Confiance, n’ayez pas peur : message des évêques du Cameroun

Cameroun : la tribune des évêques de la conférence du Cameroun

La Conférence épiscopale nationale du Cameroun (Cenc) a clôturé son séminaire annuel le 11 janvier 2025 par la publication d’un message appelant à l’urgence face aux crises que connait le pays.

En 1990, les évêques avaient publié une lettre pastorale sur « la crise économique dont souffre le pays ». En ce début d’année 2025, leur message est à nouveau centré sur la « situation particulièrement préoccupante de notre pays », alors qu’une élection présidentielle est prévue en octobre.

S’appuyant sur des extraits de la Bulle de l’année jubilaire appliqués à la situation du pays, et sur la conviction que l’Église ne peut rester indifférente au désespoir exprimés par tant de nos contemporains, les évêques affirment que « ces derniers temps, les angoisses de la grande majorité des Camerounais se sont transformées en cris de désespoir face à la misère qu’ils traversent et à la dégradation de notre beau pays, le Cameroun [et que leurs] consciences de pasteurs et de citoyens ne peuvent rester indifférentes à ces cris de détresse ».

Rappelant leur lettre pastorale de 1990 et leur espoir que l’examen de conscience proposé dans cette lettre qui appelait les gouvernants à donner la priorité au bien-être de la population, « conduirait à des solutions rapides et radicales », ils constatent que tel n’a pas été le cas et que la crise sociale, politique et économique se poursuit. Ils invitent dès lors de nouveau les citoyens et le gouvernement à l’unité et à l’éthique, à un changement de vie et à la conversion, car, disaient-ils, « nous ne sommes pas seulement des victimes de la crise, mais aussi ses causes et ses agents ».

Cela fait 35 ans et la situation du pays reste inchangée, puisqu’« il faut dire que nous vivons encore dans une stagnation économique et sociale avec un avenir incertain ».

Quels sont les éléments de cette stagnation détectés par les évêques ? Le poids des impôts, déclarent-ils, « qui augmente d’année en année au détriment des populations les plus vulnérables », ainsi que l’exploitation des ressources minières et forestières accordée « ici et là d’une manière hautement discutable ».

Faisant référence au discours de fin d’année du président Paul Biya, qui avait abordé les enjeux sécuritaires et économiques en lien avec les problèmes d’infrastructures routières et urbaines (eau, énergie, téléphonie), les évêques dénoncent la corruption comme le défi majeur auquel le pays est confronté, avec ses conséquences sur les marchés publics : « Chacun semble obligé de corrompre ou d’être corrompu. C’est comme si nous étions contraints de vivre avec la corruption et de l’accepter comme une réalité quotidienne, renforçant ainsi ce fléau ».

Ils poursuivent : « Comment expliquer que 65 ans après l’indépendance, notre développement ne puisse garantir des droits humains fondamentaux tels que le droit à l’alimentation, à l’éducation, à des soins de santé de qualité, à la justice, bref, au droit à la vie ? Le Camerounais ressent un malaise réel parce qu’il lui manque le nécessaire pour vivre ».

Une partie de cette lettre est consacrée à la crise et à la violence dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ainsi qu’aux troubles dans l’Extrême-Nord, invitant à tout mettre en œuvre pour un dialogue serein en vue de la réconciliation souhaitée et de la paix.

Après le constat de la situation, et en ce début d’année jubilaire, les évêques proposent des mesures telles que la lutte contre la corruption, la promotion de l’éducation et de la formation, la création d’emplois, la transparence, la mise en place d’infrastructures durables, et réaffirment leur engagement à « travailler ensemble pour la promotion de la dignité humaine, de la fraternité et de la solidarité entre tous les Camerounais ».

Un message qui se termine sur un appel à la confiance : « Dieu est avec nous. Et puisqu’il est avec nous, rien ne sera contre nous », à la conversion des mentalités et à la responsabilité personnelle.

sur le même sujet

  • ordination de Mgr Cador, évêque de Coutances

    Au Cameroun, des frères à la rencontre de frères, témoignage de Mgr Cador

    Monseigneur Grégoire Cador, est né dans la Sarthe, à Solesmes. Ordonné prêtre pour le diocèse du Mans en 1988, Il a vécu une expérience marquante au Nord-Cameroun. Rentré en France en 2016, il a été ordonné évêque de Coutances et Avranches, le 15 octobre 2023.

  • Cameroun : un cardinal à la rencontre des enfants de la rue

    Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, était au Cameroun pour contribuer à la résolution de la « crise anglophone », fin janvier 2021. A Yaoundé, il a aussi rencontré l’équipe d’animation et les jeunes du Foyer de l’Espérance, fondé par un religieux français de la communauté des Petits Frères de l’Évangile.

ça peut aussi vous intéresser

Asie-Pacifique
Amérique latine
Europe
Afrique
Moyen-Orient