Évangéliser aujourd’hui
« Allez dans le monde entier : proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16, 15). Jésus envoie ses disciples dans le monde entier, selon ce verset. L’Église est missionnaire par nature. Au fil des siècles, il faut bien avouer que ce verset a été diversement interprété et plus encore mis en œuvre.
L’intérêt du livre « Évangéliser aujourd’hui » de notre ami Pierre Diarra qui a déjà écrit amplement sur ces sujets est de résumer les enseignements de la théologie en quelques pages, courtes et fortes. Un petit grand livre de 96 pages qui reprend allègrement les enseignements depuis le Concile Vatican II et les encycliques des papes sur le sujet de la mission.
Il suffira ici de rappeler les deux grandes innovations des dernières décennies. Première innovation : l’injonction missionnaire ne s’adresse pas à une catégorie spécifique de baptisés, comme une sorte d’aristocratie de la mission : des êtres d’élite qui seraient, à eux-seuls, chargés de porter l’Évangile aux confins de notre univers. Tous les baptisés doivent être missionnaires. C’est ce que le pape François a très justement pointé par sa formule-choc : nous sommes tous des disciples-missionnaires. Nous le sommes ou nous devrions l’être. Second aspect de la « révolution missionnaire » à l’œuvre actuellement : la mission ne concerne pas (seulement) des contrées lointaines ou exotiques, les terres de mission, c’est partout, en commençant par la rue devant notre appartement. « La France, pays de mission ».
Pierre Diarra nous rappelle utilement cette grande mutation survenue en missiologie depuis 50 ans. Son ouvrage a aussi le mérite de nous rappeler quelques fondamentaux.
Annoncer l’Évangile est moins une opération de communication, une affaire de parole… qu’un témoignage. Se faire le témoin d’un Christ image ou icône d’un Dieu amour.
Dieu est communication d’amour qui déborde jusqu’aux extrémités de l’humanité.
Dans cette dynamique, l’Église est elle-même envoyée, c’est sa nature. Car elle est créée par la mission du Fils et la mission de l’Esprit. Voilà le fondement du précepte missionnaire.
Cet amour de Dieu que les chrétiens doivent annoncer et dont ils doivent vivre, précède le missionnaire. L’Esprit de Dieu vivifie toute terre, c’est pourquoi toute terre est une terre sainte. La présence de Dieu y est explicitement ou implicitement déjà reconnaissable. Le missionnaire n’apporte Dieu à personne. L’amour de Dieu le précède et anime le cœur de tout homme qui recherche le bien et le beau.
Il est bon de se replacer face aux racines théologiques de la mission pour éviter de faire de l’injonction missionnaire un slogan de communication ou une stratégie pastorale.
C’est le mérite de ce nouveau livre de Pierre Diarra de nous replacer face au défi central de notre être chrétien.
Antoine Sondag
Janvier 2018
Pierre Diarra, Évangéliser aujourd’hui, Le sens de la mission, Édition Mame, 96 p., 10 €