« Appel à un sursaut citoyen au service du bien commun »
A l’approche du second tour de l’élection présidentielle, les Semaines sociales de France, ainsi que plusieurs partenaires du SNMM (CCFD-Terre solidaire, Délégation catholique pour la coopération, Fédération d’entraide protestante, JRS France ou encore Secours Catholique-Caritas France) appellent celles et ceux « qui se retrouvent dans les valeurs de la pensée sociale chrétienne (dignité de la personne, attention aux plus pauvres, responsabilité, promotion du Bien commun…) » à faire barrage à l’extrême droite.
A l’occasion de l’élection présidentielle, nous, responsables d’organisations chrétiennes, protestantes et catholiques, et le représentant de la Métropole grec-orthodoxe de France, Patriarcat Œcuménique, appelions à un large débat démocratique. Nous insistions sur trois défis majeurs : le scandale des inégalités qui frappent en premier lieu les plus vulnérables, l’urgence écologique, et la paix et le vivre ensemble dans une société fracturée.
A l’issue du 1er tour de l’élection présidentielle, la France est profondément divisée. Pour le 2e tour, deux visions de notre pays s’affrontent.
Une vision qui, sous un discours social, est fondée sur la préférence nationale, le rejet de l’étranger, menace les droits fondamentaux et contribuerait à aggraver les fractures. Cette vision dangereuse cache sous une pseudo défense de l’égalité son refus des libertés et de la fraternité et son attrait pour les régimes autoritaires. Elle nous enfermerait dans une France forteresse, aveugle aux enjeux écologiques. Or la liberté, l’égalité et la fraternité sont nos repères communs. La solidarité, l’hospitalité, le respect de l’autre et de la planète guident nos choix de citoyens.
Une autre vision promeut la démocratie et les valeurs républicaines, porte une ambition pour l’Europe et les enjeux internationaux, mais relativise l’urgence d’une véritable transition écologique et solidaire et traite avec brutalité les questions sociales.
Pourtant, toute la Bible nous rappelle que l’attention aux plus fragiles et l’accueil de l’étranger sont au cœur de notre foi.
Si la colère peut se comprendre au regard de certaines décisions politiques de ces dernières années, le vote à l’élection présidentielle doit être guidé par notre vision. Nous voulons une société ouverte, fraternelle, qui cherche à renforcer la justice, à combattre la pauvreté et les inégalités, à accélérer une transition écologique juste et solidaire. Nous aspirons à construire une Europe citoyenne, et à vivre une solidarité internationale renforcée, dans une société qui respecte les droits fondamentaux de tous, y compris ceux des étrangers.
Le pire doit être évité. Il ne peut pas l’être par l’abstention et le vote blanc.
Il n’est pas envisageable de choisir pour notre avenir un projet de société xénophobe, fondé sur le repli sur soi, la division de la société et l’atteinte aux droits humains. En conscience, nous ne pouvons qu’appeler à voter contre cette option mortifère.
Engagés aux côtés des personnes vulnérables, fragiles, nous connaissons leurs inquiétudes, leurs vies difficiles, mais aussi leur sens de la solidarité. Ce sont elles que nous accompagnons dans nos différents engagements pour leur permettre de devenir actrices de leur vie, de vivre dignement et d’exercer leur citoyenneté.
Pour l’avenir, notre pays a besoin de la participation de toutes les personnes qui y vivent, à commencer par celles qu’on ne voit pas, qu’on n’entend pas.
L’élection présidentielle n’est qu’une étape. Au-delà de ce second tour, il faudra rassembler tous les citoyens et les associer réellement à la construction d’une société accueillante, solidaire et respectueuse de l’environnement, combattre résolument les inégalités et la pauvreté, et favoriser le dialogue avec toutes les forces de la société civile.
Chrétiens engagés dans la vie économique et sociale, dans la solidarité en France et à l’international, nous continuerons notre action avec exigence et vigilance, confiance et espérance.
Liste des signataires sur le site des Semaines Sociales de France.