Nouvelles du P. Alfonso Bartolotta de Madagascar
Après huit mois de découverte-expérience missionnaire, notre ami, le P. Alfonso Bartolotta, de la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée (omi), nous donne des nouvelles de Madagascar où il se trouve en année sabbatique. En juin 2024, il a parcouru les villages de Akamasoa, Marolambo, Ankodona, Ambinanisanaho et Marolambo. Cinq destinations à la rencontre des populations locales. Témoignage.
Akamasoa, le village de l’espoir
Dimanche 2 juin 2024. Solennité du Saint-Sacrement. Après 14 ans, j’ai la chance d’aller encore une fois à Akamasoa, le village de l’espoir fondé par le renommé Père Pedro. J’aurais voulu le revoir mais il était parti témoigner de sa foi en Europe. Je me suis présenté à son remplaçant – le père Antoine – pour demander si je pouvais concélébrer avec lui. Sa réponse aussitôt non seulement est positive mais il me propose également de prendre la parole, après l’évangile, pour délivrer un message aux quelques 5000 enfants dans le grand hangar-église.
J’ai eu la même joie immense que la première fois, me retrouvant entouré par une foule joyeuse d’enfants et d’adolescents comme dans un stade. Ensemble pour rendre grâce à Dieu et demander la paix dans le monde. Avant la bénédiction finale, je suis invité à dire un au-revoir et un dernier mot à toute l’assemblée. Ce dimanche, comme celui de 2010, restera inoubliable et bien gravé dans mon cœur.
En mission à Marolambo
Du 4 au 13 juin. C’est à la fois la dixième et la dernière visite-découverte des missions où les missionnaires oblats sont présents depuis 1980. C’est également le lieu de mission le plus vaste – au service d’environ 200 communautés chrétiennes – et le plus éloigné car difficile d’accès. Dans la plupart de ces villages on peut accéder en moto ou après de longues heures de marche à travers collines et montagnes, forêts et rivières essentiellement, pour annoncer la Bonne Nouvelle et célébrer les sacrements.
J’ai voyagé avec mon confrère, le père Léonce, en petit avion humanitaire de l’église luthérienne qui emmène de temps en temps les médicaments destinés à l’hôpital et aux dispensaires. Un avion de 9 places et un vol de courte durée (45 minutes) qui nous a permis de survoler et d’admirer une partie de la grande île de l’océan Indien – Madagascar vue du ciel – et surtout de contempler l’immensité de la terre, la beauté de la nature, ses couleurs, ses paysages si variés et uniques. La nature si verdoyante est décidément majestueuse : le sol, recouvert de toutes sortes d’arbres et arbustes, nous offre progressivement une très grande forêt. Puis, de temps en temps, surgissent des cours d’eau ressemblant à des fils d’or brillants, grâce à l’éclairage naturel des rayons du soleil, ou encore des maisonnettes et de petits villages entourés par une nature époustouflante. Et enfin l’atterrissage sur une courte piste goudronnée, au cœur de la nature, tout près de la mission de Marolambo où résident sept missionnaires oblats.
Lors de la messe ordinaire en semaine – le matin à 6h30 ou à 18h – il y a entre 150 et 300 fidèles. Tous viennent à l’heure, désireux de grandir dans la foi, de prier et de chanter ensemble pour former une véritable communauté croyante et chrétienne.
En route vers Ankodona
Samedi, 8 juin. Je pars avec mon confrère, récemment ordonné prêtre, le père Hyacinthe ; pour tous les deux c’est la toute première découverte à la fois du village et de la communauté chrétienne d’Anqodona qui se trouve à 4 heures de marche dont 3 dans la forêt.
Le catéchiste et trois jeunes du village sont venus nous chercher et nous accompagnent. Après une heure de marche sur la grande piste en terre rouge, nous attaquons sous le soleil, pendant 45 minutes, l’un derrière l’autre, la longue montée raide qui nous introduira progressivement dans la forêt. Les sentiers heureusement sont secs mais il y a plusieurs ruisseaux et petites rivières à traverser, y compris deux ponts – à vrai dire deux troncs d’arbres – sur lesquels il faut marcher. Puis on passe de la zone ensoleillée à celle ombragée et humide dans les entrailles de la forêt si verdoyante. Les sentiers deviennent de plus en plus étroits, la végétation dense, nos corps frôlent à droite et à gauche les herbes et les arbustes de toutes sortes. La beauté d’un tel cadre naturel fait disparaître la fatigue causée par la chaleur et les sentiers sinueux.
Nous terminons notre route après le coucher du soleil. La lumière des torches ou des téléphones portables nous éclaire sur les sentiers et nous évite de glisser. Les voix venant de l’obscurité nous rassurent, signifiant que nous approchons du village. Mais une dernière épreuve nous attend ; avant d’arriver au village, il faut traverser un étang, avec de l’eau jusqu’aux genoux, encouragés toutefois par les chants de gens invisibles dans l’obscurité.
Comment proclamer sans être envoyé ?
Puis tous les gens, comme lors d’une procession, nous accompagnent jusqu’à la maison en chantant et en frappant des mains. C’est vraiment touchant de voir un accueil si chaleureux et joyeux envers les missionnaires. Une phrase de l’ancien et du nouveau testament me revient à l’esprit : « Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut, et vient dire à Sion : Il règne, ton Dieu ! » (Is 52, 7).
« Comment proclamer sans être envoyé ? Il est écrit : Comme ils sont beaux, les pas des messagers qui annoncent les bonnes nouvelles ! » (Rom 10, 15).
Dès l’arrivée, nous avons droit à une tasse de café ou de thé traditionnels et à la dégustation de beignets ; ensuite un simple et fraternel dîner avec les responsables. La nuit se passe bien, bercés par le silence de ce village si enclavé.
Dimanche, 9 juin. Nous nous mettons à la disposition de ceux qui veulent recevoir le sacrement de la réconciliation. Puis la messe dans l’église en bois et ses bancs en bambou ; une célébration de 2 heures bien animée par la chorale pour une assemblée d’environ 250 fidèles dont beaucoup d’enfants et une douzaine d’enfants de chœur.
À la fin de la messe, plusieurs discours de remerciements de la part des responsables de la communauté chrétienne. La dernière nuit nous sommes bercés par le rythme irrégulier de la pluie qui résonne sur le toit en tôle de notre case.
Lundi, 10 juin. Dans la matinée, comme pour l’aller, nous sommes accompagnés pour le voyage de retour. Trois heures de marche traversant la forêt mais cette fois-ci les sentiers sont boueux et glissants. Il faudra donc faire davantage attention et être prudents.
En route vers Ambinanisanaho
Vers midi, nous arrivons sur la grande piste en terre rouge pour visiter le village de Ambinanisanaho où la communauté chrétienne nous attend en chantant pour notre arrivée. Vers 15h nous allons dans l’église en bois pour célébrer la messe avec une quarantaine de fidèles et cinq enfants de chœur.
Le retour à Marolambo
Mardi, 11 juin. Le catéchiste et deux adolescents nous accompagnent jusqu’à la mission à une heure de marche sur la grande route en terre rouge souvent boueuse…
Mercredi, 12 juin. Lors de ma dernière messe à 18h avec l’assemblée du village, le responsable de la communauté chrétienne prend la parole pour me remercier de la visite et du séjour parmi eux. Puis en guise de souvenir, une femme vient mettre un chapeau malgache sur ma tête tout en nouant un pagne autour de mes reins. À mon tour, je leur dis toute ma reconnaissance et ma joie d’avoir découvert cette belle mission si vaste ; je les assure aussi de ma prière tout en me confiant à la leur.
La soirée s’achève autour d’un repas convivial avec mes confrères qui m’ont manifesté leur joie en m’offrant une bouteille de miel et un autre pagne.
Jeudi, 13 juin. Après la messe de 6h30, derniers préparatifs pour le vol de retour vers la capitale, en compagnie de mon confrère Élysée. Dans le petit avion, 4 passagers et le pilote, et surtout beaucoup de marchandises. Puis un vol de 45 minutes d’une pure beauté : un merveilleux spectacle naturel s’ouvre à nos yeux pour admirer une dernière fois la splendeur de la création éclairée par un soleil radieux.
« Que la terre bénisse le Seigneur :
À lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, montagnes et collines,
bénissez le Seigneur,
et vous, les plantes de la terre,
bénissez le Seigneur,
et vous, sources et fontaines,
bénissez le Seigneur !
Et vous, océans et rivières,
bénissez le Seigneur. »
(Dn 3, 74-78).
Et moi-même, après huit mois de découverte-expérience missionnaire à Madagascar, je bénis le Seigneur – les confrères, les bienfaiteurs, les personnes rencontrées – à lui, haute gloire, louange éternelle ! Merci à tous !
Alfonso Bartolotta
Juillet 2024
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