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Prêtres fidei donum : session relecture-retour de mai 2024

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Du 14 au 17 mai 2024, la session relecture-retour s’est déroulée à la maison d’accueil des Pères Sulpiciens. Treize missionnaires Fidei donum [1] ont pris le temps de relire leur expérience missionnaire dans un diocèse de France. Au terme de la session organisée par la Cellule accueil, les 13 prêtres fidei donum, au service de l’Église de France – entre trois et un peu plus de dix ans – ont pris de temps de recueillir et de mettre par écrit leurs convictions.

Pour la mission

Il y a la Mission qui est vécue. Nous avons accueilli ce temps de mission comme un temps de grâce. C’est une opportunité contemporaine pour traduire et vivre la catholicité de l’Eglise (la tension entre le local et l’universel).
La mission en elle-même : positivement, nous retenons l’ouverture de certains curés avec qui nous avons pu partager. Cela représente une aide précieuse. Importance des points de repères communautaires : certains ont appris à tout faire dans les communautés, d’autres ont appris à ne plus se préoccuper des questions matérielles (quêtes, gestion et comptabilité). Ça laisse plus de temps pour le cœur du ministère. Nous avons appris à gérer plus utilement le temps dans un contexte où on n’est pas débordé par les sollicitations des fidèles. Il y a de nombreuses possibilités de formation durant le séjour, une certaine simplicité dans le rapport avec l’autorité, les confrères et même les fidèles.

– Sur le plan humain : Relations interpersonnelles, des échanges intergénérationnels et interculturels. Enrichissement dans les échanges avec les confrères. On souligne également le rôle important de la Formation au niveau des diocèses.

– Sur le plan spirituel : prières communautaire et personnelle. Honorer son engagement : il s’agit de prendre le temps de célébrer et de dire les offices. Nous avons été éprouvés dans notre foi lorsque l’on se retrouve seul … On sort d’une épreuve, grandi. La question de la solitude représente un enjeu (L’un des participants précisait : « J’ai appris à apprécier la solitude »).

– Sur le plan pastoral : du temps pour organiser, préparer est nécessaire. Nous avons fait l’expérience de l’écart avec le pays d’origine. On rencontre également des « cas » pastoraux (on découvre des situations…).

Une pauvreté et des fragilités dans la célébration des sacrements. On s’appuie surtout sur les moyens extérieurs, matériels (églises, voitures…) et non pas spirituels. La célébration est parfois pauvre…

Relire la Mission : Cette expérience de missionnaire Fidei donum est enrichissante. Il s’agit de tirer le meilleur pour la nouvelle mission : relire tout cela à travers une grille (vérité – charité et intelligence). L’amour fait la synthèse de l’ensemble. Nous retrouverons une nouvelle mission, transformés : L’accueil et l’accompagnement soignés des fidèles en tous lieux et en tout temps. Prêtre serviteur de la Miséricorde auprès des Hommes et de la Création.

Un accueil bienveillant, des lieux de dialogue et de formation

  • Importance de l’accueil et de la préparation pour vivre cette expérience :  Soigner et améliorer l’accueil en tout lieu et en tout temps. Avec l’accueil, un petit texte de l’équipe accueil préparant le prêtre fidei donum pour qu’il puisse envisager la mission en France – « Ce qui vous attend dans votre mission… » – donnerait les lignes générales dans le contexte français. Préciser que vous pouvez être seul, vous occuper de votre ménage et de la cuisine…
  • Maintenir les sessions « Welcome » dans les six mois qui suivent l’arrivée. Ne pas trop tarder pour proposer cette ouverture.
  • Les Fidei donum soulignent que l’accueil devra être soigné dans les paroisses (préparer le curé et les laïcs) et le diocèse (VG, curés). Que soient proposées des rencontre régulières avec le prêtre FD (s’il y a des difficultés, qu’on ne laisse pas les choses se détériorer).

Une insistance : accueillir avec intelligence et charité. On ne dit pas les choses pour « casser la baraque » ! Nécessité de donner toutes les informations – au Missionnaire Fidei donum sur ses droits et ses devoirs…

  • Négativement – Les préjugés qui existent de part et d’autre sont encore tenaces et profonds. Il arrive d’être confronté à la fermeture et même le mépris de certains confrères « nationaux ». A certains endroits, une Église vieillissante, vacillante… Une certaine légèreté dans la réception et la préparation de certains sacrements (baptême et mariage). Il y a aussi le clivage entre les « tradis » et les autres (« modernistes ?! »)

Le retour dans le diocèse d’origine

Le temps de mission vécu ici nous prépare pour des missions futures qui pourront nous être confiées. C’est un point d’appui pour les missions futures. Nous avons rencontré des points négatifs qui nous ont fortifiés (la croix que nous devons porter).

Nous avons vécu une étape dans un itinéraire au service de l’Église. Ce temps de mission est un profond motif d’action de grâce !

P. Elie Delplace

[1] Cinq prêtres malgaches, quatre burkinabais, un camerounais, un ivoirien, un togolais et un mexicain ; 4 sur les 13 sont arrivés en France dans le cadre d’un partenariat ou d’un jumelage entre diocèses.

témoignage de P. Eloi Bamogo

Témoignage du Père Eloi Bamogo, prêtre fidei donum du diocèse de Metz.

Arrivé fin août 2017, j’aurai effectué 7 années de mission dans le diocèse de Metz. Pendant un an, j’ai assumé le rôle de prêtre coopérateur (un grade inférieur à celui de vicaire), puis durant 6 ans, j’ai exercé en tant que curé-archiprêtre (curé doyen). Depuis trois ans, j’ai également occupé les fonctions de délégué diocésain de la mission universelle et de directeur diocésain des OPM.

Ce n’était pas ma première expérience en France, ayant déjà passé 4 ans en Île-de-France en tant que prêtre-étudiant à la Catho. Bien que le fonctionnement du diocèse concordataire diffère quelque peu, je n’ai rencontré aucun problème d’intégration et j’ai su m’adapter à la pastorale.

Au cours de ces 7 années, j’ai pu partager avec mes paroissiens mon expérience pastorale acquise au Burkina sur une période de 23 ans. J’ai également appris d’autres approches en matière de vie pastorale.

Dans ce bilan, je souhaite mettre en lumière les différences et surtout exprimer ce que cela m’a apporté pour la suite de mon ministère :

Apprendre à vivre seul après avoir toujours évolué en communauté

Au Burkina, les prêtres vivent en communauté, alors que je me suis retrouvé seul dans un grand presbytère. Cela a nécessité de l’autodiscipline et une grande rigueur pour reciter les offices, effectuer les exercices spirituels, respecter les horaires des repas et du repos.

Il a fallu aussi trouver de nouvelles façons de tisser des liens avec mes confrères et les paroissiens.

Acquérir des compétences en ménage et en cuisine

J’ai enrichi mes compétences en apprenant à faire le ménage, la cuisine, et à bricoler ; des tâches que je ne pratiquais pas auparavant.

Devenir un « curé orchestre »

Lorsque je célébrais dans certaines communautés, je devais prendre en charge l’ensemble des préparatifs, des tâches habituellement dévolues au catéchistes et à d’autres, comme la sacristie, le chant ou la lecture.

Passer d’un curé toujours sollicité à un curé qui doit aller à la rencontre de ses fidèles

Au Burkina, les fidèles cherchent constamment à rencontrer le curé pour des conseils ou des discussions, tandis qu’en France, ils sont moins enclins à le faire. Il incombe alors au curé d’aller vers eux, de les accompagner dans leur foi, dans ce qui représente pratiquement une première évangélisation. Cette expérience m’a appris à accorder plus d’attention à chaque fidèle à mon retour dans mon diocèse.

Devenir un curé adaptable à chaque situation

Au Burkina, le curé est considéré comme l’expert en matière de pratique de l’Église et ses directives sont généralement suivies sans contestation. En France, tout est sujet à discussion et chacun a sa propre façon de voir les choses. Cela demande donc davantage de discussion, de compromis et d’adaptabilité à chaque situation. À mon retour, je serai plus patient et à l’écoute des fidèles.

Apprendre à célébrer avec des petites communautés peu participatives

J’avais tendance au Burkina à éviter les communautés moins dynamiques, mais en France je n’avais que ce genre de communautés. J’ai compris l’importance de soutenir toutes les communautés, même les plus modestes.

Passer d’un curé célébrant des sacrements avec des initiés à un curé devant s’adapter à chaque cas

Mon plus grand défi a été de célébrer des sacrements dans un contexte où les participants étaient moins familiarisés avec la pratique religieuse.

Cela m’a appris à être plus compréhensif et moins exigeant dans ces situations, en mettant en place un accompagnement adapté.

Devenir un curé confronté à des limitations en matière de charité

Dans un diocèse concordataire, je suis rémunéré mais je n’ai aucun contrôle sur les ressources matérielles des paroisses. Cela signifie que si quelqu’un dans le besoin se présente, je dois puiser dans mes propres moyens pour l’aider, ou l’orienter vers des associations caritatives. Cette expérience m’a fait prendre conscience du temps parfois gaspillé à gérer ces questions caritatives au sein de nos paroisses au Burkina.

Devenir un curé négociateur pour ses besoins pastoraux

Dans le contexte concordataire, le curé doit négocier avec les conseils de fabrique pour obtenir les moyens nécessaires à sa pastorale. Cela m’a appris l’humilité et la capacité à faire avec les moyens limités mis à ma disposition.

Passer d’un curé faisant partie de l’élite à un curé au statut plus modeste

Au Burkina, le prêtre est souvent considéré comme faisant partie de l’élite, tandis qu’en France, il occupe une position moins prestigieuse.

Cette expérience m’a appris à ne pas tirer ma fierté de mon statut de prêtre, mais à me considérer avant tout comme un serviteur. En conclusion, je dirai que ces différentes expériences ont enrichi ma pratique pastorale et m’ont préparé à aborder mon ministère avec une perspective plus large et plus inclusive.

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