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Jumelage Créteil-Butare-Cyangugu

De 2004 à 2019, vers le jumelage du diocèse de Créteil avec deux diocèses du Rwanda

Origine

En juillet 2004, une délégation de neuf évêques français se rendait en République démocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi pour apporter le soutien et la solidarité des catholiques de France à des Églises d’Afrique alors dans la tourmente. Parmi eux, Mgr Daniel Labille, évêque de Créteil et président de la Commission Épiscopale de la Mission Universelle de l’Église poursuivit cette visite fraternelle et se rendit à Kigali. C’est là qu’il fit la connaissance de Mgr Philippe Rukamba, évêque de Butare et de Mgr Jean-Damascène Bimenyimana, évêque de Cyangugu. De cette visite naquirent des projets et des initiatives de solidarité entre le diocèse de Créteil et ceux de Butare et Cyangugu.
Succédant à Mgr Labille, Mgr Michel Santier transforma ces relations en véritable amitié, entretenue par des visites régulières et l’accueil des prêtres Fidei Donum à Créteil.

A l’ été 2013, Mgr Santier visitait le diocèse de Cyangugu et participait aux cérémonies d’ordination sacerdotale à l’île de Nkombo ; en novembre 2016, il prêchait la retraite annuelle de tous les prêtres de Cyangugu, puis celle des neuf évêques du Rwanda en mai 2018. Grâce à cette amitié Mgr Bimenyimana et Mgr Rukamba furent à plusieurs reprises les hôtes du diocèse de Créteil : dédicace de la cathédrale en 2015, clôture du synode diocésain en octobre 2016, ordination presbytérale de l’abbé Jean de Dieu Manansenga.
De ces rencontres naquit le désir de concrétiser les relations fraternelles entre les diocèses par des jumelages.

Rwanda-carte. Jumelage Créteil-Butare-Cyangugu

Carte du Rwanda avec indiqué les diocèses de Cyangugu et Butare.

Concrétisation

Les chartes des jumelages viennent d’être signées, entre Mgr M. Santier et Mgr Rukamba d’une part, Mgr Santier et Mgr Hakizimana administrateur apostolique de Cyangugu d’autre part. Chacune de ces chartes rappelle l’historique des relations bilatérales, Créteil-Butare, Créteil-Cyangugu.
Une délégation de 29 personnes est allée, du 8 au 19 janvier 2019 à la rencontre des Églises de Butare et Cyangugu. La délégation était représentative de la population du diocèse de Créteil : prêtres, religieux, religieuses, laïcs de diverses origines. Ce voyage a commencé par une rencontre avec Le Père Marc Antoine, père Blanc, qui vit au Rwanda depuis 40 ans. Il a donné aux participants un aperçu de l’histoire politique et religieuse du Rwanda. Ensuite le groupe a pris la route de KIBEHO pour un pèlerinage marial suivi de rencontres diverses et de visites touristiques.

Découvertes

Cette ‘visitation’ à des Églises qui ont beaucoup souffert du génocide de 1994 a profondément marqué les membres de la délégation. Dans les lieux visités de nombreuses plaques commémoratives témoignent du drame vécu par le peuple rwandais. Si le terme de génocide est sur toutes les lèvres, un processus de réconciliation est en route et pour ce faire la place de l’Église est fondamentale. Dans une lettre pastorale datée du 18 janvier 2018, les évêques invitaient le pays tout entier « à poursuivre le chemin déjà entamé dans le cadre de la réconciliation, en nous réconciliant avec Dieu, avec nous-mêmes, avec nos frères et sœurs et avec l’environnement, en réponse à l’appel du Pape François….Il est vital de distinguer le pécheur de son péché et de son offense, pour arriver à la vraie réconciliation » concluaient les évêques. Parmi les récits entendus, le témoignage d’une femme qui a eu ses quatre enfants massacrés, suivi de celui du génocidaire a bouleversé le groupe, Victime et bourreau ont partagé un cheminement de résilience et de réconciliation qui s’échelonne sur onze années. Voir ces deux personnes repartir ensemble était poignant… Le chemin du pardon est long mais possible.
D’autre part, les participants ont été frappés par la densité de la population, par sa jeunesse, par le nombre important de prêtres et de séminaristes, par la vitalité des chrétiens. La structure organisationnelle de l’Église diocésaine se fonde sur les Communautés Ecclésiales de Base, une paroisse en compte environ quinze, c’est sur ces communautés qu’est fondée une pastorale d’évangélisation dynamique. Il existe de nombreuses chorales sur lesquelles s’appuie la pastorale des jeunes, le Secours Catholique est très présent et actif. Ces deux diocèses sont significatifs d’une Église qui envoie : une dizaine de prêtres rwandais sont présents dans le diocèse de Créteil, d’une Église qui accueille : le groupe a visité une communauté de religieuses brésiliennes de la congrégation des Serviteurs et Servantes de Marie du Cœur de Jésus arrivées depuis peu.
Il faudrait aussi parler des femmes, de la condition féminine qui évolue rapidement. Les femmes travaillent beaucoup, beaucoup de choses reposent sur elles ; de plus en plus, elles s’organisent en coopératives, forment des groupes d’entraide. A l’intérieur de l’Église la Commission de la Famille travaille pour faire respecter les textes instaurant la parité hommes-femmes et vaincre les mentalités réticentes.

Un défi à relever et à concrétiser

Faire vivre une communion au-delà des frontières, cultiver la fraternité entre des peuples aux cultures différentes, et s’engager ensemble pour l’annonce de l’Évangile :  « La grâce du renouvellement ne peut croître dans les communautés à moins que chacune d’entre elles n’étende le rayon de sa charité jusqu’aux extrémités de la terre, et qu’elle n’ait, pour ceux qui sont loin, une sollicitude semblable à celle qu’elle a pour ceux qui sont ses proches membres » (Ad gentes, n°37).

Marie Louise Camara
Colette Bence
Février 2019

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