Une formation continue à Paris pour LEME allemands !
Je m’appelle Johannes Varelmann, et suis « référent pastoral“[1] à Offenburg dans le diocèse de Freiburg (dans le sud de l’Allemagne, à côté de l’Alsace et de la Suisse). La moitié de ma tâche consiste en un travail pastoral dans la paroisse : préparation des sacrements, surtout la confirmation, service des enterrements, etc… L’autre moitié de ma mission consiste à animer une « City Kirche[2] ».
Avec des anciens de la faculté de théologie de Freiburg (Allemagne), nous sommes venus en voyage d’étude à Paris, plus exactement pour une formation continue entre collègues qui occupons des fonctions assez semblables de « référents pastoraux ».
Nous sommes venus à Paris pour une formation continue, exactement 20 ans après le début de notre vie professionnelle. Et nous avons travaillé au plan théologique. En bénéficiant de l’apport de Sœur Christine Kohler (directrice adjointe du Service de la Pastorale des Migrants et personnes itinérantes) qui faisait partie de notre «promotion » à la faculté de théologie de Freiburg, il y a 20 ans !
Nous sommes venus pour « apprendre », tirer profit des initiatives intéressantes qui se déploient en France, par exemple Dianonia2013 et qui continue maintenant…
Nous n’avons pas bougé de Paris, et avons surtout travaillé entre nous en ateliers de discussion, sans trop de visites. Quelques-unes tout de même. Nous sommes venus à huit et avec Christine nous étions neuf.
Pour plusieurs d’entre nous, nous ne nous étions plus vus depuis 10 ou 20 ans… cette session était donc un moment de retrouvailles, et aussi un moment d’étude, où l’on partage ce qui nous anime au plan théologique, ce qui s’est développé chez chacun d’entre nous, ce qui met notre profession en question, ce qui est source d’espérance…
… Nous autres Allemands regardons souvent vers la France, avec cette idée pas très logique mais assez enracinée, que ce qui se passe en France, cela va advenir en Allemagne dans quelques années… C’est une pensée un peu irrationnelle. Mais c’est ainsi. Je crois que les problèmes sociaux sont plus sérieux en France qu’en Allemagne. Les questions de banlieue, le phénomène est plus massif en France qu’en Allemagne où on ne trouve pas tant de « banlieues à problèmes » ni de violence urbaine… l’habitat est plus dispersé.
Peut-on dire qu’en France, on voit une Eglise pauvre dans une société riche ? Et qu’en Allemagne, on voit une Eglise riche dans une société riche ? Je ne le dirais pas exactement ainsi. Mais cela pointe une vraie question. En Allemagne, sans doute nous nous préoccupons bien plus de nous-mêmes, de notre statut, notre place dans l’Eglise, notre rémunération, nous avons nos problèmes « internes » d’Eglise, d’Eglise institutionnelle…
J’ai été intéressé par le processus qu’on appelle en France Diakonia2013, et qui se poursuit maintenant sous divers noms, y compris celui de diaconie. On peut apprendre quelque chose de ces dynamiques.
Nous avons aussi été impressionnés par cette idée d’immersion, de vivre avec de petites communautés, de vivre avec les gens… c’est l’influence de la spiritualité du P. de Foucauld. C’est peut-être aussi l’influence de Christine Kohler ! Il faudrait plus de temps pour analyser ceci correctement. Vivre une semaine entière avec Christine pour mesurer la fécondité de cela !
J’ai aussi été impressionné par le rassemblement du dimanche, une communauté vraiment multicolore, des gens de partout, des gens de toutes couleurs, de toutes origines, cela se passait il est vrai en Seine-Saint-Denis…
Ce serait utile de passer plus de temps, je voudrais aussi aller à Poitiers, il parait qu’il y a là une animation des petites communautés assez intéressantes…. A la suite des innovations de l’évêque Albert Rouet…
Comment appeler notre séjour à Paris ? visite d’Eglise, tourisme culturel, immersion, visitation ? Non, cela a été une formation continue !
Interview réalisée par Antoine Sondag
juillet 2018
[1] Référent pastoral, c’est le nom que portent souvent en Allemagne ceux qu’on appelle en France des LEME (laïcs en mission ecclésiale) [2] Citykirche (mixte d’un mot allemand qui signifie église, et d’un mot anglais : ville ou centre-ville). Un projet qu’on trouve dans un certain nombre de centres de grandes villes allemandes, c’est parfois œcuménique. Une église ou un lieu d’Eglise qui tente de rompre avec l’aspect extérieur d’une église-bâtiment. Tente d’attirer les passants par une offre spécifique (conférences, concerts, espaces de dialogue, etc). Parfois spécialisée pour attirer des étudiants ou des personnes à haut niveau d’attente culturelle, ou des personnes en marge de l’Eglise institutionnelle….