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« Est missionnaire celui qui sait mettre la Parole en pratique » par le P. Humberto Boulangé Allègre

Témoignage d’un prêtre du diocèse d’Amiens, fidei donum à Lima (Pérou), sur le thème de la Semaine Missionnaire Mondiale 2021 : « Il est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu » (Actes 4, 20).

Depuis ma première mission hors de France, en 1988, j’ai toujours considéré comme en faisant partie le fait de communiquer ce dont nous sommes témoins.

D’ailleurs, il y a 30 ans, les paroisses, les mouvements, les écoles portaient un intérêt très grand à la réalité de ce qu’on appelle le « tiers-monde ». On nous demandait participer à des animations missionnaires. Nos vacances n’étaient qu’une vaste tournée de « bols de riz » en « journées missionnaires ».

Très vite surgit la question : « Que doit-on raconter, afin que cela reste un partage ? » Pas question de tomber dans le voyeurisme malsain qui ne retient que la pauvreté ou d’encourager la victimisation idéologique.

Notre Dieu est Parole, Il est le Verbe, Il vit au milieu de nous comme une présence réelle. Mes paroles doivent donc rendre compte de cette présence, de sa force et de son Évangile.

C’est l’écoute des personnes et des communautés qui devient le cœur de mon message. J’ai très souvent transmis des faits vécus, des initiatives originales et des expériences de vie qui m’ont rappelé les paroles du Christ, la force de l’Esprit ou la foi vivante de mes amis. J’ai donné des noms, j’ai situé les lieux, j’ai partagé la joie et parfois la peine que nous avions vécues.

Pour moi et pour mes amis, ce partage a donné du poids à leur vie souvent entachée de souffrances et d’exclusion. Ceci est une étape indispensable. C’est de début du chemin de la mission.

A cela, il faut ajouter quelques réflexions qui permettent que des changements puissent s’engager. Quand on disait : « Il faut que ça change ici, pour que ça change là-bas », on rappelait l’indispensable passage du témoignage à la conversion.

Un changement de regard

Quelques missionnaires se sont involontairement inclinés vers la culpabilisation. Cependant grâce aux espaces de rencontre entre missionnaires expatriés et la variété des communautés chrétiennes métropolitaines, on a pu créer une vaste réflexion conduisant même à un changement de regard de la part du touriste ou du simple professionnel international. Le voyageur au regard ouvert pouvait devenir missionnaires, et son cœur « à taille d’océan » passait de la connaissance à l’amour.

Non seulement, « il nous est impossible de nous taire », mais notre parole doit être portée par le témoignage personnel d’une vie offerte. C’est le signe qu’ont donné les martyrs d’Amérique latine, laïques et religieux qui, pour le développement des peuples ou pour la foi au Ressuscité, ont versé leur sang.

Ils se sont identifiés au Christ jusque dans la Croix. Ils sont devenus Eucharistie pour leur communauté.  Ils sont les témoins d’un Dieu qui se donne par amour.  Ils disent que le Christ est vivant et qu’Il nous invite construire une Maison commune de paix, de justice, d’amour.

Est missionnaire celui qui sait mettre la Parole en pratique, il est lui-même parole pour la vie.

Père Humberto Boulangé Allègre, prêtre du diocèse d’Amiens, fidei donum à Lima (Pérou).

 

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