Le jumelage entre les diocèses de Bordeaux et Doume-Abong-Mbang
Retrouvez la charte pour le jumelage entre le diocèse de Doumé Abong-Mbang au Cameroun et l’archidiocèse de Bordeaux en France, signée par Mgr Jan Ozga et le cardinal Jean-Pierre Ricard, le 18 novembre 2017.
Préambule
Dans l’Exhortation qu’il adressait aux Églises d’Afrique, en novembre 2011, le pape Benoît XVI déclarait alors : « Au-delà des différences d’origine ou de culture, le grand défi qui nous attend tous, est de discerner dans la personne humaine, aimée de Dieu, le fondement d’une communion qui respecte et intègre les contributions particulières des diverses cultures. Nous « devons ouvrir réellement ces frontières entre tribus, ethnies, religions, à l’universalité de l’amour de Dieu ». Des hommes et des femmes différents par l’origine, la culture, la langue ou la religion, peuvent vivre ensemble harmonieusement.» (Africae Munus, n. 39). Le défi que ce jumelage veut relever est le même : une communion au-delà des frontières, une fraternité entre des peuples aux cultures différentes, et une participation commune à la même mission d’annoncer l’Évangile aux hommes de ce temps. Un premier pas a été fait grâce à l’envoi par Mgr Jan Ozga du P. Bernard Zengue Alamba arrivé le 10 août 2010, dans le cadre bien précis d’une année sabbatique. Le premier lien est établi à la suite de la visite que Mgr Jan Ozga rend au Cardinal Jean-Pierre Ricard au mois de mai 2011et au P. Bernard Zengue Alamba. Ensuite, le 11 novembre 2011, arrive le P. Yves Maurice Zambo qui s’implique dans la pastorale du diocèse, ce qui va intensifier les relations. Mgr Jean-Pierre Ricard, à son tour, rend visite au diocèse de Doumé Abong-Mbang du 5 au 17 août 2016. Du 9 au 24 novembre 2017, Mgr Ozga s’est rendu dans le diocèse de Bordeaux, accompagné d’une délégation composée de Mgr. Alain Intimi, Vicaire général, du P. Étienne Gontran Engamba Sazang, Chancelier, du P. Junior Eddie Menkes, Économe diocésain et de M. Ludovic Rodrigue Junior Mvondo, Agent pastoral, afin de connaitre ce diocèse et d’étudier la faisabilité de ce jumelage. Aujourd’hui, cette charte du jumelage, promulguée dans les deux diocèses par Mgr Jan Ozga, évêque de Doumé Abong-Mbang , et le Cardinal Jean Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, veut préciser les grandes orientations et les modalités de leurs relations.
1- L’esprit et l’orientation du jumelage
Le but du jumelage est de favoriser une communion plus grande entre nos deux églises, de sorte que se manifeste davantage la catholicité de l’unique Eglise du Christ (Jn 17, 21). La vie du jumelage vise plusieurs objectifs et est bâtie sur trois axes :
1.1 La rencontre
Le jumelage entre nos deux Églises s’inscrit dans le mouvement plus large de la mondialisation. Nous avons d’abord à nous rencontrer et à nous découvrir sur le plan humain. Par des échanges et des visites réciproques, nous apprendrons à nous connaitre dans nos cultures différentes et à nous reconnaitre comme des frères et sœurs. Une convention en précisera les modalités.
1.2 La fraternité
Nos rencontres sont celles de deux Églises unies dans l’unique Famille du Christ. Notre communion s’exprimera et grandira par le partage de la prière, des expériences et de la réflexion. Au sein de « l’Église-Famille de Dieu», nos communautés se soutiendront et s’encourageront, et pourront même se corriger fraternellement. Ainsi allons-nous progressivement nous évangéliser mutuellement, comme le dit fort à propos le saint pape Jean Paul II : « En un monde qui devient toujours plus petit par suite de l’abolition des distances, les communautés ecclésiales doivent s’unir entre elles, échanger leurs énergies et leurs moyens, s’engager ensemble dans l’unique et commune mission d’annoncer et de vivre l’Évangile. Les jeunes Églises ont besoin de la force des Églises anciennes, et en même temps celles-ci ont besoin du témoignage et de l’impulsion des jeunes Églises, de sorte que chacune de ces Églises puise dans la richesse des autres » (Christifideles laïci, n. 35).
1.3 L’annonce de l’Évangile
Ouvertes à la dimension universelle, nos communautés ecclésiales s’engagent ensemble dans l’unique et commune mission d’annoncer et de vivre l’Évangile. En effet, nos deux diocèses se sentent conjointement responsables de la mission reçue du Christ.Nous aurons à cœur de partager nos difficultés et nos joies dans l’annonce de l’Évangile, ainsi que nos énergies et nos moyens. « Aucune Église particulière, même la plus pauvre, ne saurait être dispensée de l’obligation de partager ses ressources spirituelles, temporelles et en personnel, avec d’autres Églises particulières et avec l’Église universelle » (Evangelii nuntiandi, n. 50). Ainsi, le jumelage devrait être un rendez-vous du donner et du recevoir, fondé sur la fraternité, l’entraide, le partage d’expériences en vue d’un enrichissement mutuel. L’expérience de la synodalité vécue dans nos deux Églises nous aidera à marcher ensemble.
… que se manifeste davantage la catholicité de l’unique Église du Christ…
2- L’organisation et la vie du jumelage
Il s’agit avant tout de deux Églises qui apprennent à se découvrir, à partager leurs expériences, à s’entraider et contribuer chacune selon sa spécificité à l’éveil de la mission universelle de l’Église.
2.1 L’animation du jumelage
Le jumelage est placé sous la responsabilité des Évêques des deux diocèses. Il doit s’inscrire dans le projet d’ensemble de nos deux Églises ; il implique la participation de toutes les catégories d’acteurs ecclésiaux : laïcs, religieux (ses), diacres, prêtres et évêques. D’où la nécessité de sensibiliser au jumelage tous ces acteurs, condition pour que le jumelage soit une expérience d’Église-famille. Le caractère diocésain de ce jumelage évite ainsi de privilégier des relations trop individuelles. De part et d’autre, un conseil diocésain du Jumelage a pour rôle de sensibiliser tout le diocèse, d’organiser et de coordonner l’action dans l’esprit de cette charte. Il est chargé de l’animer et d’en assurer le suivi. Il a en particulier le souci de collaborer avec les acteurs pastoraux, dans les paroisses et les différents organismes diocésains, et d’être en lien avec les communautés ecclésiales vivantes. Le jumelage entre en synergie avec les Œuvres Pontificales Missionnaires. Il s’agit de développer un véritable partenariat autour des projets dans le domaine pastoral, social et caritatif. Une attention particulière est portée à la synergie d’action avec les organismes de solidarité.
2.2 Les principaux axes
Le jumelage entre nos deux Églises est appelé à se construire sur le plan humain, spirituel, social et matériel. Le conseil diocésain du jumelage des deux diocèses est chargé de préciser les objectifs, de choisir et de proposer des pistes d’actions pour que puisse s’établir un échange de vie et d’énergie entre nos deux Églises. Pour atteindre ces objectifs, nos relations ont à se développer à plusieurs niveaux :
- L’information : Une attention à ce qui se vit de part et d’autre ; ce qui suppose un échange régulier d’informations sur la vie de nos deux diocèses. Les principaux canaux sont les bulletins d’informations et les sites Web de nos diocèses. Les services de communication seront en contact régulier.
- La correspondance : Un échange entre les différents diocèses jumelés permet de promouvoir des relations de partenariat et de fraternité : paroisses, écoles et collèges ainsi que les organismes caritatifs. Tous les moyens possibles sont utilisés pour sensibiliser l’ensemble des fidèles aux activités du jumelage et les informer régulièrement.
- Les visites réciproques : Le jumelage s’inscrit dans le contexte plus large des relations entre Églises : visite fraternelle entre évêques, agent pastoraux, laïcs… La fréquence et les modalités pratiques des dites visites réciproques feront l’objet de conventions ultérieures. Le coordinateur diocésain de la pastorale du diocèse de Doumé Abong-Mbang en lien avec les conseils diocésains du jumelage organisera ces visites avec le concours du service diocésain des pèlerinages de Bordeaux.
- Les échanges de compétences : Cela peut se traduire sur le plan pastoral, culturel, éducatif et économique. Le jumelage peut s’exprimer et se vivre plus encore sur le plan des échanges d’acteurs pastoraux (missionnaires, prêtres Fidei Donum, volontaires laïcs, jeunes…) et du partage de la foi. Des prêtres du diocèse de Doumé Abong-Mbang pourront venir poursuivre leur formation académique et participer à la vie pastorale du diocèse de Bordeaux. Des stages pastoraux et de formation pour les séminaristes des deux diocèses pourront être organisés. Le diocèse de Doumé Abong-Mbang enverra dans l’archidiocèse de Bordeaux des prêtres dans le cadre d’un contrat Fidei Donum et vice-versa. Selon les besoins pastoraux ont pourra faire appel à des intervenants spécialisés dans l’un ou l’autre diocèse. Pour la période des vacances d’été, des prêtres de Doumé Abong-Mbang viendront aider dans le diocèse de Bordeaux pour la pastorale du tourisme pour une durée de deux mois.
- Le partage des biens : « Personne n’est si pauvre qu’il ne puisse rien donner ; personne n’est si riche qu’il ne puisse rien demander ». Les modalités pratiques, notamment en ce qui concerne l’échange des personnes et des biens, seront précisées, au fur et à mesure, par une convention entre les deux diocèses (réunions conjointes, visite de courtes durées, séjour de longue durée, etc.).
2.3 Évolution de la charte
En cas de besoin cette charte peut être amendée et améliorée grâce à la réflexion et à l’acceptation des propositions des deux côtés concernés. Comme toute vie qui est appelée à grandir, notre jumelage est appelé à se construire sur le plan humain, spirituel et matériel. Notre espoir est que se développent entre nos deux diocèses des relations selon la vision de l’Église peuple de Dieu et de l’Église-Famille à laquelle nous attachons beaucoup de prix. C’est pourquoi les délégués diocésains des deux conseils du jumelage entretiendront des rapports réguliers pour le suivi et le développement des actions entreprises. Tous les deux ans les conseils se réuniront pour faire le point et discerner ensemble des visites thématiques pour l’avenir. Pour être plus efficaces, ces directives devront être suivies d’un esprit de respect et d’estime mutuels, de charité fraternelle et avec un désir sincère de faire progresser nos Églises sur la voie de la sainteté, pour l’accroissement du Royaume de Dieu. « Ils se montraient assidus à l’enseignement des Apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2, 42).
à Bordeaux le 18 novembre 2017
en la fête de saint André patron du diocèse de Bordeaux
Jean-Pierre Cardinal Ricard, Archevêque de Bordeaux et Jan Ozga, Évêque de Doumé Abong-Mbang