Myanmar : la visite du pape.
Le pape se rendra en visite au Myanmar du 27 au 30 novembre 2017. Voici une présentation rapide du pays et de l’Eglise catholique dans le pays.
Le Myanmar : le pays et son Eglise
Le Myanmar est situé en Asie du sud-est, le pays fait partie de l’ASEAN qui regroupe les dix pays de l’Asie du sud-est pris en tenaille entre l’Inde et le Chine (dix pays, 800 millions d’habitants à comparer à l’Union européenne, 28 pays, 500 millions d’habitants). Les pays voisins du Myanmar sont la Chine, l’Inde, le Bangladesh, le Laos et la Thaïlande. Il y a sept groupes ethniques majeurs au Myanmar et chaque ethnie dispose de son propre « Etat » (comme dans un Etat fédéral), les Birmans d’ethnie birmane vivent dans la Birmanie proprement dite qui est divisée en 7 régions. Le nom du pays est sujet à controverse. Le nom officiel a changé depuis l’indépendance en 1948 : république, union, état socialiste, etc…. tantôt Birmanie, tantôt Myanmar, mais cette dernière appellation n’est pas admise par tous les pays, en particulier la Thaïlande voisine (et la France), ni par l’opposition politique.
Le pays a été dirigé par un régime militaro-socialiste durant 50 ans. En 2010, le Myanmar s’est transformé en régime démocratique et parlementaire. Une démocratie imparfaite cependant. En 2015, Aung San Suu Kyi qui dirige le parti NLD a gagné les élections démocratiques et elle dirige donc de facto le pays. Cependant, des anciens groupes militaires continuent d’occuper de nombreuses positions dans l’appareil d’Etat et ils exacerbent les tensions entre les bouddhistes et d’autres groupes religieux minoritaires pour gêner le gouvernement NLD.
Un groupe extrémiste scandaleux de moines bouddhistes intitulé MaBaTha est parrainé, soutenu et protégé par d’anciens militaires et hommes d’affaires véreux. Bien que les premiers ministres des Etats de Yangon et de Mandalay, qui appartiennent au parti NLD, aient cherché à démanteler ces groupes, cela n’a pas réussi.
L’Eglise du Myanmar est engagée dans des dialogues interreligieux
Les principales religions du pays sont le Bouddhisme Theravada (89% de la population), le Christianisme (5%), l’Islam (3,5%), l’hindouisme, etc…
Informations générales sur l’Eglise catholique dans le pays
L’Eglise Catholique du Myanmar est constituée de 16 diocèses, dont 3 archidiocèses, avec un total de 384 paroisses. Selon le recensement de 2013, il y aurait environ 700 000 catholiques sur un total de 52 millions d’habitants dans le pays. La Conférence épiscopale est dénommée CBCM : Catholic Bishops Conference of Myanmar. Elle dispose d’un site internet en anglais.
Les statistiques nous indiquent qu’il y a 18 évêques en activité (y compris les auxiliaires), environ 1000 prêtres, 1600 religieux/ses et 2800 catéchistes. Le pays a reçu son premier cardinal en 2015 : Charles Bo, archevêque de Yangon. Des relations diplomatiques entre le Myanmar et le St Siège ont été établies à la surprise de beaucoup le 4 mai 2017 après une rencontre entre le pape François et Aung San Suu Kyi. En août, le St Siège a annoncé que le pape visiterait le Myanmar entre le 27 et le 30 novembre 2017. Le pape François sera le premier pape à visiter le Myanmar.
Brève histoire de la mission Catholique au Myanmar
On trouve des preuves de la présence de chrétiens au Myanmar à partir de l’année 1287, dans le royaume (légendaire ?) de Pagan. Des fresques avec des inscriptions en latin et en grec ont été retrouvées sur des sites archéologiques. Après 1510, les premiers commerçants portugais sont arrivés dans ce qui est aujourd’hui le Myanmar, grâce à leur amitié avec les dirigeants du royaume Pegu. En 1556, il y avait un millier de mercenaires portugais, soldats et marins, au service des dirigeants du pays. Le grand missionnaire Saint François Xavier a écrit à ses collègues jésuites en Europe pour relater ses voyages missionnaires en Asie et il a mentionné le royaume de Pegu.
En 2014, le Myanmar a célébré un jubilé pour les 500 ans de présence de l’Eglise au Myanmar. Avec beaucoup de fierté. Le frère franciscain français Pierre Bonfer au XVIe siècle, a passé trois ans au Myanmar, il a appris la langue et les traditions de ce peuple et a écrit un livre sur son expérience missionnaire dans le royaume de Pegu entre 1554 et 1557. En 1664, des jésuites en Inde ont décrit la population catholique de 8 villages dans la région du royaume d’Ava.
Durant le 17e siècle, des Barnabites, des Franciscains et des Dominicains ont envoyés des missionnaires dans les villes de Pegu et dans les zones montagneuses du Chin. Des prêtres augustiniens ont travaillé dans la zone de Rakhine, dans l’ouest du Myanmar.
Au XIXe siècle, les Missions Etrangères de Paris (MEP) approuvées par Rome en 1659 ont envoyé les pères Genoud et Joret à partir du Siam (Thaïlande aujourd’hui) avec l’aide de l’ambassadeur birman au Siam. Ces deux missionnaires sont arrivés à Pegu et ont installé un hôpital qui a eu beaucoup de succès. Mais le roi d’Ava a eu peur de l’influence sur le peuple de ces deux étrangers et les a condamnés à mort.
Puis des missionnaires irlandais colombans ont réussi à convertir avec succès le peuple Kachin du nord et des missionnaires italiens de la société PIME ont travaillé dans la zone Shan et Karenni jusqu’à l’installation du régime socialiste dans les années 1960.
Activités de l’Eglise catholique au Myanmar
L’Eglise actuelle du Myanmar contribue pour sa part à la construction de la nation birmane, et apporte sa part pour faire face aux catastrophes naturelles. L’organisation ecclésiale Caritas, appelée ici KMSS, participe activement aux opérations d’aide d’urgence, durant la guerre civile et après les phases de désastre. KMSS est engagée aujourd’hui pour la défense des droits des peuples indigènes, des migrants et des paysans.
L’Eglise du Myanmar est engagée fréquemment dans des dialogues interreligieux. Depuis le gouvernement NLD, l’Etat facilite les prières inter-religieuses dans des espaces publics. L’Eglise du Myanmar croit que la promotion de l’harmonie religieuse peut diminuer les tensions religieuses et peut parvenir à une paix pour le pays.
Lawrence Jangma Mung Song
Journaliste et interprète
(traduction Antoine Sondag)
Sur la question des Rohingyas dont les medias rendent abondamment compte (à juste titre), on lira par exemple le rapport rédigé par Koffi Anan, ancien secrétaire général des Nations-Unies.