Évêques du Nicaragua : médiateurs, garants et prophètes
Dans la situation explosive que connait aujourd’hui le Nicaragua, la Conférence épiscopale continue à se mobiliser, soutenue par un grand nombre de Conférences voisines (Mexique, Costa Rica, Honduras, Guatemala, Panama, Colombie…) ainsi que par les Conférences épiscopales européennes dans un message de la COMECE (Commission des Épiscopats de l’Union européenne). Les actes de violence perpétrés à travers tout le pays sont unanimement condamnés par la communauté internationale. L’archevêque de Managua et son auxiliaire, ainsi que le nonce, agressés alors qu’ils allaient rencontrer la population réfugiée dans une église, la voiture de l’évêque d’Esteli prise pour cible, des églises attaquées, des centaines de morts depuis le mois d’avril et le décret sur la sécurité sociale et le régime des retraites : les protestations exigeant le départ du président Ortega se multiplient, de même que la répression gouvernementale.
« Nous espérons que le dialogue pourra reprendre et porter des fruits. Mais dans tout dialogue, il faut la volonté d’arriver à un accord », indique monseigneur Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Vatican. Et dans un message publié le 14 juillet 2018, intitulé : « La Vérité vous rendra libres » (Jn 8, 31), la Conférence épiscopale nicaraguayenne s’élève contre « la recrudescence de la répression et de la violence des paramilitaires pro-gouvernement contre les personnes qui protestent civiquement. Nous regrettons profondément tous ces morts, toute la douleur et la souffrance de note peuple. (…) Aujourd’hui plus que jamais, les Droits humains sont violés au Nicaragua. » Rappelant que le gouvernement doit protéger la vie des citoyens, les évêques poursuivent : « Il est de notre devoir d’informer la Nation que nous avons été, ces derniers mois, témoins du manque de volonté politique du gouvernement pour un dialogue sincère et la recherche des processus réalistes qui nous conduisent vers une vraie démocratie. » Ils proposent le vendredi 20 juillet 2018 comme jour de jeûne et de réflexion sur la situation du pays, et un mois de prière, du 15 juillet au 15 août. En se référant au Document d’Aparecida : « la paix est un bien inestimable mais précaire dont nous devons prendre soin et à laquelle nous devons éduquer (…), qui « ne se réduit pas à l’absence de guerres (…) mais passe par l’approfondissement d’une culture de paix », le message des évêques appelle à ne pas répondre aux provocations par la violence.
Nous sommes loin du Nicaragua, mais nous pouvons le rejoindre en nous unissant à ces propositions des évêques nicaraguayens pour un peu plus de justice et de paix.
Annie Josse
Juillet 2018