Message du Père Eric Millot suite au décès du pape émérite Benoît XVI
Dans ce message suite au retour à Dieu, à 95 ans, du pape émérite Benoît XVI, le 31 décembre 2022, le Père Eric Millot, Directeur du Service National Mission et Migrations (SNMM), revient sur la mission universelle de l’Eglise et la pastorale des migrants pendant son pontificat.
C’est avec tristesse que nous apprenons le décès du pape émérite Benoît XVI et nous voulons le confier à Dieu et à la miséricorde du Père en nous unissant à la prière de tous les catholiques du monde.
Nous ne pouvons pas oublier le grand théologien que fut Joseph Ratzinger, le pasteur qu’il a été déjà comme archevêque de Munich puis au service de l’Eglise universelle, à la congrégation pour la doctrine de la foi et comme successeur de Pierre.
Il faudra sans doute beaucoup d’années pour comprendre toute l’influence que le théologien a exercée sur la vie de l’Eglise pendant plusieurs décennies. Mais dès maintenant nous ne pouvons oublier tout ce qu’il a écrit sur la Mission Universelle de l’Eglise et sur le phénomène des migrations. L’ensemble des textes publiés pour les Journées mondiales des Migrants et les Semaines missionnaires en sont d’excellents témoignages.
La mission universelle
A plusieurs reprises, il a rappelé que « l’engagement missionnaire reste le premier service que l’Eglise doit à l’humanité d’aujourd’hui. L’Eglise ne peut se soustraire à cette mission universelle ; celle-ci revêt pour elle une forme d’obligation » (Message pour la Semaine Missionnaire, 2007).
Cet engagement missionnaire n’est pas réservé à quelques spécialistes mais doit être la préoccupation de toute l’Eglise et déjà par la prière. Car « l’Eglise ne peut jamais se replier sur elle-même. Elle s’enracine dans des lieux déterminés pour aller au-delà. » (2011) La mission doit rester universelle : « Aujourd’hui encore, la mission ad gentes doit être l’horizon constant et le paradigme de toute activité ecclésiale » (Message pour la Semaine Missionnaire, 2012).
L’attention aux migrations
Même s’il n’a pas eu des gestes aussi spectaculaires que ceux posés par le pape François, l’engagement de Benoît XVI pour la pastorale des migrants est tout aussi fort : il avait une connaissance très approfondie des phénomènes migratoires d’aujourd’hui. Pour lui, les migrations sont un signe des temps qui « comprend les migrations tant intérieures qu’internationales, les migrations forcées ou volontaires, les migrations légales ou irrégulières, sujettes également à la plaie du trafic d’êtres humains » (Journée Mondiale du Migrant, 2006).
On peut cependant noter un accent très fort de tous ses messages : presque chaque année, il attirait l’attention sur une catégorie de migrants qui lui étaient chère : les étudiants étrangers. « On ne peut pas non plus oublier la catégorie des étudiants étrangers, dont le nombre s’accroît chaque année dans le monde » (2006) ; les étudiants étrangers « qui se retrouvent loin de chez eux, sans une connaissance adéquate de la langue, parfois privés d’amitié et disposant souvent de bourses d’études insuffisantes. » (2007) « Ces jeunes ont besoin d’une pastorale spécifique, car ce ne sont pas seulement des étudiants, comme tous les autres, mais aussi des migrants temporaires. Ils se sentent souvent seuls, sous la pression des études et parfois cernés aussi par des difficultés économiques. » (2008) « Il s’agit d’une catégorie qui revêt elle aussi une importance sociale, dans la perspective de leur retour, en tant que futurs dirigeants, dans leurs pays d’origine. Ils constituent des « ponts culturels » et économiques entre ces pays et ceux d’accueil, et tout cela va précisément dans la direction de former « une seule famille humaine » (2011).
Son attention pour tous les migrants était une invitation à les aider à garder leur foi : « L’Eglise est placée face au défi d’aider les migrants à maintenir solide la foi, même lorsque manque l’appui culturel qui existait dans le pays d’origine. » (2012) et à regarder tous les aspects positifs des migrations : « L’Église n’oublie pas de mettre en évidence les aspects positifs, les potentialités bénéfiques et les ressources dont les migrations sont porteuses » (2013).
Rendons grâce à Dieu pour tout l’enseignement du pape Benoît XVI, pour tout ce qu’i nous a appris et pour les encouragements qu’il a prodigués à toute l’Eglise. Pour être fidèles à tout ce qu’il nous a apportés, soyons toujours des missionnaires sans frontières, porteurs de l’Evangile au monde entier et attentifs à tous ceux qui quittent leurs pays pour une terre étrangère.
En priant pour le pape Benoît XVI, confions aussi à Dieu la mission universelle de l’Eglise.
Père Eric Millot, Directeur du SNMM