Au Mans, rencontre avec les prêtres et consacré(e)s du diocèse d’origine étrangère
En arrivant à la maison Saint Julien, chacun était accueilli par les sœurs Shiji et Shirolamy qui lui mettaient de la poudre sur le front à la façon sri-lankaise, puis lui remettaient deux gommettes de couleur à coller sur une carte de notre diocèse et sur un planisphère, ainsi qu’un drapeau de son pays d’origine. Témoignages de l’évêque Mgr Vuillemin et de Michèle Damay.
Chacun a déposé ses plats dans la cuisine, puis l’évêque nous a accueillis et nous sommes partis vers l’église Sainte Croix en emportant pour la messe le bouquet fait par nos drapeaux associés à quelques jonquilles, du lierre et du laurier, ainsi que les cartes sur lesquelles nous avions collé nos gommettes. Le père Paul Elie nous a fait une présentation du sanctuaire et de son histoire dans le quartier, puis nous avons célébré l’Eucharistie, avec des processions d’origine diverse : malgache pour le lectionnaire, coréenne pour l’offertoire ; et des chants également d’origines variées : française, rwandaise, sri-lankaise ou salvadorienne. Juste avant l’offertoire, Michèle a reçu sa lettre de mission de « Déléguée Diocésaine à la Mission Universelle ».
De retour à la maison Saint Julien, chacun a présenté le ou les plats qu’il avait apportés. Nous avions de quoi faire un festin de plusieurs jours…
Puis ce fut le temps d’échange avec notre évêque. La future équipe de la « Mission Universelle du diocèse » avec Michèle a été présentée : Aurélie (qui n’a pas pu être là ce jour) et Charly, Maricarmen, Christian, Shiji, Agathe. Puis, à l’invitation de notre évêque, chacun a pris la parole librement pour exprimer ce qui peut le réjouir, le choquer, le questionner, dans l’expérience de vivre dans une Église d’une autre culture que la sienne et la façon dont cela colore sa mission.
Il n’est pas possible de rendre compte de toute la richesse de ces échanges. Notre petite communauté du jour représentait 40 personnes de 20 à plus de 80 ans, présentes dans le diocèse depuis quelques mois à plus de 50 ans, originaires ou ayant vécu dans 21 pays, et il manquait du monde… Chacun a pu parler de ce qu’il souhaitait. Ont été abordés notamment :
- La façon dont s’est passé le départ du pays d’origine et l’accueil en France
- Les différences entre les images qu’il pouvait avoir et la réalité,
- Les difficultés linguistiques ou administratives
- Les répercussions sur le pays d’origine de la situation internationale
- Les surprises de tous ordres (nombre et durée des messes, notion de sacré, parler ou manger dans une église, tensions dans les paroisses, compagnonnage au quotidien dans une communauté, réserve des gens qui accueillent peu chez eux, niveau de formation et d’engagement des laïcs …),
- Les inquiétudes devant l’avenir de la famille en France ou le vieillissement des religieuses françaises, dites « dans leur accomplissement »
- La joie de vivre dans un « pays de droits dans lequel on peut dire ce que l’on pense et dialoguer avec les autorités, et où les femmes, les enfants et les petits sont protégés », et de vivre une expérience de « fraternité universelle »
- Le courage quotidien nécessaire,
- L‘importance de la prière en communauté
- Le sens du mot « missionnaire » en rappelant que nous sommes tous « disciples missionnaires » …
Ci-dessous, un tout petit « florilège » de citations des uns et des autres :
- « La France est un pays de mission »
- « Au pays j’étais entourée de jeunes. Ici nous accompagnons les sœurs âgées »
- « Ce parcours du combattant peut être un peu traumatisant »
- « Rencontrer l’autre, c’est apprendre à écouter »
- « J’avais de grandes idées sur la mission et il a fallu me confronter aux réalités et aux mentalités »
- « Ce qui m’a beaucoup coûté, c’est de cohabiter avec des Françaises du matin au soir » ; « on vit à plusieurs nationalités. Ce n’est pas facile d’accepter les différences »
- « Ce n’est pas la culture qui a le dernier mot mais l’Évangile »
- « Comment pouvons-nous articuler la liberté et la limite de la liberté ? » ; « dans la pastorale on a parfois deux cerveaux pour naviguer entre la miséricorde et la rigueur »
- « Je ne suis pas venu en mission, j’ai répondu à un appel pour un service »
- « Ici, on prie beaucoup pour les vocations mais on n‘en parle pas en famille ni au catéchisme. On veut laisser les enfants choisir, mais comment vont-ils choisir sans connaître ? »
- « Ca me touche beaucoup d’être avec vous tous car je ne savais pas qu’il y avait autant d’étrangers avant moi »
- « J’ai trouvé ma vocation ici »
- « L’Eglise ne se réduit pas à la France ni à l’Europe »
Mgr Vuillemin, l’évêque a ensuite fait quelques remarques et appels :
- Richesse de notre assemblée. On s’enrichit de l’expérience des autres.
- Importance d’échanger autour du choc culturel. C’est souvent quand on est dans une autre culture qu’on découvre et aime mieux la nôtre…
- Désir que les prêtres français aillent visiter vos pays et vos églises.
- Partager l’expérience de l’Église de votre pays dans vos paroisses, par exemple lors de la semaine missionnaire.
- Importance de la préparation avant d’arriver en France.
- Accepter l’abandon d’être pèlerins sur cette terre pour apprendre à se dépouiller et se sentir proche des personnes en précarité, notamment certains migrants.
Il a conclu en disant que ce que nous venions de vivre était une vraie leçon de catéchèse et de missiologie car nous avons touché l’ADN, la nature profonde de l’Église qui est la communion. L’Église n’est pas une juxtaposition de communautés mais échange, « maison commune », qui puise sa vie intérieure dans la communion trinitaire.
Michèle Damay, DDMU Le Mans
ça peut aussi vous intéresser
Nicodème ou la grâce de la mission Fidei Donum
Le Togo, petit pays d’Afrique de l’Ouest, compte neuf millions d’habitants dont un tiers sont catholiques, répartis entre sept diocèses, parmi lesquels celui de Sokodé, situé au centre du pays. C’est de ce diocèse que le Père Nicodème Alassani a été envoyé en mission Fidei Donum à Tricot, au nord de l’Oise, où son séjour de six années s’achève en juin 2024.