Annoncer l’Évangile ! mais où et comment ?
Être disciple-missionnaire à la suite du pape François. C’est un programme que se sont fixés de nombreux catholiques de France. Dans cette perspective, il est central que la parole de l’Évangile soit annoncée dans notre société. A la fois pour les chrétiens pour nourrir leur foi. Et pour les non chrétiens. Il se trouve que dans notre société, un lieu important de l’annonce de la Parole a toujours été le rassemblement dominical des chrétiens, la messe du dimanche. Or cette messe, dans de nombreuses localités est de moins en moins célébrée, faute de prêtres dit-on ! Pourrait-on envisager d’organiser des célébrations de la Parole le dimanche ? pour éviter précisément que l’Évangile ne cesse d’être proclamé ?
On trouvera sur ces sujets une réflexion de Marcel Metzger, professeur émérite à la faculté de théologie de Strasbourg, et aujourd’hui curé d’un village dans le vignoble alsacien, ainsi que des fiches dominicales, sorte de guide pédagogique qui aide ceux qui veulent organiser des célébrations de la Parole le dimanche, là où on ne peut célébrer l’eucharistie. Le débat sur ces sujets ne fait que commencer dans l’Église de France.
Antoine Sondag
Porter la Parole grâce aux Célébrations dominicales
Selon la tradition établie par le Christ et les apôtres, la liturgie eucharistique dominicale est le lieu approprié pour la proclamation de l’Évangile à l’adresse des communautés chrétiennes, pour que celles-ci puissent être le levain évangélique dans la lourde pâte de nos sociétés (Mt 13,33 ; Lc 13,20-21). Plus que jamais celles-ci ont besoin d’une solide imprégnation évangélique. En effet, d’une part des populations entières n’y ont pas accès, d’autre part des nations et des partis se disant chrétiens méconnaissent les messages les plus explicites de l’évangile, en menant des politiques opposées. Puisqu’en république les orientations sont censées être prises par le peuple, il nous revient, à nous chrétiens, dépositaires de l’Évangile, d’en diffuser les messages le plus largement possible, sinon par la parole, du moins par la façon de vivre et de témoigner.
Les recommandations du concile
Mais comment les catholiques de nos pays pourraient-ils assurer cette mission si eux-mêmes n’entendent plus la Parole de Dieu, faute de pouvoir se réunir localement pour l’eucharistie dominicale, à cause de la raréfaction inexorable du nombre de prêtres ? Or, face à cette pénurie, le concile Vatican II avait formulé des recommandations précises :
« On favorisera la célébration sacrée de la Parole de Dieu à l’occasion des veilles des fêtes solennelles, à certaines féries de l’Avent et du Carême, ainsi que les dimanches et jours de fête, surtout dans les localités privées de prêtres. » (Constitution sur la liturgie, n° 35,4 ; décembre 1963)
Ces recommandations ont été bien reçues dans les diocèses de France, comme en témoigne l’édition française du Directoire pour les assemblées dominicales en l’absence de prêtre (en 1988). Dans sa présentation, la Commission épiscopale de Liturgie décrivait ainsi le contexte local (p. 10) : « Plusieurs évêques ont déjà donné, pour leur diocèse, des orientations ou des directives devant l’impossibilité où ils étaient d’assurer, chaque dimanche et en tout lieu de culte, la présence d’un prêtre. La solution de regroupement leur paraissait, en beaucoup de cas, comporter de grands risques pour la vie des communautés locales : dispersion des chrétiens, effacement de la visibilité du rassemblement en un grand nombre de lieux, abandon des personnes qui ne pouvaient se déplacer (enfants et personnes âgées, malades), etc… »
Encourager les paroisses
Trente ans plus tard, la situation ne s’est pas améliorée. Les rassemblements dominicaux se raréfient. Par contre, des communautés musulmanes tiennent des assemblées de prière quotidiennes, dans des oratoires de fortune, et cela dès 7h du matin. Dans le même sens, le grand rabbin de Strasbourg déclarait, à son entrée en fonction : « J’ai l’idée de constituer des groupes de jeunes de la communauté qui possèdent les connaissances pour assurer des offices et animer un shabbat ».
Or nos communautés catholiques sont capables d’investissements semblables. Certes, dans les campagnes les situations sont diverses : dans tel secteur les villages sont dispersés, difficiles d’accès en hiver, ailleurs il s’agit de bourgs, proches les uns des autres. Mais même les petits villages s’organisent au niveau communal et constituent des conseils municipaux. Ces compétences permettraient également d’y constituer des équipes pastorales pour des célébrations dominicales.
Des outils et des matériaux disponibles
Des revues diocésaines font connaître des expériences positives, comme celle menée depuis une dizaine d’année dans la périphérie d’une ville de l’Est, où sont organisées régulièrement des célébrations dominicales de la Parole dans les cinq églises du secteur. Les équipes liturgiques y sont assez nombreuses ; cela permet à leurs membres de se relayer. L’équipe d’animation pastorale organise leur formation. Pour le moment, le nombre de prêtres disponibles permet encore d’y alterner régulièrement, de dimanche en dimanche, les eucharisties et les célébrations de la Parole.
Cette expérience met en valeur à la fois la mission des prêtres et celle des équipes liturgiques. Les prêtres assurent la formation, tandis que les équipes pastorales et liturgiques répartissent et assurent les différents ministères et fonctions au cours des célébrations. Les documents et matériaux pour la préparation des assemblées ne manquent pas, ils permettent même à des équipes modestes d’assurer des célébrations dignes : les revues Feu Nouveau, Fiches dominicales, et d’autres encore, les livrets Célébrons le dimanche 2018, ainsi que des sites Internet proposent pour chaque dimanche des orientations et des matériaux : commentaires des lectures, textes pour célébrer, monitions, propositions pour des partages autour des lectures.
La mise en place de célébrations dominicales de la Parole présente de nombreux avantages : elle favorise le développement des communautés locales, la formation d’équipes d’animation, l’engagement de jeunes dans ces équipes, jusqu’à devenir un terreau favorable pour les vocations. Mais surtout, de telles actions favorisent l’évangélisation par les communautés locales, pour imprégner nos sociétés par la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, comme préconisé par les Célébrations dominicales de la Parole .
P. Marcel Metzger
professeur émérite à la Faculté de Théologie catholique de Strasbourg, curé d’un village viticole
marcel.metzger@wanadoo.fr
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