Franciscaines Missionnaires de Marie : revisiter la mission !
Je m’appelle Sophie Min et suis coréenne. Religieuse Franciscaine missionnaire de Marie, fmm.
La congrégation
Membre de la Congrégation internationale Franciscaines Missionnaires de Marie, fmm pour l’acronyme. Dès sa fondation, cette congrégation a été internationale. Nous avons trois langues commune (anglais, français, espagnol). Les communautés sont en général internationales. Mais de nos jours, on apprend aussi et en plus la langue du pays où on est envoyée.
Au plan mondial, nous sommes environ 6000 religieuses. Parmi elles, 200 coréennes. Dont 40 qui vivent hors de Corée. C’est en Inde que la congrégation a commencé. La fondatrice y a créé là la première communauté. Dès avant les vœux, on part parfois à l’étranger. Aujourd’hui, les jeunes religieuses, dès avant les vœux perpétuels, vont à l’étranger.
Il y a une pratique de l’échange interculturel dans notre congrégation. Par exemple dans cette institution que nous appelons : conversations continentales. Les provinciales d’un continent se réunissent pour « faire des conversations ». Pas seulement les provinciales, tout l’institut est invité à poursuivre un chemin de transformation : transformation de notre manière d’être et d’entrer en relation, du regard posé sur ce qui nous entoure, de nos schémas mentaux… il s’agit au fond de la conversion : se laisser transformer par la grâce pour aimer comme Jésus nous a aimés.
C’est un chemin de transformation, on envisage aussi bien les changements au niveau de la personne que les nécessaires modifications de structures. C’est que le monde a changé, nous devons changer nous-aussi. Pour continuer à être le sel de la terre. Évoluer est nécessaire.
Certaines congrégations féminines sont devenues très petites, et elles fusionnent. Ceci n’est pas tout à fait le cas des fmm. Nous sommes plus de 6000 au plan mondial. Évidemment, certaines provinces connaissent des problèmes d’effectifs. Nous ferons le chemin de transformation suivant la volonté de Dieu faisant ensemble le discernement nécessaire dans la confiance en Dieu.
Trajectoire personnelle
Eh donc, je m’appelle Sophie, j’ai bientôt 50 ans, je suis religieuse fmm depuis le 8 décembre 1994, j’avais 26 ans en entrant. J’ai fait mes études en Corée, suis devenue religieuse en Corée, et après les vœux perpétuels, j’ai été envoyée en France par notre supérieure générale de Rome. En avril 2005. Je suis donc en France depuis 12 ans… après 12 ans de vie religieuse en Corée.
L’accueil en France de la part de ma province actuelle était très positif parce que je me suis trouvé le même rythme de vie qu’en Corée et ma provinciale de la France m’a proposée de prendre le temps pour suivre une formation spécifique pour l’insertion concrète dans la province. Mais malgré la gentillesse de nos sœurs mes premiers pas sont plutôt difficiles pourtant j’ai certaine base de la langue française. En réalité, je me suis rendu compte que je n’étais pas bien préparée. J’avais la joie et l’enthousiasme pour la mission mais je n’étais pas encore assez humble et mûre humainement pour accueillir mes limites. Une expérience d’un échec, oui…. Mais c’était inévitable. C’est normal qu’il y a toujours le combat d’affronter les défis quotidiens de vivre en communauté interculturelle. Mais nous sommes appelées à vivre l’unité dans la diversité, c’est notre spécificité du charisme. Et nous ne sommes pas parfaites, nous toutes font le chemin de conversion chacune à sa mesure dans la conscience. Parfois c’est un long chemin. Nous le savons et nous nous essayons de respecter mutuellement.
Même après tant d’années en France, il reste parfois des moments difficiles, solitaire, parce qu’on n’est pas parfait comme Dieu. Mais la grâce de Dieu nous aide à surmonter les difficultés parce qu’Il a besoin de ses instruments pour son Royaume. C’est une expérience pascale. Pour évangéliser, il faut d’abord s’évangéliser.
Jésus est le premier missionnaire
Mission pastorale
Je suis au service pastoral du village de Bartrès. Nous sommes une communauté en mission pastorale, et donc rémunérée par le diocèse et les sanctuaires. On nous attribue une indemnité, les cotisations sociales et la cotisation retraite.
Les autres religieuses de ma communauté sont retraitées. Notre raison d’être est de nous mettre au service des pèlerins premièrement. Et aussi au service des habitants du village, du secteur pastoral : c’est le « Lourdes rural ». 5 clochers au total : l’ensemble paroissial d’Adé (du nom d’une commune près de Lourdes).
Il y a de nombreux agents pastoraux étrangers à Lourdes. A peu près 45 congrégations différentes, donc aussi des religieuses étrangères, au service surtout des pèlerins.
La vie fraternelle est importante dans le charisme des fmm. L’Esprit franciscain, c’est à dire, humilité, simplicité, joie, la vie fraternelle, puis la disponibilité, on peut dire autrement Fiat de Marie comme attitude missionnaire…
Nous nous appelons franciscaines, mais la formation est très ignacienne parce que notre fondatrice est issue d’une famille très chrétienne de son temps avec l’influence majeure ignatienne. Un temps de formation très varié des fois assez long.
Notre vie fmm est à la fois contemplative et en même temps missionnaire. Donc l’aspect pour la prière est assez important dans notre vie. Sans recevoir la grâce de Dieu, il est impossible de vivre notre charisme. Mais Dieu est bon et Il nous donne la grâce chaque jour. Plus d’expériences d’échecs parfois me menaient finalement à l’union à Lui. Je suis très consciente que je suis aimée de Dieu, la grâce est toujours plus abondante que ma misère.
Missionnaire ?
Fmm : comment comprendre le mot missionnaire dans l’intitulé de la congrégation ?
Jésus est le premier missionnaire. C’est Lui qui nous envoie. Dans le contact avec les autres, ces frères humains nous renvoient à Jésus. Mais pour nous, en principe, il n’y a pas de mission spécifique, de tâche missionnaire spécifique. La disponibilité pour la mission est importante. Dès le temps de formation, on apprend tout selon les besoins nécessaires pour la mission quoique se soit.
Les gens que je rencontre sont-ils loin de l’Église ? Je ne sais pas, la priorité est certes d’être là où l’Église est moins présente. D’offrir le visage d’une Église pauvre et solidaire.
Concrètement à Bartrès, on accueille des pèlerins, oui c’est vrai. C’est une unique statue chez les fmm, ce type de mission dans le monde. Il y a des sœurs fmm Nomades dans le désert, il y a des sœurs fmm qui vivent dans le quartier des prostituées, dans les îles avec les lèpres, etc. Ces diversités de nos missions, c’est tout à fait normal de trouver dans notre vie fmm. Ici donc à Bartrès, on rencontre beaucoup de pèlerins, croyants, même non croyants, marcheurs du chemin de St Jacques, et simples touristes aussi. C’est nourrissant, les rencontres dans ce service d’accueil en lien avec le Sanctuaire de Notre Dame de Lourdes. Et on est également engagé au service des habitants du village et du secteur en Église locale.
La joie missionnaire
Beaucoup de choses me rendent heureuses. En Corée, j’ai vécu comme mission, dans la clique, dans la maison, dans le foyer des enfants abandonnés, dans le soutien scolaire, et en service pour la paroisse pour les villageois des lèpres. On trouve de la joie dans le contact direct avec tous. Je suis née en ville, mais j’aime la pastorale dans la campagne avec les gens simples du village. Ici, je me suis sentie très accueillie. J’avais fait une formation à Lille pour la catéchèse, cela m’aide beaucoup ici dans le contact avec les enfants et leurs parents.
Le défi principal est de rester vigilant. Nous sommes au service des paroissiens, des pèlerins, et en même temps, il faut être attentif vis à vis des pauvres, des gens les plus exclus, il faut rester toujours en éveil….
Interview de Sophie Min réalisée le 2 novembre 2017 à Bartrès
Par Antoine Sondag
Sur les Franciscaines missionnaires de Marie, on consultera utilement le site de la congrégation .