Retour à Dédougou, au Burkina Faso

Père Omer Paré a été Fidei Donum dans le diocèse d’Amiens, dans deux paroisses différentes, de 2016 à 2022. A la fin de l’été, il est rentré au Burkina Faso, dans son diocèse de Dédougou. Il redécouvre un pays en proie à la violence des terroristes islamistes. #1erDimancheAvent #RetourAuPays

Je suis arrivé le 30 août 2022 au Burkina Faso, vers 19h00 (TU). Mais on ne pouvait pas atterrir à Ouagadougou, à cause d’un gros orage qui s’était abattu sur la capitale. Nous sommes restés dans les airs, au-dessus de la capitale, pendant cinquante minutes, avant d’atterrir.

Puis, le 11 septembre, je suis arrivé dans mon diocèse, Dédougou, à l’Ouest du Burkina. J’ai été bien accueilli à la cathédrale de Dédougou où je suis affecté. Je m’occupe de la jeunesse (Scouts, Guides, JEC, MEJ…), des vocations, du Renouveau charismatique, des fonctionnaires, de Justice et Paix… Je suis aussi formateur pour 40 couples qui se préparent à devenir « catéchistes », comme on les appelle ici. En Afrique, la formation dure quatre ans.

L’actualité au Burkina est fortement marquée par le terrorisme : plus de 70%[1] du territoire sont sous le contrôle des terroristes. Des milliers d’écoles, de mairies, de dispensaires… sont fermés. Depuis mon retour, je ne peux pas rêver aller dans mon village saluer mes parents. D’ailleurs, c’est le 30 août – jour de mon arrivée au Burkina – que mon village a été attaqué par les terroristes. Ils y ont tout brûlé : écoles, collèges et lycées, mairies, boutiques et magasins… Ils veulent que tout le village devienne musulman. Il n’y a plus d’établissements scolaires dans notre département et ses environs.

Des enfants déscolarisés

Face à ce drame, j’ai fait venir 39 enfants de mon village pour les inscrire dans les lycées et collèges, ici, à Dédougou. Cela pour leur permettre de poursuivre leurs études. Les 39 enfants dorment ensemble dans une même cour, non loin de la cathédrale. J’essaie de les soutenir, de les encourager…

Comme vous pouvez bien l’imaginer, beaucoup de paroisses sont fermées. A Dédougou, on arrive, la peur au ventre, à faire encore quelques tournées, ne sachant pas si on va revenir sain et sauf. Beaucoup de villages ont été rasés. A 20 km de Dédougou, au moins deux villages de 6.000 habitants chacun n’existent plus. Après les massacres, les survivants se sont sauvés. Merci de prier pour mon pays.

Noël, malgré tout

Les préparatifs de Noël vont bon train, malgré tout. Certains enfants ont commencé à confectionner les crèches de Noël devant les concessions (maisons), en banco (terre crue) ou en paille. Il y a aussi des groupes de jeunes, de femmes qui partent faire des récoltes dans le champ d’autrui pour avoir des revenus pour fêter Noël. Les uniformes (habits de Noël) sont déjà sur le marché. Bientôt, les chorales commenceront les répétitions de chants, avec de nouvelles compositions pour la circonstance. Les différents groupes (jeunes, catéchistes, scouts, choristes…) ont prévu des temps de récollections pour l’Avent et Noël.

Tous prient afin que le Petit Jésus puisse nous apporter la paix et la cohésion sociale à Noël. C’est avec une grande espérance que nous attendons Noël !

Père Omer Paré

Ceux qui espèrent en Yahvé renouvellent leurs forces, ils marchent sans se fatiguer

Is 40,31

[1] « Officiellement, 40% du pays est hors du contrôle de l’État »
Deux choses que je retiens de Noël en France 

La première est la "Noël des Enfants", à 18h généralement : cette messe draine une foule considérable où les enfants, avenir de l'Eglise, sont mis en avant. Durant un quart d'heure, tout au début de la messe, les enfants, avec beaucoup de talent et d'ingéniosité, font des prestations sur Noël, avec de belles chansons et saynètes, pour préparer les coeurs et les esprits à cette grande célébration. Ils sont ovationnés longuement et par tous, à la fin. L’autre chose, ce sont les agapes fraternelles à la fin de la célébration, où la communauté partage le verre de l’amitié, pour saluer la naissance de Jésus et se donner des nouvelles les uns aux autres, le vrai sens de Noël, n'est-ce pas ? 

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