Quand mission, jumelages et fête se rencontrent…

Mgr Séraphin Rouamba (Burkina Faso), Mgr Petros Mouché (Irak), Mgr Camille Zaïdan (Liban), le Cardinal Philippe Barbarin

Mgr Séraphin Rouamba (Burkina Faso), Mgr Petros Mouché (Irak), Mgr Camille Zaïdan (Liban), le Cardinal Philippe Barbarin

Du 23 au 26 juin 2016 se sont déroulés, dans le diocèse de Lyon, quatre jours de fête autour de la mission, des vocations, des ordinations sacerdotales et, plus particulièrement cette année, des anniversaires des trois jumelages diocésains, Koupéla au Burkina-Faso (60 ans), Antélias au Liban (25 ans) et Mossoul en Irak (deux ans). Colette Bence, bénévole au SNMUE, y a participé. Voici ses réflexions autour de ces jours riches passés à Lyon.

 

« De toutes les nations, fête des disciples… »

C’est en curieuse que je suis partie à Lyon pour participer à la fête des Disciples, 23-26 juin : quatre jours pour faire mémoire de trois jumelages, approfondir le sens de la Mission et de l’engagement, célébrer des ordinations sacerdotales, vivre la fraternité. Fête des disciples à l’occasion de l’anniversaire de trois jumelages : 60 années du jumelage entre Lyon et Koupéla (Burkina Faso), 25 ans du jumelage avec Antélias (Liban), et deux ans de jumelage avec Mossoul. Chacun de ses diocèses était représenté par une délégation avec à sa tête son pasteur : Mgr Séraphin Rouamba pour Koupéla, Mgr Camille Zaidan, évêque maronite d’Antélias, Mgr Petros Mouché, évêque syriaque catholique, pour Mossoul.
Mon agenda ne m’a permis que de participer à la table ronde du jeudi 23 et au colloque du 24 juin. J’ai, avant tout, été sensible à la fraternité qui était tangible dès le premier soir : fraternité épiscopale entre quatre évêques venus d’horizons très divers, fraternité entre les personnes qui participaient au colloque. Sensible encore la proximité humaine et chrétienne qui s’exprime à travers les jumelages.

Au point de départ, une rencontre

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De toutes les nations, fête des disciples…

Un point commun et marquant entre ces jumelages : ils ne sont pas nés d’une longue réflexion spéculative mais d’une rencontre, d’un événement :
En juillet 1956, le cardinal Gerlier archevêque de Lyon, était invité à consacrer Mgr Dieudonné Yougbaré, premier évêque originaire de l’AOF et premier titulaire du siège de Koupéla. En accomplissant cet acte le cardinal Gerlier soulignait la transmission de l’Évangile à travers les âges par des personnes venues d’ailleurs : l’Église de Lyon qui a reçu l’Évangile par Polycarpe et Potin le transmettait son tour. Un appel lui est lancé : « L’Église de Lyon doit prendre en main l’enfant qui vient de naitre… »vous êtes un ‘pieu’ pour Koupéla ». Ce fut le premier jumelage diocésain mondial. Depuis soixante ans, ces deux diocèses, bien différents par leur géographie, leur histoire et leur culture, entretiennent des liens privilégiés basés sur la rencontre, la fraternité et l’annonce de l’Évangile.

Le jumelage de Lyon avec le diocèse d’Antélias est né dans le sillage de liens très anciens entre Lyon et le Liban, en effet dès le XIVème siècle les soyeux de Lyon y allaient s’approvisionner en cocons de soie. Dans le contexte dramatique de la guerre (guerre civile du Liban 1975-1990), alors que Lyon accueillait trois séminaristes libanais le cardinal Decourtray se rendit au Liban en 1985, ce fut le point de départ de relations privilégiées basées sur l’information, la prière, l’aide matérielle, le jumelage était en germe. En février 2003 une visite du cardinal Barbarin permit de le réactiver et de le doter d’une charte basée sur quatre piliers : ouverture, rencontre, partage, prière.

Le jumelage entre le diocèse de Lyon et le diocèse de Mossoul (diocèse syriaque-catholique) n’a que deux ans, il est né en juillet 2014 alors que le cardinal Barbarin était membre d’une délégation d’évêques français apportant son soutien aux chrétiens de la région de Mossoul-Erbil. Jumelage très dense par ses dimensions psychologiques, matérielles et spirituelles. L’émotion était encore palpable ce jeudi 23  juin lorsque Mgr Petros Mouché relatait la foi et la vitalité des communautés chrétiennes déracinées, vivant dans la peur et des conditions de vie très difficiles. « L’Église se porte bien d’un point de vue spirituel ». « Nous avons trouvé une grande famille avec le jumelage, la présence de chrétiens de Lyon le 8 décembre est d’une grande importance »

Les piliers d’un jumelage

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De toutes les nations, fête des disciples…

Dans chacun des jumelages se retrouvent 4 piliers : rencontre, connaissance mutuelle, communion dans la prière, et partage fraternel des richesses spirituelles, culturelles, matérielles… Un soutien fraternel qui se concrétise dans l’aide matérielle apportée au membre le plus fragile. Les besoins des chrétiens d’Irak sont immenses, le diocèse de Lyon s’est en particulier engagé dans la construction de l’école saint Irénée à Erbil, le Liban avec ses deux millions de réfugiés pour quatre millions d’habitants a aussi besoin d’être soutenu. « Le Liban miracle est permanent, mais il demeure dans sa fragilité, le jumelage est une source d’espérance » me disait Mgr Zaidan

Partager ses richesses c’est se mettre au service les uns des autres, si le diocèse de Lyon a eu par le passé des prêtres Fidei Donum au Burkina Faso, aujourd’hui il reçoit le soutien du diocèse de Koupéla, il est significatif que l’actuel curé de la paroisse Saint Irénée de Lyon soit un ancien vicaire général de Koupéla, le père Joel Tapsoba lequel s’est plu à citer le numéro 129 de l’exhortation post-synodale Ecclesia in Africa : « Aucune Église particulière, même la plus pauvre, ne saurait être dispensée de l’obligation de partager ses ressources spirituelles, temporelles et en personnel, avec d’autres Églises particulières et avec l’Église universelle (cf. Ac 2, 44-45) ….« La phrase prophétique de Paul VI – « Vous, Africains, vous êtes vos propres missionnaires » – s’entend ainsi : « missionnaires pour le monde entier ». […] Un appel est lancé aux Églises particulières d’Afrique pour la mission au-delà des diocèses ».

Un jumelage c’est l’affaire de tous

Tous les chrétiens du diocèse doivent être impliqués dans un jumelage diocésain, il doit être ouvert et porté par un plus grand nombre. Pour ce faire huit paroisses du diocèse de Lyon sont jumelées avec des paroisses du diocèse d’Antélias. Les deux Directions Diocésaines de l’Enseignement Catholique sont également jumelées ainsi que sept établissements scolaires, exemple le jumelage de l’établissement des Chartreux de Lyon avec le collège saint Georges de Zalka existe depuis 1992. Des jeunes Libanais sont actuellement présents à Lyon dans le cadre du 18ème échange entre les deux établissements. Chaque mois une Eucharistie est célébrée dans chaque établissement en communion particulière avec l’établissement jumelé. Il semble que cette pratique soit aussi celle des paroisses jumelées. Chaque année des jeunes Libanais participent au pèlerinage des jeunes Lyonnais à Lourdes….

Il existe également un jumelage entre l’Enseignement catholique de Lyon et celui de Koupéla, une convention a été signée à l’intérieur de la charte du jumelage diocésain en 2013. La contribution d’un euro par jeune scolarisé dans l’enseignement catholique du diocèse de Lyon a permis de financer la construction d’un collège à Koupéla. A chaque voyage à Koupéla, un chef d’établissement est invité. Et chaque passage à Koupéla est source de transformations chez les Français.

Communion missionnaire

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De toutes les nations, fête des disciples…

Connaissance mutuelle, partage matériel, ‘visitations’ réciproques, prière spécifique au jumelage sont la manifestation et les moyens par lesquels s’exprime la fraternité. Il a été plusieurs fois dit l’importance d’une délégation lyonnaise à Erbil le 8 décembre. Il y a presque en permanence une présence de jeunes Lyonnais sur Erbil, un jeune couple y partait le lundi 27 juin pour deux ans.

Il faudrait donner encore beaucoup d’exemples, citer d’autres actions car la fraternité pour ne pas être qu’un concept doit passer par de petites choses, par des actes concrets. Un jumelage est une réalité vivante toujours en devenir, il faut veiller à ne pas le laisser s’endormir ou se scléroser par l’habitude ou l’accaparement par quelques uns. Sœur Yolla et Mgr Zaïdan ont insisté sur l’implication des jeunes dans les jumelages, le besoin de formation, le renforcement de travail en équipe et d’engagements communs. Il faut noter que si Lyon est au centre des ces trois jumelages, la communion existe entre les trois entités : les élèves de Koupéla prient régulièrement pour les jeunes d’Erbil, la Vierge de Fourvière pèlerine dans les familles des élèves de l’enseignement catholique de Lyon et d’Erbil.

Une expression est beaucoup revenue durant ces deux jours, celle d’appartenance à une seule famille humaine, à une unique Église. La présence simultanée à Lyon de Mgr Rouamba, Mgr Zaïdan, et Mgr Mouché est un beau signe de communion ecclésiale. « Ouvrez vos maisons les uns aux autres sans murmurer. Comme de bons administrateurs du don multiple de l’Amour de Dieu, mettez-vous chacun au service de tous, selon le don reçu » (1 P. 4,9 et 10)

 « Quand l’amour de Dieu circule de manière vivante, active et brûlante entre nous tous, l’Église devient ce qu’elle doit être : une fraternité missionnaire »
Mgr Philippe Barbarin.

 

Colette Bence
29 juin 2016

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