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Agnieszka, « toubib-compagnon » en RD-Congo

Infirmière et missionnaire laïque en République Démocratique du Congo, Agnieszka Nowak travaille à l’hôpital général de Bunkeya, tenu par les carmélites missionnaires, dans le diocèse de Lubumbashi, au sud du pays. Polonaise, c’est à l’accueil Marie Saint-Frai, à Lourdes, qu’elle s’est préparée à cette mission.

En mission ici, je suis « toubib ». Je dirais même « toubib-compagnon ».

Compagnon dans la prière, compagnon dans la vie quotidienne, parfois je suis les yeux des lépreux qui ne voient pas ou la béquille de ceux qui ne peuvent pas marcher seuls. Je suis un peu comme un errant entre le malheur et le sourire.

Ici, je découvre de façon palpable que la vie est un déplacement. Je suis loin du monde que je connais, arrachée à tout confort. Je suis dans la confusion entre ce que je pensais déjà connaître et ce qui se dévoile progressivement. Je suis égarée parmi les différences culturelles, sociales, intellectuelles ou religieuses. J’avance d’un pas et je recule de cinq, ne pouvant absolument pas saisir la réalité. Dans cet éventail de chemins, je découvre que le chemin le plus important est celui qui mène vers la connaissance de soi-même, vers la connaissance de l’autre et vers la découverte de ce que je peux vraiment partager.

Ma vocation missionnaire, c’est le chemin de l’écoute, de l’accompagnement et du silence qui permet au malade d’exprimer sa souffrance et à moi de la partager avec lui. Ceci tout simplement à travers la présence et la disponibilité. Il me faut prendre à bras le corps cette situation où je suis avec quelqu’un sans savoir l’aider, même si j’aurais tellement souhaité le faire. J’y suis sans me retirer, sans baisser la tête ; je le tiens courageusement par la main.

Missionnaire ou « super héros » ?

Avant, je pensais que je partais en mission pour être un « super héros » qui sauve les vies. Aujourd’hui, je sais que je reçois beaucoup plus que je ne peux donner. Je sais que c’est ma vie qui peut être ici sauvée, ici parmi les plus pauvres, simples, rejetés, isolés. Ce sont eux qui m’apprennent comment aimer.

Nous avons tous des dons reçus gratuitement que nous pouvons partager, des talents personnels, notre foi, notre sourire, le sens de l’humour, la parole bienveillante, le savoir-faire ou la générosité… Les personnes que nous rencontrons en mission ne demandent pas beaucoup – une simple présence peut devenir signe de l’amour de Dieu dont nous sommes les envoyés. Mais il nous faut le croire, croire que Dieu est présent et agit à travers nous et que c’est lui qui nous rend capables de devenir témoins de sa présence au quotidien.

Il est merveilleux que nous les laïcs, nous vivions cette mission en union de cœur avec les prêtres et les personnes consacrées. Que ce soit à Cracovie (Pologne), au Congo ou à Lourdes, cette union de cœur est un signe de l’amour de Dieu pour le monde.

Agnieszka Nowak

La vocation se trouve là où se déverse notre amour

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