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Message du Cardinal Czerny pour le Dimanche de la mer 2024

Chaque année, le deuxième dimanche de juillet, les communautés catholiques célèbrent le « Dimanche de la mer », une journée internationale de prière pour les gens de mer et leurs familles, mais aussi pour ceux qui, dans l’Église, leur apportent un soutien, comme les aumôniers et les bénévoles de l’Apostolat de la mer, l’œuvre par laquelle les travailleurs de la mer sont spirituellement assistés depuis 1920.

Dimanche de la Mer

Chers frères et sœurs dans le Christ,

Dans sa première lettre aux Corinthiens, Saint Paul décrit l’Église comme un Corps aux multiples membres (cf. 1 Co 12, 12-27). Il fait observer que même les membres les moins visibles d’un corps apportent des contributions importantes et nécessaires au fonctionnement et au bien-être de l’ensemble. Au sein de l’humanité, les marins font partie des membres les moins visibles. Pourtant, c’est grâce à leurs efforts cachés que beaucoup de produits qui nous sont nécessaires parviennent jusqu’à nous. Ils font l’expérience de la beauté illimitée de la nature maritime, mais ils sont aussi confrontés aux ténèbres physiques, spirituelles et sociales.

Reconnaissant l’importance des travailleurs maritimes, le deuxième dimanche de juillet, connu sous le nom de Dimanche de la mer, les communautés catholiques du monde entier attirent l’attention sur eux et prient pour tous ceux qui œuvrent dans ce secteur : les équipages des navires qui transportent les marchandises et ceux qui les amarrent au quai, les dockers, les remorqueurs et les manutentionnaires, les garde-côtes, le personnel du trafic maritime et du sauvetage, les agents des douanes et les pêcheurs, et tous ceux avec qui ils collaborent, ainsi que leurs familles et leurs communautés.

L’apostolat de la mer peut contribuer à placer la périphérie au centre de différentes manières, notamment : en allant à la rencontre des gens de la mer en personne et dans la prière

Le nombre total de ces travailleurs et de leurs familles s’élève certainement à plusieurs millions. Le Dimanche de la mer rend visibles leurs réalités quotidiennes habituellement invisibles. Aujourd’hui comme hier, l’activité maritime peut impliquer l’éloignement des personnes de leur foyer et de leur terre, pendant des mois, et même des années. Les marins et leurs familles peuvent manquer des moments importants de la vie des autres. Le salaire peut justifier ces sacrifices, mais cet avantage peut être menacé par les injustices, l’exploitation et les inégalités. Il est donc merveilleux que la dignité et les droits des marins soient défendus par les bénévoles, les aumôniers et les membres des Églises locales dans les ports, qui sont engagés dans la pastorale des marins.

L’adage “ loin des yeux, loin du cœur ” peut s’appliquer à l’invisibilité des marins. Face à la tendance à demeurer loin et séparés les uns des autres, le Pape François déclare : « La vraie sagesse suppose la conformité avec la réalité […] Un chemin de fraternité, local et universel, ne peut être parcouru que par des esprits libres et prêts pour de vraies rencontres » (Fratelli Tutti, 47, 50).

L’apostolat de la mer peut contribuer à placer la périphérie au centre de différentes manières, notamment : en allant à la rencontre des gens de la mer en personne et dans la prière ; en améliorant les conditions matérielles et spirituelles des travailleurs ; en plaidant pour la dignité et les droits des travailleurs ; et en défendant des relations et des politiques internationales plus vigoureuses pour sauvegarder les droits humains de ceux qui voyagent et travaillent loin de leur famille et de leur pays d’origine. L’Église est appelée à servir chaque membre de la famille humaine. Comme les marins proviennent de tous les pays et de toutes les religions du monde, les inclure dans la vie et le ministère de l’Église permet de développer la compréhension mutuelle et la solidarité entre tous les peuples et toutes les religions.

Nous trouvons force et encouragement dans l’exemple de Saint Paul qui, lors de ses voyages missionnaires, a passé beaucoup de temps sur les mers. Corinthe, qui était devenue très riche grâce à ses deux ports et à son canal, est une des villes importantes où l’Église s’était implantée. C’était un centre actif de commerce international. Les résidents et visiteurs de cette ville portuaire y ont rencontré les prédicateurs de l’Évangile, qui ont répondu à leurs aspirations les plus profondes et leur ont révélé leur infinie dignité. Mais la diversité des nouveaux croyants menaçait de les diviser. Saint Paul a répondu à ces tensions en leur rappelant leur lien organique les uns avec les autres et l’humilité de leur statut social commun : « Frères, vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien : parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance » (1 Co 1, 26). Ces paroles encouragent l’Église d’aujourd’hui à œuvrer pour une plus grande unité, non seulement entre des personnes qui sont différentes les unes des autres, mais aussi parmi les personnes qui connaissent des divisions et des tensions en leur sein. Comme nous le rappelle Saint Paul, l’Église ne doit pas fuir ces défis si elle veut être fidèle à la mission qui lui a été confiée par le Seigneur. De plus, une union accrue entre les croyants sert une plus grande unité entre tous les peuples et toutes les nations.

Le christianisme s’est répandu par la mer vers des terres lointaines ; il n’y avait pas d’autre choix. L’Église d’aujourd’hui peut s’inspirer des habitants des communautés côtières qui ont été les premiers à entendre le message totalement nouveau du Christ, apporté par les apôtres et d’autres missionnaires qui parcouraient les mers. Chaque navire nouvellement arrivé signifiait plus de rencontres et d’échanges, plus d’ouverture à la nouveauté et aux vastes possibilités au-delà des rivages connus. L’appel à accueillir l’étranger peut être un défi lorsque nous préférons rester socialement et spirituellement isolés. Nous ne pouvons pas être ouverts à ce que nous offre la vie si nous préférons le confort de ce qui nous est familier. La voie de l’ouverture est la voie de l’espérance.

Nous invitons chacun à faire sa part pour restaurer courageusement notre maison commune et pour grandir dans la fraternité et l’amitié sociale. Reconnaissons la contribution essentielle de ceux dont le travail pourrait sinon rester invisible. Soutenons le ministère de l’accueil de ceux qui ont besoin d’une oreille attentive et d’un lieu auquel appartenir, d’un port sûr et d’une communauté qui accueille tous ceux qui souhaitent rentrer chez eux. Puissions-nous nous inspirer de l’exemple des échanges mutuels dans la vie des marins. Que les gens de la mer se sentent partie intégrante de l’Église, où qu’ils aillent.

Nous demandons à Notre-Dame, Étoile de la Mer, d’accompagner tous ceux dont la vie et le travail sont marqués par la mer, et d’être l’étoile qui les guide sur le chemin du Christ.

Cardinal M. Czerny, S.J.
Préfet du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral