Le retour à la Vie de milliers de Lazare
Le retour à la Vie de milliers de Lazare
Cinquième dimanche de carême
Le long passage de l’évangile (Jn 11, 1-45) nous relate qu’« il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur ». Comment ne pas penser aux nombreux malades, comme Lazare, et surtout aux milliers de personnes cruellement infectées par l’ennemi invisible, non seulement dans de nombreux villages mais aussi dans de nombreuses villes, métropoles, capitales, dans de nombreux Pays et même sur les cinq continents dans le monde d’aujourd’hui.
Comment ne pas penser aux nombreuses sœurs, comme Marie et Marthe, qui voudraient exprimer, à la fois, leur information et leur prière : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »
Je ne comprends pas bien le sens de Ta phrase, alors gentiment, je voudrais dire mon désaccord. Désolé, mais ce soi-disant ennemi invisible « Coronavirus COVID-19 » – initialement considéré comme une épidémie, puis une pandémie, maintenant un tsunami – par contre « conduit à la mort », tuant quotidiennement des milliers d’êtres humains. Le grand risque pour l’humanité, si ce rythme progressif ne diminue pas, est de se retrouver confrontée à une véritable hécatombe.
Oui, je suis content de savoir que « Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. » Je suis bien conscient, et je crois plutôt, que Tu aimes tout être humain, d’ailleurs Dieu t’a envoyé dans le monde non seulement pour cette raison, mais il t’a fait devenir homme, comme nous, pour nous montrer Son amour de Père.
En tant qu’enfants de Dieu, nous aussi, « créés à son image et à sa ressemblance », nous voudrions être proches d’un membre de la famille ou d’un ami malade, pendant au moins quelques instants, mais c’est interdit – à cause des mesures de confinement – avec le risque de payer une amende coûteuse, et pire encore de nous faire arrêter.
Je suis attristé par la nouvelle que « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Combien de Lazare, de personnes âgées, d’adultes, de jeunes et même de certains adolescents, « se sont endormis », et ils étaient tout seuls. Combien de prières silencieuses, formulées par les familiers depuis leurs maisons, sont montées jusqu’au ciel : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Et nous, nous l’espérons toujours de tout notre cœur.
« Lazare est mort. » Triste nouvelle. C’est bien difficile d’imaginer la douleur et le tourment quand on l’apprend par un coup de fil : « et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. » Tes paroles vraiment sont incompréhensibles !
Non, la famille et les amis auraient plutôt préféré « être là », à leurs côtés, jusqu’à la fin, pour manifester l’amour, l’affection, la gratitude, pour recevoir leur dernier message – et aussi dire le nôtre – celui de l’adieu, juste avant de rejoindre Dieu. Il est inconcevable et inadmissible de laisser partir tout seul un être cher sans pouvoir l’accompagner.
« À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance d’une demi-heure de marche environ –, beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère. » Je suis content pour Marthe et Marie car soutenues et consolées par de nombreuses personnes, dans cette douloureuse circonstance. Combien de milliers de personnes, comme Marthe et Marie, auraient aimé être consolées, ou bien consoler les autres. Chaque famille, en revanche, doit vivre le drame de ce qui s’est passé dans le silence, à la maison – entre quatre murs et qui sait pour combien de temps encore –, avant de recevoir la réelle, concrète et tangible consolation. Le deuil est toujours une étape très difficile à franchir, mais il devient presque insurmontable, dans le contexte actuel.
Je suis content de Ta proximité, de la visite et des paroles de consolation envers Marthe, après sa prière, à la fois, de confiance et d’espérance : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois: tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
J’imagine l’état d’âme de Marie, quand Marthe « lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus. (…) Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Merci pour Ta présence, ton émotion et tes larmes de douleur et d’amour. Combien de personnes n’ont pas pu pleurer et verser des larmes de douleur et d’amour pour les milliers de Lazare partis tout seuls, n’ont pas pu leur dire « Ce n’est qu’un au revoir ! » Les larmes, certainement, n’ont pas manqué, mais bien versées dans le secret et au fond de milliers de cœurs aimants.
Tu sais que, nous aussi, nous avons pensé, et surtout espéré : « Celui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le partir. »
Que les milliers de Lazare – d’hier, d’aujourd’hui et de demain – soient libres dans Ta Résurrection.
Pâques, le retour à la Vie de milliers de Lazare ! En Toi, Vivants à jamais !
P. Alfonso Bartolotta omi
Nice, le 29 mars 2020