En première ligne du coronavirus
Pneumologue libérale en Seine-et-Marne, Fara R. a bien connu le Dr. Jean-Jacques Razafindranazy, 68 ans, médecin urgentiste à Compiègne (Oise), premier soignant emporté par le coronavirus. Protestant, il avait néanmoins participé, il y a quelques années, à un conseil national de l’Aumônerie malgache. Entre témoignage personnel et prière pour les soignants, elle rend hommage à son ami.
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15, 13) C’est le thème du FRAT des lycéens qui devait se tenir à Lourdes en avril 2020. Rencontre annulée pour cause d’épidémie de coronavirus ! Je n’aurais jamais pensé que ces paroles de Jésus me reviendraient aussi rapidement et aussi réellement.
C’est tout de suite ce à quoi j’ai pensé quand j’ai appris le décès de mon ami, camarade de promotion, confrère, le docteur Hary Jean-Jacques Razafindranazy, Hary comme nous l’appelions, emporté par le coronavirus.
Ce n’est pas un « Je t’aime » crié du haut d’un immeuble, et pourtant, comment expliquer autrement ce désir impérieux, intérieur, de quitter une retraite bien méritée, le rire des petits-enfants, un confinement bien sécurisant, pour aller apporter son aide à des confrères débordés, sauver des vies, apporter un soulagement à des hommes et des femmes malades, affaiblies, demandant secours ?
Je pense à tous ces soignants et je te remercie, Seigneur
Et je pense à tous les autres, tous ces confrères dans le monde, tous ces soignants, tous ceux qui donnent leur temps, leurs vies chaque jour. Et je te remercie, Seigneur.
Et je pense à leurs familles, ma famille, leurs sourires courageux, teintés d’un peu d’angoisse à chaque départ du domicile. Et je te remercie, Seigneur. Tu seras leur refuge dans la détresse.
Merci pour leur amour si grand, qui ne capte pas, qui n’enferme pas, qui laisse l’être aimé libre de vivre sa vocation, libre de se réaliser, de réaliser son humanité, libre de le laisser se donner aux autres, membres de la grande famille humaine.
Merci pour leur accueil chaleureux le soir, pour la joie des retrouvailles, la joie de se rendre compte que chaque retour est un miracle.
Et pour ceux qui ne reviennent pas dans leur domicile sur la terre, accueille-les auprès de Toi, dans la Maison du bonheur éternel.
Fara R.
Article publié sur le site du service national de la Pastorale des Migrants