Missionnaires d’Afrique : revisiter la mission !
Norbert Mwishabongo, missionnaire d’Afrique (société couramment connue sous le nom de « Pères blancs »), est originaire du Congo RD. Il est actuellement prêtre en France, chargé de l’animation missionnaire et vocationnelle. Il nous expose ici la manière qu’ont les Missionnaires d’Afrique d’envisager leur rôle en France, pays de mission comme un autre. Ce que le mot mission signifie aujourd’hui. Une fois qu’on a abandonné l’idée ancienne qui assimilait mission à pays exotiques. Une nouvelle manière de comprendre le document Ad Gentes.
La Société des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) a été fondée en 1868 à Alger par le cardinal Charles Lavigerie. Elle compte actuellement 1232 membres. Elle est une Société de vie apostolique composée de prêtres et de frères animés d’un esprit de famille, envoyés au monde africain et là où son charisme est sollicité pour une mission prophétique de rencontre et de témoignage de l’amour de Dieu.
Le chapitre général, instance suprême de gouvernement, se réunit tous les six ans. Le dernier a eu lieu en 2016. Les grandes orientations furent les suivantes : la spiritualité, la vie communautaire, la mission, la formation, le gouvernement, structures et personnel, les finances et enfin, vers le 150ème anniversaire de la fondation.
Ce chapitre a élu un nouveau Supérieur général. Il s’appelle Stanley LUBUNGO, originaire de Zambie. Il remplace le ghanéen Richard BAAWOBR aujourd’hui évêque du diocèse de Wa au Ghana. Le père Stanley est donc le deuxième Supérieur général provenant d’Afrique.
Combien y a-t-il de Missionnaires d’Afrique en France ?
Ils sont 169 dont 16 de diverses nationalités : Allemagne, Burkina Faso, Ghana, Luxembourg, RD Congo et Suisse. Les autres sont français. La moitié d’entre eux vivent en maison de retraite.
En quoi consiste le charisme des M.Afr (PB) ?
Envoyés par le Christ dans un monde complexe et en pleine mutation, notre charisme est celui de témoigner de l’amour de Dieu pour le monde en lui annonçant le Règne de Dieu par la proclamation de la Parole de Dieu, la célébration des sacrements et la promotion du dialogue avec les croyants de l’islam et des autres religions.
Comme le nom l’indique, notre charisme n’est pas d’être Missionnaire en Afrique mais, d’être Missionnaires d’Afrique. Notons que l’appellation « Missionnaire d’Afrique (Pères Blancs) » ne délimite pas un espace géographique même si la priorité reste l’Afrique. Dès le départ, Lavigerie a voulu que ses missionnaires soient présents au Moyen Orient et notamment à Jérusalem. Oui, Lavigerie a légué à ses Missionnaires un esprit visionnaire et apostolique.
Cet esprit a encore été à l’œuvre au dernier chapitre qui a maintenu notre présence au monde du Moyen Orient : à Jérusalem et au Liban. Il a engagé un processus de discernement pour une présence au Vietnam alors que nous sommes déjà en Inde et aux Philippines.
Ceci illustre bien, qu’il ne s’agit pas ou plus d’Afrique exclusivement mais bien là où nous sentons l’appel de la mission et où notre charisme est sollicité pour une mission prophétique de rencontre et de témoignage de l’amour de Dieu.
La France fait-elle partie des pays de mission ?
La France (l’Europe en général d’ailleurs) connaît aujourd’hui une situation, une réalité humaine, chrétienne, spirituelle, sociétale … qui laisse apparaître une crise de la foi, un ‘déboussolement’ spirituel, un malaise religieux, spirituel, une participation décroissante aux messes au point que des paroisses deviennent de plus en plus des clochers, un désintéressement de la pratique sacramentelle (les mariages religieux par exemple), une énorme diminution des vocations religieuses, sacerdotales, moniales, etc. Cette réalité fait de la France que certains considèrent encore avec nostalgie « fille aînée de l’Eglise », un pays de mission.
Ce constat, ne nous laisse pas nous, Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs), indifférents. Ainsi, même si la mondialisation et la migration, jouent un rôle ; les orientations de nos deux derniers chapitres généraux nous ont poussés vers le large. Aujourd’hui, nous avons des Pères Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) africains en Europe.
Le contact Nord-Sud, Est-Ouest s’intensifiant, la présence des différentes diasporas en Europe croît aussi. Ce fait engendre des besoins pastoraux spécifiques. Je pense que cela a joué pour ouvrir nos perspectives.
Avec un précédent chapitre, nous étions déjà passés, en ce qui concerne la mission, de « l’Afrique » au « monde africain » pour signifier notre ouverture aux diasporas africaines. Toutefois, la priorité était donnée aux pays européens où la Société M.Afr (PB) était déjà présente : Allemagne, Angleterre, Belgique, France, Irlande, Italie, Pologne, Suisse, etc. On parle de ce monde africain, en tenant compte des pays européens où nous sommes déjà installés.
Suite au chapitre de 1992, nous avons ouvert, en France, une communauté à Marseille, Boulevard de Casablanca. Cette communauté, tout en participant à l’action pastorale du diocèse par la prise en charge de deux clochers, s’est orientée vers la rencontre des croyants de l’islam et vers l’accueil des migrants. Aujourd’hui, la communauté s’est ouverte à d’autres besoins comme l’aumônerie de prison et l’assistance aux SDF.
A Bruxelles bien qu’ancien déjà, nous avions le centre Amani qui au départ était destiné à accueillir les ressortissants RD Congolais. Aujourd’hui, ce centre ne s’arrête pas aux RD Congolais mais, accueille les Africains et même les non-africains, ressortissants d’autres continents.
Le Chapitre de 2016 a réaffirmé l’option pour l’Afrique et le monde africain. Néanmoins, il a aussi entendu les besoins et les appels d’autres lieux… d’où la mention fondamentale ainsi exprimée : « Nous sentons également l’appel de la mission en dehors de l’Afrique, là où notre charisme est sollicité pour une mission prophétique de rencontre et de témoignage de l’amour de Dieu. » C’est ainsi que nous avons ouvert et ouvrirons des communautés dans des lieux où notre charisme est sollicité, pour prendre des paroisses en Europe.
Dès septembre 2016, nous avons pris en charge, à Toulouse, la paroisse des Minimes. Sur la base d’une pastorale classique nous sommes, dans un souci de rayonnement missionnaire, attentifs au dialogue interreligieux et à la rencontre des gens, à la pastorale des migrants, à celle des jeunes, à nous rendre présents aux périphéries existentielles.
Cette option n’est pas propre à la France. D’autres pays européens la partagent. Ainsi, au début Octobre 2017 une communauté a ouvert ses portes à Karlsruhe en Allemagne; une autre ouvrira en 2018 à Liverpool en Angleterre et une autre suivra en Belgique.
La France, pays missionnaire devenue pays de mission. Que dire de l’activité missionnaire et vocationnelle ?
N’ayons pas peur de le dire et de le redire : la France qui, pourtant, peut encore donner de sa richesse spirituelle, chrétienne, vocationnelle au monde voit sa flamme chrétienne et spirituelle s’assoupir et ses vocations presque se tarir. Il est donc nécessaire, il est plus que temps, de relancer l’animation missionnaire et vocationnelle et d’affirmer à nos jeunes et moins jeunes que l’engagement chrétien, religieux, sacerdotal, catéchétique, … a toujours aujourd’hui encore un impact considérable sur le sens de notre vie, de leur vie. Oui, l’animation missionnaire et vocationnelle est aujourd’hui nécessaire, urgente même. Pour nous Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) en France, cette activité a redémarré depuis 2016. Ceci témoigne du fait que nous croyons que dans cette France pays missionnaire devenue pays de mission, Dieu continue à susciter des vocations. Il faut donc semer le matin, semer à midi, semer le soir. On ne sait pas quelle semence donnera des fruits. Des fruits Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) ? Peut-être. J’ai été nommé pour ce service et l’année prochaine je finis mon 1er mandat.
L’Animation Missionnaire et Vocationnelle a deux volets. Le 1er demande de s’inscrire dans le mandat missionnaire reçu de Jésus-Christ : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples … Et (moi) voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du temps » (Mt 28, 19-20). Ce mandat relève de la responsabilité de chaque baptisé, de chaque confrère M.Afr donc. Bien que la notion de mission ait évolué car elle n’est plus seulement conçue dans le sens géographique (aller au loin) l’approche missionnaire reste toujours la même. Nous, Missionnaires d’Afrique, à la suite de l’appel que le cardinal Lavigerie a reçu dans les années 1860, croyons fermement qu’aujourd’hui, il y a réellement un besoin de ré-évangélisation de la France, de l’Europe. Par notre charisme, notre style de vie, notre spiritualité, notre vie communautaire nous avons, en lien avec l’Église locale, quelque chose à transmettre dans ce pays de mission qu’est la France. Cet apostolat implique chacun de mes confrères compte tenu de ses capacités et de ses vulnérabilités.
Le 2ème volet est vocationnel : appeler, recruter des ouvriers pour le champ de la moisson, le champ missionnaire. Lavigerie en fondant les M.Afr en 1868, avait fait appel à des hommes animés d’un esprit apostolique, de courage, de foi à qui il n’avait à leur promettre, à la vérité, que les hasards de pays presque inconnus (…). Aujourd’hui, les M.Afr continuent cette tâche d’appeler, de recruter … des hommes animés d’esprit apostolique, de courage, de foi, de joie ; des hommes capables de vivre le tout à tous ; des hommes à qui nous n’avons à leur promettre, en vérité, que le hasard de la vie missionnaire dans des pays qui leur sont inconnus peut-être, avec sa vie simple, ses défis et son hospitalité. Nous avons des vocations en Afrique. Nous sommes sûrs que le Seigneur continue à appeler en Europe. Nous avons alors l’audace d’appeler, d’ouvrir la porte aux jeunes, aux moins jeunes et à toute personne intéressée par notre vie communautaire, notre style de vie et notre charisme. Cette responsabilité est la mienne. Je ne la vis pas seul mais je suis aidé et soutenu par mes confrères en paroisses, dans les maisons d’accueil comme dans les résidences des personnes âgées.
Cet appel ne concerne pas que des candidats au sacerdoce ou à la vocation de frères mais aussi à toute personne qui se sentirait prêt à se faire membre associé des Missionnaires d’Afrique. Cette possibilité est offerte aux laïcs qui désirent partager et vivre la vie communautaire et notre charisme apostolique. Les membres associés s’engagent dans la Société pour un mandat de trois ans renouvelable. Comme missionnaires, Ils sont envoyés en Afrique, en Amérique, en Asie comme en Europe. Une formation initiale et un discernement approprié leur sont proposés. Tout en tenant compte de leurs désirs, la Société M.Afr dialogue avec eux pour une éventuelle nomination. Même si leur nombre est encore bien modeste, la possibilité d’être M.Afr comme membre associé existe.
Nous avons aussi des associations des amis des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs). Ces associations sans but lucratif, participent par leur générosité et leurs engagements à l’œuvre des Missionnaires d’Afrique.
Notre priorité est de recruter dans les pays où nous sommes présents et actifs. En principe, nous n’acceptons pas de candidat provenant d’un pays où nous ne sommes pas engagés par la présence ou l’action pastorale. Néanmoins, les candidatures provenant de pays où nous ne sommes pas présents peuvent être accueillies puisque l’Esprit nous précède sur les chemins de la mission et que nous pouvons nous aventurer là où notre charisme est sollicité !
La vie communautaire est la règle d’or de la Société, voulue par le Fondateur. Depuis toujours, la communauté M.Afr est constituée au moins de trois membres de diverses nationalités. L’aspect interculturel doit toujours être présent. Lavigerie, notre Fondateur, a toujours recommandé de « former une véritable famille, d’être unis.» La vie communautaire a séduit beaucoup de confrères. Elle séduit encore aujourd’hui beaucoup de jeunes et moins jeunes.
Les jeunes qui entrent sont-ils motivés par l’aspect missionnaire au sens de Ad gentes ?
Comme je l’ai déjà dit, l’Évangélisation hier, aujourd’hui et demain obéit et obéira toujours au même envoi missionnaire de Jésus-Christ : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples … Et (moi) voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du temps ». Pour que l’Évangélisation soit annonce au monde que Jésus Christ est le Chemin, la Vérité et la Vie, le missionnaire est appelé à cheminer avec les hommes dans la recherche de la Vérité et à témoigner de l’audace de l’Évangile. Ceci exige des Missionnaires d’Afrique de relever le défi de l’inculturation, du « tout à tous », de l’interculturel, de la vie communautaire, de la communion avec l’Église. Tout cela vécu dans un attachement à Jésus Christ qui est l’âme du travail missionnaire peu importe qu’on soit en Afrique, en Europe, en Amérique ou en Asie. Les jeunes ou moins jeunes sont motivés par l’annonce de l’Évangile hors de leurs frontières culturelles. C’est le sens de l’appel missionnaire pour quelqu’un qui veut participer à l’évangélisation, à l’annonce de la Bonne Nouvelle dans un autre milieu qui n’est pas le sien. Le milieu peut être soit géographique soit culturel, soit sociétal.
Pour nous, la formation commence d’abord dans le lieu même du candidat : sa famille, sa paroisse, son diocèse grâce à un suivi et un accompagnement pour que la personne y creuse et y discerne son désir missionnaire. Après cette étape, le candidat est admis pour la philosophie, le noviciat, le stage pastoral et enfin la théologie dans nos différents lieux de formation.
Aujourd’hui, les candidats en formation viennent majoritairement des pays africains. Ils sont suivis par les pays asiatiques. L’effectif européen et américain se compte en unités.
Un commentaire sur le nombre des M.Afr Pères blancs ?
Les pays qui fournissent aujourd’hui le plus de M.Afr (PB) ce sont les pays africains : la RD Congo, le Burkina Faso, la Zambie, la Tanzanie, etc. ; ensuite viennent les pays asiatiques : l’Inde et les Philippines ; puis, en Europe, la Pologne. Pour le reste de l’Europe ainsi que pour l’Amérique, les jeunes confrères ne sont que quelques unités. En ce qui concerne l’effectif global (1232), les africains ne sont pas majoritaires. La majorité reste européenne puis américaine (Amérique du Nord).
Du point de vue de l’âge : les pays qui ont plus de M.Afr Pères Blancs sont des pays européens : France, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Espagne, etc. ; ensuite les pays américains : USA et Canada ; puis viennent les pays africains et enfin, les asiatiques et américains du sud.
Qu’en est-il de la vie quotidienne d’une communauté ? Prenons le cas de Toulouse. La communauté est-elle pionnière ?
À la suite du Chapitre Général de 2016, oui, la communauté de Toulouse est pionnière. La pastorale est classique. La vie communautaire fait que chacun est un frère pour les autres ; l’ambiance de vie est interculturelle et intergénérationnelle, empreinte de respect mutuel qui génère une joie communicative, un esprit de service et de simplicité dans les relations quotidiennes … sans parler des moments de prière communautaire et individuelle et des moments de partages fraternels. La communauté de Toulouse est bien interraciale, internationale, intergénérationnelle. Le dialogue avec ses joies et ses défis, fonctionne bien.
Quelle est la spiritualité des M.Afr (PB) ?
Partageant la spiritualité ignacienne des Jésuites, nous restons attachés et marqués par l’exigence apostolique, léguée par notre Fondateur le cardinal Lavigerie, d’être « tout à tous » et de « témoigner de l’Évangile, d’abord par le témoignage de la charité, le témoignage de vie ». Notre vie spirituelle est ainsi enrichie par notre fidélité à la Parole de Dieu qui nourrit et fortifie notre relation au Christ. Cette vie spirituelle s’entretient par la prière personnelle et communautaire.
Pourquoi être missionnaire à l’étranger alors que la mission, c’est aussi ici en France ?
Le partage avec les autres est toujours enrichissant. Cela peut motiver des jeunes à partir. Il y a aussi des jeunes motivés pour annoncer le Christ, non pas seulement par la parole, mais par le témoignage de charité ailleurs ou ici en France.
Nous ne pouvons pas limiter la vocation de quelqu’un. Oui, vu la réalité de l’Église en France on se dirait certes pourquoi partir ? Pour nous, les M.Afr il y a, dès le départ, l’« aller vers », la vocation, le besoin ressenti, la joie de donner… Les jeunes sont séduits, ils décident… une partie de la réponse relève de leur décision. Même s’il arrive que pour une raison ou une autre, un confrère reste dans son propre pays, il reste évident que nous, les M.Afr (PB), sommes disposés à travailler et missionner en dehors de nos propres pays. Nous sommes toujours envoyés. Les jeunes intéressés par notre vie communautaire, notre charisme, notre style de vie …, ne resteront pas dans leur propre pays. Dès l’année spirituelle (le noviciat), ils seront déjà envoyés dans un pays autre que le leur.
La société a deux langues officielles : le français et l’anglais. Chacun aujourd’hui est appelé à connaître ces deux langues. Ainsi, dans toutes nos maisons de formation, les deux langues se pratiquent. Oui, en plus de la langue maternelle d’autres langues du milieu d’accueil du missionnaire sont à apprendre (le swahili, l’arabe, le bambara, l’espagnol, le portugais, le bemba, le zoulou … par exemple). L’apprentissage de la langue du peuple qui nous accueille est incontournable pour nous car, parler la langue du peuple qui accueille veut dire, devenir partie prenante de la culture qui accueille, devenir membre de la cette société humaine donnée.
L’apprentissage de la langue est pour nous M.Afr (PB) une consigne formelle du Fondateur. Le missionnaire doit se plonger dans la culture du peuple qui l’accueille. C’est au fait, le cœur même du « Tout à tous » que Lavigerie emprunte à Saint Paul et qui suppose une attitude d’ouverture, d’amour et de connaissance des gens. Cette attitude doit s’exprimer à l’extérieur. Le missionnaire doit tenir compte de cette double dimension du tout à tous d’où, l’obligation de partager la vie du peuple par la langue, la culture, le comportement, la nourriture et l’habillement. On comprend alors que la gandourah, le burnous – habit musulman – soient notre tenue M.Afr puisque fondés dans un pays musulman. Au dessous de la gandourah, nous mettons le rosaire qui signifie que la Société M.Afr (PB) est sous la protection mariale. Oui, le missionnaire doit vivre le « tout à tous ».
La vie communautaire reste toujours fascinante même si quelques uns préfèrent vivre seuls. Oui, c’est une question de choix. Personnellement, je suis très heureux de vivre en communauté interculturelle, intergénérationnelle, interraciale. L’idéal serait celui d’une petite communauté de trois ou cinq. En grande communauté (18 personnes), il y a un risque de fuir les difficultés : ce défi d’aller vers l’autre, de dialoguer avec lui, de s’interpeller mutuellement n’est pas vraiment présent car on trouve toujours quelqu’un d’autre avec qui sympathiser … Cette réalité est moindre dans la petite communauté de trois, quatre ou cinq personnes.
Un mot sur le dialogue islamo-chrétien ?
Il est ce deuxième volet de notre charisme car du fait de nos origines nous avons toujours porté une attention aux croyants de l’islam. C’est pourquoi nous dispensons à tout candidat une saine connaissance de l’islam pour lui permettre d’avoir un regard évangélique sur la religion de l’autre. Dès 1926, nous avons ouvert une maison spécialisée pour nos confrères destinés à vivre la rencontre en pays musulman. Cette maison est devenue aujourd’hui le PISAI. Je veux signaler que nous sommes aussi engagés dans le dialogue avec les croyants des religions traditionnelles.
Depuis quand des Africains sont devenus membres de la Société M.Afr (PB) ?
Dès avant les années 1950 pour les premières unités. Il faut dire qu’au début, la priorité était celle de promouvoir le clergé local africain : le clergé diocésain. C’est seulement après les années 70 si je ne me trompe pas, que la Société a définitivement ouvert les portes aux Africains. Après eux, la porte s’est ouverte pour les Asiatiques et les Américains du Sud. Aujourd’hui, les portes s’ouvriront à toute personne intéressée par notre charisme, notre vie communautaire et notre style de vie.
Père Norbert Mwishabongo Mukwanga
Missionnaire d’Afrique (Père Blanc)
Responsable du service Missionnaire d’Afrique (Père Blanc)
d’Animation Missionnaire et Vocationnelle « AMV » France.
Sur le même sujet, on pourra lire une intervention faite par Norbert lors d’une réunion du bureau du Conseil Missionnaire National : Comment tu vois la vie missionnaire en France !