Tous solidaires pour un Tchad nouveau
En cette veille de Noël 2020, la Conférence épiscopale du Tchad publie son traditionnel message, « Tous solidaires pour un Tchad nouveau » qui fait suite à « Le Tchad que nous voulons ». Centré sur l’image de la marche, déclinée dans les trois parties de la lettre et reprenant en exergue la demande du Seigneur à Abraham : « marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1), ce message, sans perdre « de vue la grave situation due à la Covid-19 qui a failli faire voler en éclats notre espérance », aborde « les problématiques de la cohabitation pacifique, de l’exclusion de certains de nos concitoyens de la chose publique, pour redonner ainsi espoir au peuple tchadien ».
« Dieu marche avec son peuple », dans toute l’expérience biblique et dans l’expérience de son peuple, l’Église au Tchad. Dans cette marche commune, tous sont appelés à lire les signes des temps pour y discerner les signes d’espérance.
« Le peuple tchadien marche-t-il avec son Dieu ? » brosse le portrait du pays à l’heure de la Covid, « devenue partie intégrante d’une crise plus importante provoquée par des problèmes tels que le chômage, le changement climatique, les guerres ou encore les déplacements forcés ». Les espoirs que beaucoup de jeunes mettaient dans une annonce de recrutement dans la fonction publique se sont heurtés à l’injustice dans le traitement des dossiers ; les conflits communautaires continuent, et il semble difficile d’y trouver une solution « étant donné l’absence de l’autorité de l’État, l’arbitraire appliqué dans la gestion de ces conflits, (…) et l’ingérence du politico-militaire dans le système judiciaire ». Les armes circulent, la revendication des droits fondamentaux est interdite, la vie politique se limite à une utilisation électorale des citoyens. Sur le plan social, les intempéries avec les inondations qu’elles ont provoquées n’ont fait que mettre en lumière les graves lacunes de l’urbanisme, tout en accentuant la fracture sociale.
Dans la situation de la pandémie mondiale et les inondations, la foi s’est également manifestée, dans le culte comme dans des initiatives de fraternité et de solidarité, portées par des croyants de toutes confessions. La foi est appelée à « éclairer et féconder les autres relations vitales que chaque croyant est appelé à tisser avec les autres croyants » et devrait empêcher de recourir aux marabouts.
« Marchons ensemble vers une nouvelle espérance au Tchad », enfin, adresse une série de recommandations, au peuple, aux croyants, aux acteurs politiques, aux gouvernants et législateurs et au chef de l’État. Même si le Tchad n’est pas bien placé dans le classement « en matière de développement, de bonne gouvernance, de politique de la santé, d’éducation et de sécurité », les évêques affirment que tous ont à prendre leur part pour, ensemble, « relever le défi en concevant d’une manière positive et responsable la gestion efficace et efficiente des ressources que la Providence a mises à notre disposition ».
Message de Noël 2020 de la Conférence épiscopale du Tchad
Annie Josse
Décembre 2020