A Montmorency, un tiers-lieu écologique dans un local paroissial
Mariée et mère de cinq enfants, Angélique Motte, 49 ans, a participé à la réflexion synodale sur l’écologie intégrale des évêques de France, en novembre 2019. L’année suivante, elle a suivi l’Université d’été sur « Laudato Si’: Une invitation à la sobriété. Consommer autrement ». Elle est à l’origine du « Sept », un tiers-lieu écologique – et prophétique – dans le diocèse de Pontoise.
Laudato Si’ pour livre de chevet
Fan de brocante et des encombrants, l’écologie fait partie de son éducation et de son quotidien, en participant à une collecte de vieux téléphones portables ou en organisant la Fête des Voisins. L’ancienne cheftaine scoute se souvient des « Kilomètres de soleil », un événement du CCFD-Terre Solidaire autour de la solidarité internationale. « La parole du Pape a permis d’incarner ce qui était déjà en moi », relit Angélique, pour qui la foi est « un cadeau reçu enfant ». Dire bonjour à la SDF près de son travail, offrir une clémentine à une famille qui mendie dans le train, sa façon d’aller aux périphéries est bien ancrée chez elle. « J’ai à cœur de créer des liens et des ponts » reconnaît-elle.
En novembre 2019 à Lourdes, elle prend part avec le P. Emeric Dupont, jeune curé de paroisse à Montmorency, et Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise, aux travaux des évêques sur l’écologie intégrale. « J’y ai retrouvé les intervenants du « Festival des Oasis 2018 » monté par Pierre Rabhi, l’initiateur du mouvement Colibris ». Elle y voit un signe que « l’Eglise se réveille ». L’année suivante, elle s’inscrit à l’Université d’été sur l’encyclique de pape François Laudato Si’. C’est le déclic ! « J’ai pris la décision d’arrêter de travailler pour monter un tiers-lieu ».
« Le Sept », lieu d’échanges et de partages
En lisière de forêt, Montmorency est un « havre de paix », situé dans un couloir aérien. La « jolie ville » est construite sur une pente qui mène à Enghien-les-Bains, commune reliée par le Transilien à la Gare du Nord, à Paris.
Délaissé depuis plusieurs années, un local paroissial devient, en 2018, le point de distribution des paniers de l’AMAP dont elle est présidente. « Cerises&Colibris », association qui oeuvre pour la transition écologique en Vallée de Montmorency, invite à prendre soin de son jardin et de la planète, y élit aussi domicile. « Mais l’idée est d’ouvrir un lieu fraternel… »
Sensible à la notion de développement humain intégral, le P. Dupont convainc l’évêque de monter une association « acultuelle ». « La Clairière » a pour objet social « le bien-être de la personne dans sa globalité, quelles que soient sa religion, sa couleur de peau, son étiquette politique… » et gère plusieurs lieux sur Montmorency dont le local au 7 rue Saint-Valéry.
Sur le trottoir d’en face, dans un centre d’hébergement de France Horizon, vivent une centaine de migrants, âgés de 20 à 50 ans. Deux Afghans sont les premiers à signer le livre d’or, après une session de nettoyage intensif du lieu qui a permis à tous les bénévoles de faire connaissance. Les chantiers participatifs donnent l’occasion de « faire avec », plutôt que « faire pour ».
Depuis janvier 2021, « Le Sept » abrite « Passeurs de sapes », boutique de vêtements où les vêtements passent et repassent. « La boutique est conçue pour que jeunes et moins jeunes trouvent agréable d’y flâner » explique Angélique. Ou comment réduire son empreinte carbone avec style ! Elle pense aussi aux budgets serrés. « A terme, nous voudrions obtenir de la Mairie et du Centre Communal d’Action Sociale des bons d’achat ».
Si le potager collaboratif est en cours de préparation, le café solidaire tout comme le restaurant partagé et la salle de spectacle attendent l’autorisation d’ouvrir au public. Pendant ce temps, atelier pour ados, cours de yoga et séances de méditation font vivre ce lieu aux propositions riches et diverses.
Diversité, biodiversité
Un jour, on cherche une brouette. Un autre, une trousse à pharmacie ! « Et tout arrive » constate Angélique, dont le leitmotiv est « Zéro déchets/zéro dépenses/zéro empreinte ». L’objectif final est d’ailleurs que « Le Sept » ne coûte plus rien à la paroisse. Et de proposer : « Valorisons le patrimoine immobilier de l’Eglise en mettant en location des biens pour créer du lien ».
Le projet suscite en effet de nombreuses rencontres et répond à une « soif de liens immense ». Quel plaisir de faire quelque chose juste à côté de chez soi ! « On peut faire énormément en local, confirme Angélique. Et l’avenir, c’est le local : s’intéresser à son quartier et prendre soin de ses voisins, des ados souvent seuls ».
Dans sa paroisse, au sein du groupe de parole « Chercheurs de sens », elle a pu témoigner de sa réflexion sur l’encyclique. Réinterroger ses besoins, comprendre pourquoi et comment on fait les choses, quelles pratiques plus respectueuses de l’Homme et de la Maison commune adopter… « On chasse nos peurs en fréquentant des gens qui nous ressemblent mais en fait, la richesse est dans la diversité » a-t-elle découvert.
Claire Rocher (SNMM)