<!--
-->

L’Église d’ Amazonie brésilienne et le synode

Réunis, fin août, pour étudier le Document de travail du synode, les évêques brésiliens des Églises amazoniennes alertent sur la situation en Amazonie.

 

Message suite à la réunion d’étude du Document de travail du synode sur l’Amazonie

« Le Christ indique l’Amazonie »
Saint Paul VI

deforestation-amazonie. Amazonie brésilienne

Déforestation en Amazonie

Réunis à Belém du Pará pour étudier le Document de travail du synode sur l’Amazonie, nous, évêques, prêtres, religieux et religieuses, laïques et laïcs des Églises amazoniennes, ainsi que des frères et sœurs qui partagent le chemin œcuménique, voulons exprimer nos préoccupations concernant la « Maison commune » et une mission évangélisatrice incarnée, samaritaine et écologique.

Depuis 1952, les évêques d’Amazonie se réunissent périodiquement pour réfléchir à la mission de l’Église dans la réalité particulière de l’Amazonie. « Le Christ indique l’Amazonie » est l’expression prophétique et programmatique du pape saint Paul VI se faisant l’écho en 1972 d’une rencontre à Santarém (Brésil). Notre Église s’est alors engagée à « incarner, dans la simplicité » la réalité des peuples, à définir le visage d’une Église amazonienne à travers des actions d’évangélisation en lien avec la réalité des peuples et de la terre. En 1990, lors de la réunion de Belém-Icoaraci, les évêques d’Amazonie ont été les premiers à alerter le monde du désastre écologique imminent aux « conséquences catastrophiques pour tout l’écosystème bien au-delà des frontières du Brésil et du continent » (Document « pour la défense de la vie en Amazonie »).

Réunis à nouveau à Icoaraci (Pará), en 2016, les évêques amazoniens ont adressé une lettre au pape François demandant la tenue d’un synode sur l’Amazonie. Accueillant le vœu de l’Église des neuf pays amazoniens, le pape a convoqué, le 15 octobre 2017, « l’Assemblée extraordinaire du Synode des évêques pour la Pan-Amazonie », sur le thème « Amazonie : nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale ».

Depuis le XVIIe siècle, l’Église catholique est présente en Amazonie et se préoccupe à la fois d’évangélisation et de promotion humaine. De nombreux écoles, hôpitaux, ateliers d’insertion et œuvres sociales ont été construits et animés pendant des siècles partout en Amazonie. Des villages et des villes ont été construits autour des « missions » de notre église. Que de sang, de sueur et de larmes versés pour la défense des droits de l’homme et de la dignité, en particulier des plus pauvres et des exclus de la société, des peuples autochtones et de l’environnement toujours menacés. Nous regrettons profondément qu’aujourd’hui, au lieu d’être soutenus et encouragés, nos leaders soient criminalisés en tant qu’ennemis de la Patrie.

Avec le pape François, nous défendons fermement l’Amazonie et exigeons des gouvernements qu’ils prennent des mesures urgentes pour lutter contre les agressions violentes et irrationnelles envers la nature, contre la destruction de la forêt par des incendies criminels qui tuent une flore et une faune millénaire.

Nous sommes affligés par cette situation et dénonçons l’empoisonnement des rivières et des lacs, la pollution de l’air par la fumée qui intoxique tout particulièrement les enfants, la pêche prédatrice, l’invasion de terres autochtones par des mineurs, des orpailleurs et des bûcherons, le commerce illégal de produits de la biodiversité.

Le niveau alarmant atteint par la violence nous révulse et, de ce fait, requiert l’engagement de notre Église pour la paix et le respect, la fraternité et l’amour.

Nous défendons vigoureusement l’Amazonie, qui couvre près de 60% de notre Brésil. La souveraineté brésilienne sur cette partie de l’Amazonie est indiscutable. Cependant, nous comprenons et partageons l’inquiétude du monde entier en ce qui concerne ce macro-biome qui a un rôle primordial dans la régulation du climat planétaire. Toutes les nations sont invitées à collaborer avec les pays amazoniens et les organisations locales engagées dans la préservation de l’Amazonie, car la survie des peuples et de l’écosystème d’autres régions du Brésil et du continent dépend de cette macro-région.

Le Synode, convoqué par le pape François, arrive à un moment crucial de notre histoire. Nous voulons identifier de nouvelles voies pour l’évangélisation des peuples qui habitent l’Amazonie. Dans le même temps, l’Église s’est engagée à défendre le sol sacré que Dieu a créé par sa générosité et que nous devons soigner et cultiver pour les générations présentes et futures.

Nous remercions tout particulièrement le Réseau ecclésial pan-amazonien (REPAM) pour tous les efforts consacrés à l’important processus d’ÉCOUTE des communautés et à la participation des diverses composantes du Peuple de Dieu, en particulier des femmes, et la participation active de la jeunesse et des peuples autochtones.

Nous vous demandons de prier pour nous, frères et sœurs, pour que le chemin synodal reflète « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes et des femmes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent » (GS 1).

Que Marie de Nazareth, incarnation du visage maternel de Dieu parmi notre peuple, à travers son intercession, accompagne les pas de l’Église de son Fils dans les terres et les eaux de l’Amazonie afin qu’elle soit signe et présence du Royaume de Dieu. Puisse-t-elle aider, par sa mission évangélisatrice et « humanisante », à donner de plus en plus de dignité à la vie dans notre région.

Belém, Icoaraci, 30 août 2019
Les Évêques de l’Amazonie brésilienne et les participants à la réunion d’étude du Document de travail du synode sur l’Amazonie
(traduction Maria Mesquita Castro)

Carta do Encontro de Estudo do Instrumento de Trabalho do Sínodo da Amazônia

Asie-Pacifique
Amérique latine
Europe
Afrique