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Comment être une Église synodale en mission ?

L’Instrumentum laboris pour la deuxième session de l’assemblée générale ordinaire du synode des évêques sur la synodalité a été publié le 9 juillet 2024 par le Vatican.

Comment être une Église synodale en mission ?
Références à l’interculturalité et à l’universalité

Le texte est introduit par une citation d’Isaïe qui nous ouvre d’emblée à l’universalité : Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés (Is 25, 6). Un festin pour tous, « symbole de convivialité et de communion » (Instrumentum laboris introduction).

Pour tous, et tenant compte de chacun. L’Instrumentum laboris (IL) renferme de nombreuses références à la prise en compte des spécificités locales et culturelles, condition pour une véritable universalité. L’Église est universelle dans la diversité : « L’appel à être des disciples missionnaires est fondé sur notre identité baptismale commune, appel qui s’enracine dans la diversité des contextes dans lesquels l’Église est présente », une Église « peuple de pèlerins qui, dans toutes les parties du monde, recherche la conversion synodale au service de la mission ». Dans ce sens, « faire partie de l’Église signifie appartenir à l’unique Peuple de Dieu, composé de personnes et de communautés existant dans des temps et des lieux concrets ». (IL, introduction)

La question-guide de cette deuxième session est : « Comment être une Église synodale en mission ? » et tout le texte va donner des éléments pour avancer dans la réflexion. Nous reprenons ici les paragraphes se référant à l’universalité et/ou l’interculturalité.

Universalité et spécificité, ouverture à toutes les cultures et religions, en marche avec tous les peuples : « La synodalité s’enracine dans cette vision dynamique du Peuple de Dieu, appelé universellement à la sainteté et à la mission, en pèlerinage vers le Père sur les traces de Jésus-Christ et vivifié par l’Esprit Saint. Dans les différents contextes où il vit et marche, ce Peuple de Dieu synodal et missionnaire proclame et témoigne de la Bonne Nouvelle du salut. Il marche avec tous les peuples de la terre, avec leurs cultures et leurs religions, dialoguant avec eux et les accompagnant. » (IL  2)

L’un des chapitres du document de synthèse de la première session s’intitulait : une « Église ‘de toute tribu, langue, peuple et nation’ » et l’IL précise : « Le processus synodal a permis de prendre conscience de ce que signifie être ce Peuple de Dieu rassemblé comme « Église ‘de toute tribu, langue, peuple et nation’ » (RdS 5), vivant cette marche vers le Royaume dans des contextes variés et des cultures différentes. » (IL 3)

Une Église dont « la mission est indissociable du contexte, rappelant que l’Évangile est offert à des personnes et des communautés ancrées dans des époques et lieux spécifiques », qui sont à la fois dignes de respect et appelées à s’ouvrir. « Rencontrer et célébrer la beauté du « visage multiforme de l’Église » (Saint Jean-Paul II, Novo Millennio Ineunte, 40) fut l’un des plus grands dons reçus à travers ce chemin. Le renouveau synodal valorise les contextes comme lieux où l’appel universel de Dieu à faire partie de son peuple, de ce Royaume « de justice, de paix et de joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14, 17), se manifeste et s’accomplit. Ainsi, les diverses cultures peuvent mieux saisir l’unité qui sous-tend et enrichit leur vibrante pluralité. Reconnaître la valeur des contextes, des cultures et de la diversité est essentiel pour l’épanouissement d’une Église synodale missionnaire. » (11)

« Le désir d’élargir les possibilités de participation et d’exercice de la coresponsabilité de tous les baptisés, hommes et femmes, dans la diversité de leurs charismes, de leurs vocations et de leurs ministères (…) s’oriente selon trois axes », dont le renouveau de la vie liturgique, appelant à des célébrations « bien inculturées et capables de nourrir l’élan missionnaire ». (12)

Une première partie du document est consacrée aux relations dans cette « Église pèlerine et missionnaire par nature » (22), qui, par le baptême, nous appelle à la mission et à la coresponsabilité « dans la seule et unique Église » en nous engageant « à rechercher une communion toujours plus visible et profonde avec tous ceux avec qui l’on partage le même Baptême ; à proclamer et témoigner de l’Évangile » (23). Avec toujours cette insistance sur « l’unité de la foi et l’appartenance à l’Église une et unique dans la diversité des personnes, des cultures et des lieux » (27).

Faisant suite au document de synthèse et à Vatican II, le texte réinsiste sur la responsabilité des évêques par rapport à leur Église locale mais aussi par rapport aux « relations avec les autres Églises locales et avec l’Église tout entière (…) en rétablissant la correspondance entre la communion des évêques (communio episcoporum) et la communion des Églises (communio Ecclesiarum) » (41).

Plusieurs paragraphes traitent des liens entre Églises : « Selon le Concile, c’est en vertu de la catholicité de l’Église que « chacune des parties apporte aux autres et à toute l’Église le bénéfice de ses propres dons » (LG 13). De là découlent « entre les diverses parties de l’Église, les liens de communion intime quant aux richesses spirituelles, quant au partage des ouvriers apostoliques et des ressources matérielles. Les membres du Peuple de Dieu sont appelés en effet à partager leurs biens et à chacune des Églises s’appliquent également les paroles de l’Apôtre : ‘Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu, comme il sied à de bons dispensateurs de la grâce divine qui est si diverse’ (1 P 4, 10). » (ibid.). (43)

« Toutes les Églises locales reçoivent et donnent dans la communion de l’unique Église. Certaines Églises ont besoin de soutien en ressources financières et matérielles ; d’autres sont enrichies par le témoignage d’une foi vivante et d’un service d’amour aux plus pauvres ; d’autres encore ont surtout besoin de l’aide d’évangélisateurs qui partagent leur vie pour communiquer l’Évangile à d’autres peuples. On reconnaît et on sollicite en particulier la générosité des prêtres, des diacres, des personnes consacrées, des laïcs (hommes et femmes) engagés dans la mission ad gentes. » (45)

« Les Églises locales expriment le désir d’un échange de dons spirituels, liturgiques et théologiques, ainsi que d’un plus grand témoignage de partage sur les questions sociales d’importance mondiale, telles que l’entretien de la maison commune et les mouvements migratoires. À cet égard, une Église synodale pourra témoigner de l’importance des solutions aux problèmes communs élaborées sur la base de l’écoute de la voix de tous, y compris et surtout des groupes, des communautés et des pays qui restent habituellement en marge des grands processus mondiaux. Un horizon particulièrement prometteur aujourd’hui pour réaliser des formes d’échange de dons et d’engagement coordonné est celui des grandes zones géographiques supranationales, comme l’Amazonie, le Bassin du Congo, la Méditerranée ou d’autres zones similaires. » (46)

La deuxième partie : Parcours revient sur l’idée que la mission s’incarne dans des contextes, et que « l’Église elle-même ne peut exister sans enracinement dans un lieu précis, avec ses spécificités culturelles et ses réalités historiques », qui vont déterminer des programmes de formation adaptés « tenant compte des contextes, des cultures et des traditions propres à chaque réalité ecclésiale ». (53)

La troisième partie du document, Lieux, revient sur le nécessaire enracinement culturel et local de l’Église, ainsi que sur les relations entre les cultures. « La dimension du lieu préserve la riche diversité des expressions de la foi de par leur enracinement dans des contextes culturels et historiques spécifiques » et « la communion des Églises, chacune avec sa réalité locale propre, manifeste la communion des fidèles au sein de l’unique Église » (80).

« L’expérience du pluralisme des cultures et la fécondité de la rencontre et du dialogue entre elles sont des conditions de la vitalité de l’Église, et non une menace pour sa catholicité. Le message du salut reste unique : « Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous » (Eph 4, 4-6). Ce message est pluriel et s’exprime dans la diversité des peuples, des cultures, des traditions et des langues. Prendre au sérieux cette pluralité de formes permet d’éviter les prétentions hégémoniques et le risque de réduire le message de Salut à une interprétation monolithique de la vie ecclésiale, des pratiques liturgiques, pastorales ou morales. Au sein d’une Église synodale, un réseau dynamique de relations se tisse, rendu visible par l’échange mutuel de dons entre les Églises. Cette interconnexion, garantie par l’unité du Collège épiscopal sous la direction de l’évêque de Rome, agit comme le gardien vigilant d’une unité qui ne peut jamais dire uniformité. » (81)

Comment être une Église synodale en mission ? (Texte intégral)

Annie Josse
Service national Mission et Migrations

citations

Un second facteur crucial est celui de l’augmentation de la mobilité humaine dans un monde désormais globalisé, motivés par différentes raisons. Les réfugiés et les migrants forment souvent des communautés dynamiques, y compris dans leur pratique religieuse, rendant ainsi le lieu où ils s’installent pluriculturel