Très Saint-Père,

Nous venons de prier dans la basilique de Notre-Dame de la Garde, si chère au cœur des Marseillais. Et maintenant, nous voici devant cette stèle, érigée ici, face à la mer, en hommage aux marins et aux migrants qui ont péri dans le linceul des flots. Dans le cours de votre voyage à Marseille, cette étape est sans doute l’une des plus émouvantes. La Méditerranée qui s’offre à nos regards, si belle et si paisible, peut aussi devenir, nous le savons tous, un cruel cimetière. Quand des marins disparaissent en mer, c’est, bien sûr, un drame pour leurs familles, mais cela faisait partie des risques de leur métier. Mais quand des hommes, des femmes et des enfants, ne connaissant rien à la navigation, fuyant la misère et la guerre, sont dépouillés de leurs biens par des passeurs malhonnêtes, qui les condamnent à mort en les faisant monter sur des embarcations vétustes et dangereuses, c’est un crime ! Et quand les institutions politiques interdisent aux Organisations non-gouvernementales et même aux navires qui croisent dans ces eaux, de porter secours aux naufragés, c’est un crime tout aussi grave et une violation du droit international maritime le plus élémentaire.

Ceux qui sont ici avec vous ce soir, Très Saint-Père, vous remercient chaleureusement pour le courage et la ténacité avec laquelle, depuis dix ans, depuis votre tout premier voyage à Lampedusa, vous défendez la cause des personnes migrantes, envers et contre tout. Oui, en notre nom à tous, merci, cher Pape François ! Sont ici présents des responsables d’associations qui travaillent au service des migrants, que ce soient ce qui passent par la mer ou ceux qui passent par la montagne. Sont également présents les responsables de Stella Maris, le service international de la pastorale maritime, très actif sur le port de Marseille-Fos, qui concerne à la fois le diocèse de Marseille et celui d’Aix-en-Provence.

Mais je voudrais surtout souligner la présence des responsables de toutes les religions présentes à dans notre cité. La Ville de Marseille a été pionnière en créant, en 1990, sous l’impulsion de son maire, Robert Vigouroux, une instance appelée Marseille-Espérance qui réunit régulièrement tous ces responsables, dans le cadre de la laïcité républicaine, afin de veiller ensemble sur la paix et la cohésion sociale de notre grande cité. Les maires qui se sont succédé, Jean-Claude Gaudin, Michèle Rubirola, puis Benoît Payan, ont eu à cœur de favoriser cette contribution des religions à la paix et nous leur en sommes reconnaissants.

Avec vous, Très Saint-Père, nous voudrions maintenant nous recueillir, en pensant à ces visages de femmes, d’hommes et d’enfants qui, chaque jour et peut-être même ce soir, luttent pour survivre et espèrent des secours. Merci, cher pape François, de nous accompagner et de nous guider.

+ Jean-Marc Aveline, Cardinal archevêque de Marseille