Visite d’un évêque ivoirien à ses prêtres en mission pastorale en France

Mgr Ignace Bessi, évêque ivoirien de Katiola, a rendu visite à ses prêtres en mission pastorale dans le diocèse de Laval. Voici l’interview de l’évêque et de ses prêtres.

 

Visite d’un évêque ivoirien à ses prêtres en mission pastorale en France

Mgr Bessi présent pour l’installation du Père Félix Coulibaly en tant que curé de la paroisse Notre-Dame du Bignon. Au centre, Père Gérard POIRIER, vicaire Générale. Photo : René Merienne

 

Mgr Ignace Bessi, évêque du diocèse de Katiola en Côte d’Ivoire, était présent en Mayenne quelques jours fin septembre pour rencontrer les trois prêtres issus de son diocèse en mission chez nous. Il s’agit des pères Félix Coulibaly, Joseph-Marie Innocents Ouattara et Dominique Traoré.

Paroles&Gestes : Mgr Bessi, qu’est-ce que le diocèse de Katiola ?
Mgr Ignace Bessi : C’est un grand diocèse d’environ 38 000 km2 (NDLR : La Mayenne couvre 5 135 km2). Il est organisé comme tous les diocèses du monde avec un évêque, des prêtres, des paroisses, des fidèles… et les instances de décision et de gestion nécessaires selon le code de droit canonique. Avant la crise de 2002, le diocèse comptait 459 000 habitants. Aujourd’hui, il est plus difficile d’estimer la population totale. Ceci signifie surtout qu’il y a une faible densité de la population. Les catholiques étaient à cette même époque estimés à environ 50 000 personnes, soit 11% de la population.

P.&G. : Comment sont structurées les paroisses ?
Mgr I. B. : Une paroisse comprend un prêtre, curé, qui peut être assisté de vicaires. Généralement, il y a une église principale dans une ville ou un gros village et plusieurs villages qui s’y raccrochent. Les paroisses sont donc étendues territorialement et parfois il faut scinder en deux une paroisse trop grande. Il y a aussi beaucoup de catéchistes dans les villages car tous les chrétiens ne peuvent pas venir à l’église principale. Les prêtres circulent donc vers les communautés chrétiennes en voiture ou en moto sur des routes difficiles.

P.&G. : Quelles sont les autres religions présentes dans votre diocèse ?
Mgr I. B. : Les musulmans sont présents surtout dans les villes, là où il y a une activité économique forte. La religion traditionnelle est plus présente dans les villages qui sont souvent occupés des habitants de culture Sénoufo. Les Sénoufos vivent surtout dans le nord de la Côte d’Ivoire. Or comme dans toute culture africaine, il y a un culte lié à la culture Sénoufo. Cette religion traditionnelle est majoritaire dans mon diocèse.

P.&G. : Il y a donc beaucoup à faire dans votre diocèse pour continuer à annoncer l’Évangile…
Mgr I. B. : Oui effectivement car les musulmans ne sont pas très nombreux contrairement à ce que l’on pourrait croire. Ils vivent beaucoup plus dans le sud du pays, or mon diocèse est situé dans le nord. Dieu merci nous avons de nombreuses vocations qui nous permettent d’envoyer des prêtres en mission dans des paroisses rurales mais aussi à l’étranger.

P.&G. : Dans quels pays ?
Mgr I. B. : Actuellement nous avons trois prêtres en France, ce sont ceux qui sont chez vous en Mayenne, et quatre en Italie : deux pour des études à Rome, un en études aussi à Padoue et un en paroisse dans le diocèse de Forli.

P.&G. : Quels liens avez-vous tissés au fil du temps avec la Mayenne ?
Mgr I. B. : Je dois dire que je profite des liens qui avaient déjà été tissés par Mgr Dadiet avec Mgr Maillard. Ces liens sont importants car l’Église est universelle et c’est avec joie que j’envoie des prêtres dans le diocèse de Laval pour aider à faire progresser la mission.

P.&G. : Que deviennent les prêtres ayant séjourné en Mayenne une fois qu’ils sont de retour chez vous ?
Mgr I. B. : Ils reviennent dans le diocèse de Katiola un peu plus en forme sur les plans intellectuel, spirituel et pastoral car ils ont acquis ici une nouvelle expérience de l’Église universelle. Cela leur ouvre l’esprit et cela se voit dans leur pastorale.

P.&G. : Pères Dominique Traoré et Félix Coulibaly, comment s’est passée votre adaptation en Mayenne.
P. Félix Coulibaly : Personnellement l’adaptation a été progressive car tout était nouveau pour moi tant sur le plan culturel que climatique. C’était un grand changement. Les habitants de la paroisse ont eux aussi pris le temps de me connaître. Je suis aujourd’hui curé de la paroisse Notre-Dame du Bignon mais pendant deux ans j’ai été prêtre coopérateur sur cette même paroisse avec le Père Jean-Marie Veron.
P.Dominique Traoré : Mon adaptation s’est très bien passée car bien que j’exerce sur la paroisse Notre-Dame sur la Varenne, je vis au presbytère de Mayenne avec les pères Pierre-Marie Perdrix et Maxime Beucher. De plus, au moment où je suis arrivé en 2013, avait lieu la visite pastorale de Mgr Scherrer sur la paroisse. J’ai donc ainsi pu entrer rapidement en contact avec la population locale et les réalités pastorales de la paroisse.

P.&G. : Qu’avez-vous découvert dans vos paroisses ?
P. D. T. : La paroisse Notre-Dame sur la Varenne compte neuf clochers dont Ambrières-les-Vallées mais la pratique religieuse est très réduite par rapport à ce que j’ai connu en Côte d’Ivoire. Ce changement m’a beaucoup marqué.
P. F. C. : J’ai surtout été marqué par l’âge des fidèles et il m’est arrivé à de nombreuses reprises de remarquer que j’étais le plus jeune dans l’assemblée. Toutefois, j’ai été heureux de découvrir que malgré leur âge, les personnes acceptaient de prendre des responsabilités dans l’Église. Je regrette que les jeunes soient absents des assemblées dominicales mais ils ont d’autres formes d’engagement. Finalement, on peut servir Dieu à tout âge !

P.&G. : En quoi votre expérience en Mayenne pourra-t-elle vous être utile dans votre mission en Côte d’Ivoire ?
P. D. T. : On apprend toujours. Les expériences du passé enrichissent l’avenir. Cette expérience en Mayenne fait partie de ma vie de ministre ordonné au service de l’Église et savoir que l’Église n’est pas limitée, c’est une ouverture vers d’autres cultures. J’ai eu la chance d’apprendre le français pendant ma scolarité mais connaître la réalité de l’Église en France, c’est vraiment une chance.
P. F. C. : Pour moi aussi c’est une expérience très enrichissante car c’est l’occasion de vivre d’autres réalités humaines et pastorales. Je pense que cette expérience me permettra de toucher plus de personnes une fois que je serai de retour dans le diocèse de Katiola.

P.&G. : Mgr Bessi, le partenariat entre le diocèse de Laval et le diocèse de Katiola est-il appelé à durer selon vous ?
Mgr I. B. : Rien ne s’y oppose, bien au contraire. J’ai même invité Mgr Scherrer à venir dans le diocèse de Katiola pour le découvrir et pourquoi pas participer à des ordinations presbytérales. L’idéal serait même qu’un prêtre du diocèse de Laval puisse venir en mission dans le diocèse de Katiola, mais la situation pastorale en Mayenne ne le permet pas.

 

Propos recueillis par Alexandre Barbe,
Article publié sur le site du diocèse de Laval
et dans « Paroles et gestes« , bulletin du diocèse.

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