Sommet du G20 à Hambourg en juillet 2017, sous présidence allemande
Le G20 qui regroupe les principales économies du monde, se réunit au niveau des chefs d’Etat ou de gouvernement chaque année. En 2017, à Hambourg en juillet, sous présidence allemande. La question centrale de ce G20, à lire entre les lignes de l’ordre du jour, sera de savoir comment se comporte l’administration Trump face au multilatéralisme : défiance, retrait, ignorance, mépris, coopération plus ou moins confiante… Bien qu’informel, le G20 est devenu le lieu obligatoire pour parvenir à une concertation mondiale afin de réduire les risques majeurs (économiques et financiers) qui menacent notre planète. Un lieu imparfait certes, mais beaucoup moins imparfait que beaucoup d’autres instances internationales. Un lieu qui a montré son efficacité, par exemple dans la lutte contre les paradis fiscaux.
Le G20 sous présidence allemande : une étape majeure dans les relations entre l’Europe et les Etats Unis.
Succédant à la Chine et précédant l’Argentine, l’Allemagne occupe en 2017 la présidence du G20. Une présidence dont l’événement central se tiendra à Hambourg les 7 et 8 juillet, après les élections françaises et deux mois avant les élections outre-Rhin. Les chefs d’état et de gouvernement se réuniront ainsi à un moment stratégique dans un contexte marqué par l’arrivée au pouvoir d’un président américain peu enclin à jouer le jeu de la coopération internationale, l’enclenchement par le Royaume uni de la procédure de sortie de l’Union européenne et les velléités russes de restaurer l’influence perdue lors de la dislocation de l’empire soviétique.
D’abord un bref rappel sur l’origine et le rôle du G20 qui est apparu ces dernières années comme le symbole, le vecteur mais aussi l’acteur le plus visible de la mondialisation. Né en réponse à la crise financière de 1997/98, le G20 se proposait avant tout de donner une assise plus solide et une plus grande légitimité à la concertation internationale en matière de coordination des politiques économiques et de régulation financière et monétaire. Il existait, certes, depuis 1975, un forum plus restreint, une sorte de directoire des pays les plus riches connu sous le nom de G7 mais sa représentativité était fortement contestée par les pays émergents et les pays en développement et sa vocation à parler et agir au nom de l’ensemble de la communauté internationale mise en cause. La création du G20 a donc représenté un progrès certain avec la présence notamment de la Chine, de l’Inde, de l’Arabie saoudite, du Brésil, de l’Afrique du Sud. Tous les continents sont désormais partie prenante et si l’on peut regretter l’absence de pays figurant pourtant dans les vingt premières économies (Malaisie, Thaïlande…), il reste que le G20 réunit aujourd’hui 2/3 de la population mondiale, 85% du commerce et 90% du PIB mondial. Son format peut aisément évoluer (des états non membres sont d’ailleurs régulièrement associés à tour de rôle à ses travaux) et l’Union européenne, admise comme membre à part entière donne au continent européen un poids particulier.
Parallèlement le G8 a vu son statut décliner et la mise à l’écart de la Russie à la suite de l’annexion de la Crimée (même qualifiée de simple suspension, sans doute temporaire) a contribué à faire de ce forum redevenu le G7, un simple lieu de rencontre très informel entre grandes nations occidentales. La dernière réunion au niveau des chefs d’état et de gouvernement qui s’est tenue en mai 2016 au Japon, n’a été l’occasion que de positions de principe générales. La prochaine, fin mai en Italie (Taormine), permettra surtout de jauger concrètement la manière dont le président américain entend gérer sa relation avec des partenaires inquiets et quelque peu déstabilisés par sa vision protectionniste des intérêts américains dans le monde. Un test qui permettra de prendre la mesure de la ligne que la nouvelle administration compte adopter en matière notamment de commerce international, de régulation financière, de lutte contre le réchauffement climatique et de promotion des énergies renouvelables. Le sommet de Hambourg se tiendra un mois après cette première prise de contact, d’où son importance.
L’Allemagne a déjà occupé deux fois la présidence du G20 (en 1999 puis en 2004) mais elle l’exerce pour la première fois depuis qu’en 2008 la décision a été prise de tenir la réunion annuelle au niveau des chefs d’état et de gouvernement. Il faut certainement y voir un signe de l’influence croissante de Berlin dans les instances de dialogue et de décision internationales et du crédit dont elle dispose auprès de ses partenaires. Le G20 n’est plus aujourd’hui une simple rencontre au sommet de deux jours mais s’est enrichi de toute une série de réunions ministérielles en cours de présidence qui ont chacune leur rythme et leur existence propres : affaires étrangères, finances et gouverneurs des banques centrales, agriculture, travail, santé, numérique.
Le programme de la présidence allemande se décline en cinq têtes de chapitre :
- amortir les chocs économiques et renforcer l’économie mondiale, promouvoir les réformes structurelles permettant de soutenir la croissance.
- Exploiter le potentiel du numérique.
- Instaurer une fiscalité équitable et fiable.
- Consolider l’architecture financière internationale et renforcer la stabilité des marchés financiers.
- Améliorer les conditions d’investissement grâce au «pacte avec l’Afrique».
Ce dernier point traduit clairement l’intention de l’Allemagne de s’engager dans le développement du continent africain, domaine où elle était jusqu’à présent bien moins active que la France.
Le risque que peut faire peser dans les circonstances actuelles une offensive américaine contre les mécanismes de concertation internationaux ou même un simple désintérêt guidé par la volonté de privilégier des préoccupations nationales ne doit pas être négligé. Il se présentera d’autant moins que l’Union européenne sera en mesure de faire contrepoids et d’opposer un front uni pour résister à des tentatives de jouer un partenaire contre l’autre. Le moment n’est certainement pas venu de mettre à mal l’édifice européen dont on a trop tendance à ne voir que les défauts et les échecs et à ignorer les acquis et les bénéfices. On ne combattra pas les effets négatifs de la mondialisation par un repli sur soi et l’illusion de l’isolement mais par le dialogue et le travail en commun. Les structures le permettant existent et l’Union européenne ne doit pas tomber dans le piège de ceux qui voudraient s’en détourner.
Dominique Chassard
Bénévole SNMUE