Brésil : Les évêques de la Région Nord de la CNBB déclarent leur indignation et leur profonde solidarité avec le peuple Yanomami
Les évêques sont « stupéfaits et profondément indignés en voyant les photos des corps squelettiques d’enfants et d’adultes du peuple Yanomami dans l’État de Roraima, suite aux actions génocidaires et écocidaires du précédent gouvernement fédéral, qui a livré les terres déjà homologuées des peuples autochtones au bénéfice d’activités minières illégales et d’exploitation forestière, qui détruisent la forêt, contaminent les eaux et les rivières, génèrent des maladies, la faim et la mort. Plus de 570 enfants ont déjà perdu la vie ».
La Terre Indigène Yanomami (TIY) est la terre indigène la plus étendue du Brésil avec environ 9 millions d’hectares, habitée par environ 28 000 indigènes Yanomami, locuteurs de 6 langues différentes et divisée en plus de 300 communautés, sans compter les groupes indigènes isolés.
L’exploitation minière illégale (qui comptent environ 20 000 orpailleurs, associés à des organisations criminelles dénommées « narco-garimpo », impliquées dans le trafic de drogue, d’armes et de blanchiment d’argent, avec la complicité d’agents publics et le soutien d’une partie des élites locales, hommes d’affaires et hommes politiques) entretient un rapport à la forêt marqué par l’extractivisme prédateur.
Il s’agit d’une activité qui touche 273 villages Yanomami. Cette situation est encore aggravée par le démantèlement des actions sanitaires dans les communautés Yanomami. Les conséquences de l’exploitation minière illégale en Terre Indigène Yanomami sont la dévastation de l’environnement, la destruction des communautés indigènes, le déséquilibre de l’économie indigène qui leur permet de survivre, l’aggravation de la situation sanitaire, au point que les communautés vivant au milieu de la Forêt amazonienne se retrouvent sans soins de santé, il y a des milliers d’indigènes abandonnés sans aucune assistance au moment où explosent de manière exponentielle les maladies causées par la présence de l’exploitation minière ; sont touchés principalement les enfants et les personnes âgées, qui succombent à des maladies qui ont un traitement.
Face à cette situation d’effondrement sanitaire, l’actuel gouvernement brésilien a déclaré le 20 janvier 2023 l’état d’urgence sanitaire en territoire Yanomami. Le gouvernement fédéral a mis en place un groupe de travail pour évaluer la tragédie sur les terres indigènes Yanomami, en se rendant dans les régions les plus touchées pour élaborer un plan d’action et tenter d’éviter davantage de décès.
Les évêques de la région du Nord1 ont exprimé leur « profonde solidarité avec le peuple Yanomami, avec les familles qui ont perdu enfants et adultes, avec les Tuxauas et leurs dirigeants ». Parallèlement, ils disent se placer « aux côtés des missionnaires de l’Église de Roraima et du Conseil missionnaire indigéniste (Cimi), qui dénonce depuis un certain temps l’invasion du territoire Yanomami et ses conséquences tragiques ».
La CNBB Norte-1 soutient « les décisions courageuses du Président de la République et de plusieurs ministres et conseillers qui se sont rendus dans la région, prenant les mesures nécessaires et urgentes pour expulser les envahisseurs et sauver de nombreuses vies de personnes au bord de la mort », selon la notice.
Citant les paroles de Querida Amazonia, l’exhortation apostolique post-synodale du Synode pour l’Amazonie, où ils ont participé en tant que pères synodaux, la déclaration indique que « nous sommes confrontés à une autre situation dans laquelle ce qui a été dénoncé par le pape François dans Querida Amazonia se reproduit : « les peuples autochtones se sont trouvés souvent impuissants devant la destruction du milieu naturel qui leur permettait de se nourrir, de se soigner, de survivre et de conserver un mode de vie et une culture qui leur donnaient identité et sens » (QA 13) ».
Motivés par l’espérance, les évêques implorent « Dieu le Père, Défenseur des pauvres et des opprimés, de protéger le Peuple Yanomami et tous ceux qui luttent pour défendre leurs droits ». De même, ils demandent l’intercession pour les Yanomami de « Marie, Mère de l’Amazonie et Mère des Peuples Indigènes ».
Père Luis Miguel Modino, conseiller en communication CNBB Norte-1
Article traduit du portugais par Pierre Chovet, prêtre du diocèse de Valence, ancien Fidei donum au Brésil.