Notre-Dame de Guadalupe, patronne de l’Amérique latine

Depuis cinq siècles, l’Eglise d’Amérique latine célèbre Notre-Dame de Guadalupe, le 12 décembre. Mais pas seulement ! A Paris aussi, nous raconte le Père Juan Pablo Romero, SJ.

Selon le récit des apparitions de Notre-Dame de Guadalupe, un samedi matin de 1521, la Vierge est apparue à Juan Diego sur la colline de Tepeyac [au nord de la capitale mexicaine, ndlr]  et lui a dit: « Va au palais de l’évêque de Mexico, et dis-lui que je t’envoie lui montrer ce que je désire très fort, qu’il me construise ici, dans la plaine, une petite maison… Je désire très fort qu’une petite maison soit érigée ici pour que je puisse montrer et donner mon amour, ma compassion, mon aide et ma défense… [1] ». Le récit raconte que l’évêque n’a pas cru aux paroles de Juan Diego, cet indigène issu d’une famille pauvre de la région.

Quand nous méditons plus attentivement le récit des apparitions, nous comprenons que Juan Diego n’est pas seulement un messager et que le message ne se limite pas à la construction d’une église, un bâtiment. Juan Diego est un message adressé à la hiérarchie du catholicisme naissant de Mexico. C’est un message qui dit : « Construisez une église, une communauté, qui prenne au sérieux les paroles que la Vierge a voulu révéler aux personnes les plus simples de cette société ».

Depuis cinq siècles, le peuple mexicain n’a pas oublié ce récit, qui a par ailleurs joué un rôle important dans la construction de l’identité mexicaine. Le mexicain, né du métissage, s’identifie et se sent protegé par la « Morenita », la Vierge à la peau brune. La Vierge a été un symbole présent à différents moments de l’histoire du Mexique, notamment lors du mouvement d’indépendance au XIXe siècle.

La dévotion à la Vierge de Guadalupe, qui n’était au début qu’un phénomène local, a progressivement pris de l’ampleur. La petite église ancienne construite en l’honneur de Notre-Dame de Guadalupe a été remplacée par une grande basilique au XXe siècle. Cette basilique est visitée aujourd’hui par environ 20 millions de pèlerins par an. Les pèlerins viennent de tout le Mexique, car la principale dévotion du pays est sans aucun doute celle à la Vierge de Guadalupe. Au début du XXe siècle, Notre-Dame de Guadalupe a été déclarée Patronne de l’Amérique Latine, étant donné que la dévotion à la Vierge est présente sur tout le continent.

Depuis les années 60, une des chapelles latérales de la cathédrale Notre-Dame de Paris dédiée à la Vierge de Guadalupe

Depuis, une image de la « Morenita » a été placée dans la chapelle, visitée par de nombreux fidèles. Ces trente dernières années, Sandra Lupercio, une mexicaine qui vit à Paris depuis longtemps, organise la fête de Notre-Dame de Guadalupe dans la Cathédrale de Paris. La messe est présidée par le recteur de la cathédrale, la prédication est faite par un prêtre mexicain et la célébration est animée par la musique traditionnelle mariachi.

Certains prêtres jésuites mexicains ont été invités auparavant à prêcher pour cette fête du 12 décembre. C’est grâce à eux que Sandra m’a contacté en 2017 pour m’inviter pour la première fois. Quelques mois avant la messe, Sandra et moi évoquons quelques questions d’actualité qui peuvent constituer le message de la fête cette année-là. Certainement, le message central est celui des paroles de la Vierge à Juan Diego, un message de consolation et d’espoir. Cependant, chaque année nous essayons de l’incarner dans certains questions d’actualité : par exemple, le tremblement de terre de 2017 à Mexico, la question de l’écologie et la protection de notre maison commune et l’actuelle pandémie.

J’ai toujours été frappé par la manière dont le message de Notre-Dame de Guadalupe touche la situation personnelle des fidèles que je rencontre en tant que prêtre. Ils répètent que la Vierge les accompagne et qu’elle les comprend. Je suis convaincu qu’aujourd’hui, après cinq siècles, le message de la Vierge de Guadalupe est encore capable d’être un message d’espoir pour ceux qui, comme Juan Diego, ne se sentent pas entendus par les ministres de l’Église.

Juan Pablo Romero, SJ

[1] Nican Mopoua (récit en langue nahuatl des apparitions de la Vierge de Guadalupe ; la traduction française est la nôtre, faite à partir de la traduction espagnole de Primo Feliciano Velázquez).

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