L’alternance démocratique en Afrique ?
Afrique, la légende rose : croissance démographique et économique, richesses minières et pétrolières, marchés émergents, l’Afrique est le continent de l’avenir. Afrique, la légende noire : enfants affamés et enfants-soldats, pauvreté, guerre et corruption. En attendant le réchauffement climatique… Le défaut commun à ces deux versions, c’est qu’elle n’envisage l’Afrique que pour s’y enrichir, s’en protéger ou pour la secourir. Au choix de l’observateur cupide, peureux ou charitable. Les populations africaines ont disparu. Leurs intérêts, projets, rêves, les spécificités de chaque pays, les aspirations des jeunesses du continent… il n’en est plus question.
L’actualité apporte un démenti cinglant à cette vision passive de l’Afrique. Le mouvement démocratique du Sénégal, la révolution burkinabé, ce dynamisme des populations, où est-il passé dans nos analyses savantes ? Des milliers de jeunes, d’intellectuels, d’artistes, de religieux ont manifesté qu’en Afrique, il y avait des hommes et des femmes qui veulent reprendre leur destin en main.
La soif de démocratie est universelle. Le pouvoir en Afrique est aux mains d’hommes forts : particularisme culturel, démocratie à l’africaine ? Et l’on passe sous silence les mouvements sociaux et politiques qui protestent contre la confiscation du pouvoir et des richesses.
La démocratie ne s’exporte pas, elle se conquiert. Qui a renversé le dictateur Compaoré ? Non pas les bombes occidentales. Mais un million de manifestants désireux de faire le ménage à coup de balai citoyen.
La démocratie est le meilleur garant de la stabilité. Là où la peur et la corruption empêchent toute expression, la colère couve. Et un jour, le volcan entre en éruption. La dictature prépare l’instabilité.
Une période clé s’ouvre pour l’Afrique. En 2015-2017, une conjonction de fins de mandats et d’échéances électorales pourrait marquer la fin d’une douzaine de régimes archaïques et autoritaires.
Antoine Sondag
mars 2015
Sur ce sujet de l’alternance démocratique, on lira le numéro de Développement et Civilisations consacré à ce sujet (DevCiv-425 2015). On pourra aussi s’informer sur le site Tournons la page. La plateforme « Tournons la page » regroupe de nombreuses associations et ONG, et des personnalités de la société civile de divers pays d’Afrique et d’Europe. En Afrique, comme ailleurs, pas de démocratie sans alternance.