Le Mozambique, avant la visite du pape
Du 4 au 6 septembre 2019, le pape François se rendra au Mozambique, un voyage marqué par la triple dynamique : espérance, paix et réconciliation. Au programme initialement prévu pour la journée et demie que le pape François passera dans le pays, a été ajouté une visite dans un foyer de soutien aux enfants des rues, la Maison Matteo 25, mentionnée dans la dernière partie de cet article.
L’Église au Mozambique
Le pays
Le Mozambique est un pays lusophone d’Afrique orientale sud avec une superficie de 801.590 km2. Sa population est de 29.067.000 habitants.
Le Mozambique est devenu indépendant le 25 juin 1975 ; Samora Machel a été le premier président. Suivant le régime communiste, Samora Machel et la FRELIMO (Front de libération du Mozambique) essaient de diminuer l’influence des religions, développent la réforme agraire et luttent contre le tribalisme.
En 1976, la guerre civile se déchaîne entre la FRELIMO et la RENAMO (Résistance nationale Mozambicaine) soutenue par l’Afrique du Sud et par les États-Unis d’Amérique. Avec la guerre civile, le Mozambique entre dans une telle dégradation socio-économique qu’en 1986 le pays est considéré comme le plus pauvre du monde par les économistes. Il faut noter que Samora Machel est mort cette même année.
En 1992, la guerre civile terminée, la démocratie est instaurée et la RENAMO est reconnue comme un parti officiel. Le Mozambique devient une république dont le président est élu pour 5 ans.
Nous pouvons dire que, jusqu’en mars 2019, lors du passage du cyclone IDAI, le Mozambique était un pays « peu connu » sur le plan mondial.
Implantation et mission de l’Église
L’Église catholique a été implantée dans ce pays en 1500 par les missionnaires franciscains. Elle est appelée à y être témoin de l’évangile de Jésus Christ mort et ressuscité. En effet, l’activité missionnaire portugaise commence au XVIème siècle avec les Jésuites et continue au XVIIème avec les Dominicains.
Premier pays de la côte orientale à recevoir les messagers de l’évangile, le Mozambique est le pays le moins christianisé du sud de l’équateur. Le premier prêtre mozambicain a été ordonné seulement en 1953.
Depuis son implantation jusqu’en 1975, l’Église catholique a vécu selon le modèle propre au pays d’origine de ses évangélisateurs et l’Esprit de Dieu a fait que les adeptes du christianisme soient convaincus de leur foi.
Après l’indépendance, l’Église au Mozambique a repensé sa manière d’être et les lignes de son action pastorale. En conclusion de leur première Assemblée pastorale en septembre 1977, les évêques ont opté pour : «Une Église famille, insérée dans les réalités humaines et ferment de la société». Aujourd’hui, le Mozambique compte 12 diocèses dont 3 archidiocèses, plus de 2000 religieux et religieuses.
Certaine qu’«une tête seule ne peut pas soulever un toit », la seconde Assemblée nationale de pastorale de la Conférence Épiscopale Mozambicaine – CEM, a proposé à tous, ministères ordonnés et ministères non ordonnés sans exception, de contribuer à l’ édification de l’Église locale. Aussi, dès la première Assemblée après l’indépendance du pays, les évêques se sont préoccupés de la concrétisation :
– De l’annonce de la Parole de Dieu, de la communion dans la foi et dans l’amour,
– De la formation des agents de pastorale,
– De la création de petites communautés chrétiennes de façon à favoriser l’initiative et la responsabilité de tout le peuple de Dieu dans l’édification de l’Église locale,
– D’une pastorale d’ensemble de plus en plus effective au niveau des diocèses,
– De la reconstruction de la dignité de la personne et la justice sociale grâce à la réconciliation et à l’évangélisation.
Quant à la liberté religieuse, la Constitution de la République du Mozambique interdit «la discrimination pour motifs religieux » et l’art. 54 de cette même Constitution dit : «tous les citoyens sont libres de pratiquer ou non une religion».
Une Église famille … ferment de la société
Religions
Chrétiens : 56,1% dont 29% de catholiques
Musulmans : 17,9%
Religions traditionnelles : 17,8%
Sans religion : 8,2 %
Même si la liberté religieuse est garantie par la Constitution, la présence de nombreuses sectes et l’extension de l’islam au Mozambique peuvent représenter une menace pour l’avenir de l’Église catholique dans le pays.
La dimension sociale de l’Église catholique au Mozambique
Le choix fait par l’Église catholique du slogan/thème : « Espérance, Paix et Réconciliation » pour la visite du Pape François du 4 au 6 septembre prochain, reflète bien la situation socio-politique préoccupante et le désir d’arriver à une solution heureuse pour toute la population mozambicaine.
En effet, la paix n’est pas encore un bien acquis et, par conséquent, la réconciliation, résultat d’une paix profonde, n’est pas effective non plus.
L’Église catholique au Mozambique d’après l’indépendance, qui se veut simple et sans triomphalisme, a toujours été et continue à être très présente près des gens avec des actes concrets :
– L’implication de l’Église catholique dans le Processus de Paix, durant 4 ans, en la personne de D. Jaime Gonçalves, représentant de la CEM et personnage central pendant les négociations de Paix entre la Résistance, la RENAMO, et la FRELIMO, témoigne de l’importance que l’Église catholique accorde à la stabilité et au développement du pays.
– Le rejet de la violence et des attaques contre les villages à Cabo Delgado par le Secrétaire Général de la CEM,
– La quête faite dans le diocèse de Inhambane, à Noël 2018, en faveur des victimes des attaques dans la Province de Cabo Delgado,
– Le Programme « Mt 25 » de l’Archidiocèse de Maputo, montre comment l’Église au Mozambique, tournée vers Dieu et vers les gens, est une Église prophétique, en communion avec le Pape et son magistère ; fidèle aux initiatives du Pape.
Selon le Programme « Mt 25 », une des œuvres de miséricorde, à l’initiative de la Nonciature apostolique au Mozambique en lien avec l’Église locale, consiste dans ce qui suit : « Mt 25 » sort toutes les nuits, « dans des lieux déterminés » de Maputo pour offrir un repas chaud à ceux qui en ont le plus besoin, surtout les enfants et les jeunes de la rue. Ce sont surtout les congrégations religieuses (chaque congrégation a un jour par mois) qui offrent ces repas. Il y a trois centres dans la ville pour ces repas. Avant chaque repas, il y a une animation : des cantiques, des phrases simples de l’Évangile, une prière ; puis on se lave les mains et on mange.
– La Campagne de solidarité lancée par le secrétaire de la CEM, D. Luiz Fernando Lisboa, évêque de Pemba ; l’aide rapide offerte aux victimes du cyclone par la Caritas ;
Ainsi que le communiqué de ce même évêque qui rappelle l’existence du Centre de Gestion des calamités et qui appelle les populations à être attentives aux orientations de ce Centre.
– Un abri offert aux sinistrés par le curé dans l’église Nossa Senhora Auxiliadora à Pemba, sans distinction de races ni de religions. Devant cet acte de charité et d’humanisme, un musulman, bénéficiaire de cet abri, a déclaré qu’être logé dans une église catholique ne voulait pas dire qu’il avait renoncé à sa foi.
L’Église au Mozambique, définie comme « Église Famille » 18 ans avant le premier Synode pour l’Afrique, continue à être signe d’espérance pour le Peuple. La venue du Pape, annoncée 12 jours après le passage du cyclone IDAI, est accueillie comme une bénédiction et un signe de solidarité avec le peuple mozambicain.
Par les Sœurs de Saint Joseph de Cluny au Mozambique
A propos de la visite pastorale du pape dans l’Océan indien, on lira aussi :
– Madagascar, avant la visite du pape
– Maurice, avant la visite du pape
Article de Vatican news : Mozambique, Madagascar, Île Maurice : le pape soulignera « les signes d’espérance »