs. De nombreux économistes sont d’accords pour dire que la migration est généralement une chance pour l’économie du pays d’accueil.
Et pourtant, l’actualité récente nous renvoie des images effrayantes. La mer Méditerranée est devenue un cimetière des personnes fuyant la misère et les guerres. Partout dans le monde, les migrants sont montrés du doigt, arrêtés, traqués, harcelés. Nous avons encore en tête les images de ces policiers déchirant les toiles de tente de migrants dans plusieurs villes de France, comme à Calais, mais aussi à Paris ! Nous sommes horrifiés de voir des femmes, des hommes, des enfants dormir dans le froid à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie.
L’Europe a un devoir d’hospitalité. Or, aujourd’hui, les migrants sont utilisés comme boucs émissaires. Ce qui est bien pratique pour dissimuler les véritables responsables des crises sociales et environnementales, ceux qui dirigent un système faisant prédominer le profit financier sur l’Humain.
Au lieu de favoriser l’accueil et la rencontre, en de nombreux endroits, on construit des murs. Il y a en Europe aujourd’hui plus de 1000 kilomètres de murs et le monde n’a jamais autant vu autant de murs se construire qu’aujourd’hui. Comme si les pays les plus riches cherchaient à se barricader contre les plus pauvres.
Nous sommes des mouvements de travailleurs. Nous savons bien que la précarité dans laquelle se trouvent les populations migrantes les obligent à travailler dans des conditions de travail souvent indignes. Cette situation sert aussi à remettre en cause les acquis sociaux des travailleurs du pays d’accueil et à diviser les travailleurs entre eux. Agir pour et surtout avec les migrants, c’est aussi agir pour les droits de tous les travailleurs ! C’est ce qu’ont rappelé en France des travailleurs sans papiers qui ont osé se mettre en grève en novembre 2021, avec leur syndicat pour demander une régularisation de leur situation.
Nous pensons aussi à tous ces militants de nos mouvements du MMTC qui agissent avec les migrants. Ainsi, ces militants de l’Action catholique ouvrière de Bordeaux, en France expliquent pourquoi ils s’engagent : « Ce manque d’humanité nous atteint au plus profond, car la dignité de ces personnes a été bafouée. Nos engagements de fraternité, de soutien avec les associations sont renforcées au vu de la violence avec laquelle sont traités les êtres humains ».
Dans d’autres villes de France, comme Calais, dans la région de Paris, dans le sud de la France, des militants agissent. Certains sont même poursuivis par la justice. Pourtant, la solidarité n’est pas un délit !
Pensons aussi aux migrants eux-mêmes qui se retrouvent également dans nos équipes et apportent toute leur richesse humaine. Ces actions sont des bonnes nouvelles, des germes d’une humanité renouvelée, que nous voulons continuer à faire germer.
Militants du MMTC, nous voulons continuer à marcher dans les pas de Jésus, lui qui se tournait de préférence vers les plus petits, les plus pauvres, les exclus de notre société.
L’histoire de l’Humanité est une histoire de migrations, de rencontres, de métissage. Nous voulons continuer à être les co-créateurs d’un monde meilleur.
Nous nous retrouvons dans ces mots du pape François prononcés le 26 septembre dernier, pour la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié :
« C’est l’idéal de la nouvelle Jérusalem (cf. Is 60 ; Ap 21,3), où tous les peuples se rassemblent dans la paix et l’harmonie, célébrant la bonté de Dieu et les merveilles de la création. Mais pour atteindre cet idéal, nous devons tous nous efforcer de faire tomber les murs qui nous séparent et de construire des ponts qui favorisent la culture de la rencontre, conscients de l’interconnexion intime qui existe entre nous. Dans cette perspective, les migrations contemporaines nous offrent l’opportunité de surmonter nos peurs pour nous laisser enrichir par la diversité du don de chacun. Ensuite, si nous le voulons, nous pouvons transformer les frontières en lieux de rencontre privilégiés, où le miracle d’un nous de plus en plus grand peut s’épanouir. »