Attentats terroristes : sidération, réflexion, action
1 – Introduction (Antoine Sondag)
Après l’attentat de Saint-Etienne du Rouvray, les réflexions qui suivent et qui datent de début juillet 16 sont malheureusement encore plus d’actualité.
Attentats terroristes à Saint-Etienne de Rouvray, après Nice, Paris, après l’Irak, Bruxelles, la Turquie, Beyrouth, Londres, la Californie, et tant d’autres lieux qu’on a tendance à oublier… banalité du terrorisme ?
Le premier temps est celui de la sidération devant l’incompréhensible et la violence aveugle ! Réaction normale, émotion et deuil !
Et puis vient le temps de la réflexion : pourquoi ces attentats ? Pourquoi cette violence extrême ? Pourquoi ces justifications ou cette absence de justification ? Tant de pourquoi…
Des interprétations des évènements tragiques commencent à se faire entendre. Analyses diverses comme il se doit. Convergentes souvent, mais pas toujours. Elles sont parfois carrément contradictoires. Ces analyses et interprétations sont inévitables et nécessaires car c’est à partir d’elles que se développent les stratégies de résistance et de réaction, et aussi des appels à reconstruire la société autrement.
Pour élaborer une stratégie visant à éliminer le terrorisme, il faut donc réfléchir et analyser. Le temps est venu. Ici, on présente rapidement deux analyses qui ont déjà quelques mois. Abdennour Bidar, musulman, s’adresse à ses frères en religion et les supplie de regarder en face le potentiel de violence que peut contenir l’islam. Il faut donc, selon lui, réformer cet islam. Cette réforme ne peut venir que des musulmans eux-mêmes.
Olivier Roy, grand spécialiste de l’islam politique, propose une analyse différente. Selon lui (et quelques autres), ce n’est pas l’islam qui est devenu extrémiste, c’est l’extrémisme qui s’est islamisé, car on ne dispose pas actuellement d’autre recours idéologique pour donner expression à une sorte de haine de sa propre société. L’anarchisme ou le marxisme jouaient jadis ce rôle, en Russie à la fin du XIXe siècle, en Allemagne et Italie dans les années 70 ; ces idéologies se sont épuisées. Alors, pour être sûr de faire peur, on se réclame de Daesh.
Deux analyses divergentes qui ouvrent sur des stratégies différentes pour reconstruire nos sociétés et en éliminer les racines de la violence extrême. Deux points de vue qui nous renvoient la question : et nous, quelle est notre analyse ?
On doit se demander quelle est la meilleure manière de lutter contre le terrorisme… quelles sont les meilleures méthodes de prévention des attentats… de nombreux auteurs, des spécialistes s’expriment sur le sujet. Une commission d’enquête de l’Assemblée nationale française s’est penchée sur la question. On lira avec intérêt ses conclusions et ses préconisations. Voici le texte complet du rapport et la présentation de la Commission d’enquête avec les 40 préconisations.
Et nous, quelle est notre analyse ? et nos préconisations ?
Antoine Sondag
juillet 2016
2 – Terrorisme et islam
On trouvera ici les deux textes auxquels il est fait allusion dans l’introduction ci-dessus.
Après l’attentat de Nice, réaction de Mgr A. Marceau, évêque de la ville.
Sur la question de l’islam, sa nature, sur notre connaissance ou méconnaissance de l’islam, on lira le texte suivant du dominicain Adrien Candiard. On trouve une version plus longue de ce texte en librairie : A. Candiard, Comprendre l’Islam – ou plutôt : pourquoi on n’y comprend rien, Flammarion, édition de poche, mai 2016, 6 €.
3 – Terrorisme : condamner, expliquer, résister
Sur la question du terrorisme, les réflexions regroupées dans un numéro déjà ancien de Documents Episcopat restent d’actualité : condamner, expliquer, résister.
4 – Terrorisme : leçons allemandes
Dans les années 70, l’Allemagne fédérale (comme l’Italie) a subi une vague d’attentats terroristes sur son sol, commis par des citoyens allemands. Cela est connu sous le nom de bande à Baader. L’idéologie justificatrice était le marxisme-léninisme invoqué par les terroristes. Cela est bien sûr enraciné dans le contexte allemand : héritage de la période nazie, prise de conscience et sentiment de culpabilité d’une génération qui s’est elle-même perçue parfois comme « les fils et filles des nazis », respect scrupuleux de l’Etat de droit par les nouvelles autorités politiques du pays (la République fédérale), etc. Les victimes du terrorisme étaient nombreuses et célèbres : le président du patronat, un juge de la Cour constitutionnelle, etc.
A deux reprises, la Conférence des Evêques catholiques d’Allemagne est intervenue par une déclaration solennelle. Le 21 septembre 1977, l’assemblée plénière de la Conférence des Evêques a publié un texte sur le terrorisme (3 pages). Début 1978, le Conseil Permanent a publié un texte sur « Les causes du terrorisme et les conditions pour le surmonter » (20 pages).
Le 5 septembre 2011, dans un contexte de terrorisme mondialisé, mais qui ne touchait pas spécialement l’Allemagne (sur son territoire), la Conférence des Evêques est revenue sur la question du terrorisme et a publié un texte long (70 pages) sur la question. Sous le titre : « Le terrorisme comme défi éthique. Dignité de l’Homme et droits de l’Homme ». Le dixième anniversaire de l’attentat contre les tours jumelles de New-York en avait été l’occasion. Le contexte est constitué par la contribution croissante que l’Allemagne réunifiée prend dans les affaires de l’Occident, de l’OTAN, de la communauté internationale. La Conférence des Evêques d’Allemagne reste très attachée au droit international (né en partie sur les décombres de la défaite nazie) et à l’enseignement social de l’Eglise (doctrine dite de la « guerre juste » que les évêques allemands appellent « la paix juste »).
On trouvera ci-dessous des extraits de la présentation de ce document de 2011 sur le terrorisme par le Président (d’alors) de la Conférence des Evêques d’Allemagne (Mgr Zollitsch) et la table des matières. Ces documents ne sont pas disponibles en français mais ils se trouvent sur le site internet de la Conférence des Evêques d’Allemagne
En 2016, suite à l’attentat à St Etienne du Rouvray qui a couté la vie à un prêtre, le Cardinal Marx, Président de la Conférence des Evêques d’Allemagne a publié le communiqué suivant. On y retrouve le souci de ne pas se laisser entrainer dans une spirale de violence et de contre-violence, déjà présent dans les textes des évêques allemands de 1977 et 2011.
Antoine Sondag,
27 juillet 2016
Presentation du document de 2011
5 – Homélie du Cardinal A. Vingt-Trois lors de la messe du 27 juillet 2016
Suite à l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, une messe célébrée le 27 juillet, à Notre-Dame de Paris, a retenu l’attention des milieux politiques et médiatiques. Voici l’homélie prononcée par le cardinal A. Vingt-Trois.
6 – Dialogue interreligieux : Cultivons l’esprit de paix et de résistance
L’attentat terroriste survenu dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray a profondément choqué les rédactions du site saphirnews.com et du magazine Salamnews, médias spécialisée sur le fait musulman qui agissent depuis des années en faveur du dialogue interreligieux et du dialogue interculturel en valorisant les actions initiées par des mouvements de toutes les confessions. Dans acteurs de l’interreligieux signent aujourd’hui cette tribune lancée par les deux médias, et publié dans La Croix, afin de marteler la nécessité de faire face à l’adversité en poursuivant les initiatives qui concourent à la paix.
On peut s’associer à cet appel en signant la tribune en ligne
Unis dans la diversite face a la diversite
7 – Textes pour prier, réfléchir, dialoguer et construire
Le P. Vincent Feroldi, directeur du Service des relations avec les musulmans, a regroupé divers textes, réflexions, réactions, commentaires et prières à l’occasion du meurtre du P. Hamel et de la journée de jeûne et de prière du vendredi 29 juillet.
Prier, réfléchir, dialoguer et construire
8 – Après les attentats islamistes, quelle réflexion citoyenne et chrétienne ?
Le P. Hervé Legrand op a écrit un article inspirant sur une réflexion (citoyenne et chrétienne) souhaitable après les attentats islamistes de l’été 2016 en France. H. Legrand est aussi le vice-président de Confrontations, association d’intellectuels chrétiens.