Le bienheureux Eduardo Pironio, prophète de l’espérance
80 ans après son ordination sacerdotale en décembre 1943 dans le sanctuaire marial de Luján (Argentine), 25 ans après ses obsèques en 1998 dans le même sanctuaire de Luján où il repose, le cardinal Eduardo Pironio y a été proclamé bienheureux le 16 décembre 2023.
La cérémonie, à laquelle des milliers d’Argentins ont participé, était présidée par le cardinal espagnol Fernando Vérgez, secrétaire d’Eduardo Pironio pendant plus de vingt ans.
Pironio, un nom très connu en Amérique latine, a joué un rôle de premier plan dans la mise en place des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), lorsqu’il était président du Conseil pontifical pour les laïcs. Au début de la célébration de la béatification, on a pu entendre le chant qui a beaucoup signifié pour un certain nombre de générations : « Un nouveau soleil se lève sur la nouvelle civilisation qui naît aujourd’hui. Une chaîne plus forte que la haine et que la mort. Nous le savons : le chemin est l’amour ». C’était l’hymne des premières Journées mondiales de la jeunesse, à Buenos Aires, en 1987.
Le cardinal Vérgez et l’évêque de Chascomús (Argentine), collaborateur de Pironio lorsque celui-ci était évêque de Mar del Plata, aussi émus l’un que l’autre, ont lu, en latin puis en espagnol, la Lettre apostolique du pape François : « Nous, (…) accordons, par Notre Autorité Apostolique, que le Vénérable Serviteur de Dieu Eduardo Francisco Pironio, cardinal de la Sainte Église romaine, humble pasteur selon l’esprit du concile Vatican II, témoin d’espérance et de patience évangélique, infatigable défenseur de la cause des plus pauvres, soit dès maintenant appelé Bienheureux et que sa fête soit célébrée le 4 février ».
Les applaudissements se mêlaient aux larmes de joie alors que se dévoilait le visage souriant et paisible du nouveau bienheureux et que les cloches de la basilique retentissaient pour s’unir au Magnificat.
Eduardo Pironio a aussi été secrétaire puis président du CELAM, la Conférence épiscopale Latino-américaine. À ce titre, il a préparé la Conférence de Medellin en Colombie en 1968, puis, déjà à partir de la curie romaine, celle de Puebla au Mexique, en 1979.
Puebla représente sans doute l’un des moments les plus fort de la contribution de l’Église latino-américaine à l’Église universelle, un moment d’assimilation du Concile Vatican II. Pironio, qui avait été père conciliaire, a participé activement à la promotion d’une équipe de réflexion théologique et pastorale au Celam, une sorte de groupe de réflexion de l’Église latino-américaine qui abordait avec originalité les thèmes de la libération, de l’Église du peuple, de la religiosité populaire et la mission ad gentes.
À Rome, Eduardo Pironio a d’abord été appelé comme préfet du dicastère pour la vie consacrée, avant de devenir président du Conseil pontifical pour les laïcs en 1984. Au début – a-t-il confié dans une interview – il avait eu l’impression d’avoir « régressé à un poste de second rang » avant de comprendre que c’était en fait une promotion, « parce que les laïcs constituent la majorité du peuple de Dieu ».
Ce sera lui enfin qui proposera le nom de Jorge Bergoglio comme archevêque coadjuteur de Buenos Aires en 1997. Celui-ci, en 2008, dira d’Eduardo Pironio : « dans sa profonde humilité, il t’ouvrait un horizon de sainteté. Il t’ouvrait des horizons, tu expérimentais que sa porte n’était jamais fermée à personne. Il faisait preuve d’une grande patience. Il reflétait en cela l’amour de Dieu pour nous ».
Dans son homélie le cardinal Vérgez disait : « Pironio a été un exemple vivant de fidélité à l’Évangile, à l’Église et au magistère du pape. Loin de tout personnalisme, il a communiqué la vérité de l’Évangile et l’intégrité de la tradition. Sa vie spirituelle était nourrie par la piété eucharistique, la grande dévotion mariale et la vénération des saints. Missionnaire par la parole et par l’exemple, il a proclamé l’Évangile de tout son être et a fait de la mission son objectif quotidien » (…) Le nouveau bienheureux est l’expression de cette sainteté qui jaillit du cœur du continent américain, qui est fidèle à l’Évangile. La béatification du cardinal Pironio est donc une bonne nouvelle, c’est une fête de joie et de fraternité. C’est un don de l’Esprit pour l’Église et pour la nation argentine. »
Service National Mission et Migrations
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