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Zoom sur la situation des migrants en Hongrie

Père Lóránd Ujházi, membre hongrois du groupe de travail « Migration et Asile » de la COMECE.

Avant de célébrer la messe de clôture du 52ème Congrès eucharistique international à Budapest (Hongrie), dimanche 12 septembre, le pape François a rencontré le président János Áder et le premier ministre Viktor Orbán. Eclairage du prêtre hongrois Lóránd Ujházi, membre du groupe de travail « Migration et Asile » de la COMECE (Commission des épiscopats de l’Union Européenne).

Quelle est la mission du groupe de travail ?

Cette structure institutionnelle a été créée pour étudier les causes des crises migratoires. Le groupe de travail examine aussi comment les différents états européens réagissent aux défis posés par les migrations. Etant donné que le groupe de travail émane de la COMECE, il est amené à contribuer au dialogue pan-européen en partageant les opinions – parfois divergentes – de ses membres sur les migrations et l’asile. Je ne suis pas le seul européen de l’Est dans ce groupe de travail. Ainsi les perspectives des participants slovaques, dont la situation du pays est semblable à celle de la Hongrie, sont-elles proches des miennes.

Quelle est la situation des migrants et des réfugiés en Hongrie aujourd’hui ?

Je veux être clair sur un point : La Hongrie n’est pas une destination attrayante pour les migrants. Au contraire, ils considèrent mon pays comme une étape dans leur parcours migratoire. Cet état de fait a impacté la réponse hongroise quand il a été possible pour les migrants de se rendre dans un pays où ils veulent vraiment s’installer. Plusieurs organisations ecclésiales ont proposé une aide très généreuse aux migrants et aux réfugiés. Un bon exemple est celui de l’abbaye de Pannonhalma qui s’est portée volontaire pour héberger des migrants dans ses murs. Pourtant, cette offre a été déclinée par les migrants eux-mêmes. De plus, le gouvernement soutient activement celles et ceux qui demandent le statut de réfugié en Hongrie. Ainsi a-t-il ouvert un centre d’hébergement pour les mineurs non accompagnés. Malheureusement, de nombreux demandeurs d’asile quittent la Hongrie très rapidement après avoir rempli leur dossier. La Hongrie est aussi dans une situation difficile, en raison de sa position géographique. Par exemple, mon pays est responsable de la protection des frontières de l’Espace Schengen, ce qui signifie concrètement qu’elle exerce une responsabilité militaire et policière dans ce domaine.

De plus, la Hongrie est fortement engagée dans la défense des Chrétiens persécutés dans le monde. La Hongrie est un refuge pour de nombreuses familles chrétiennes en danger. Le pays soutient des communautés chrétiennes dans des pays où elles sont victimes de persécutions. Il existe aussi le programme « Hungary Helps » (La Hongrie aide) à destination des Chrétiens qui souffrent dans le monde. Malheureusement, on parle peu des persécutions anti-chrétiennes au Moyen-Orient et dans certaines régions d’Afrique.

Enfin, à l’Université nationale de l’Administration Publique, il existe deux groupes de recherche ; l’un à la Faculté des sciences militaires et de la formation des officiers et l’autre, à l’Institut de recherche sur la société et la religion József Eötvös. Ils mènent des travaux de recherche sur les liens entre religion et sécurité. Ces études abordent naturellement la question de la migration.

Comment le pays a-t-il répondu à l’appel du Pape en 2015 ?

La Hongrie s’attache à venir en aide aux personnes dans leur pays d’origine, ce qui peut contribuer à prévenir et améliorer les crises locales graves. Etant donné que la Hongrie n’a pas été une puissance coloniale, elle n’a pas été impliquée dans la montée des sentiments négatifs envers les colonisateurs par les peuples colonisés, ce qui est une des causes sous-jacentes des situations de crise et des défis sécuritaires. Ceci est la raison première du point de vue hongrois qui considère qu’il ne faut pas importer ces conflits en Europe. A l’inverse, l’Europe devrait apporter son soutien dans les zones de conflits elles-mêmes.

Cela ne signifie pas que le gouvernement hongrois soit insensible à celles et ceux qui souffrent. Cette théorie est d’ailleurs réfutée par les événements de 2015, pendant lesquels l’Etat et les acteurs religieux ont tout fait pour aider les migrants, en leur fournissant repas chauds, boissons, vêtements et hébergement. Les autorités hongroises n’ont pas assoupli les conditions légales d’entrée sur le territoire. Avant que le gouvernement n’ordonne la construction d’une barrière temporaire à la frontière, un millier – et certains jours, des dizaines de milliers – de personnes ont franchi la frontière hongroise, sans aucun contrôle, ce qui a créé une situation clairement intenable.

Le Pape a rencontré le Président et le Premier ministre. Qu’attendre de ces rendez-vous politiques ?

Le pape François se rend à Budapest en visite pastorale, étant donné qu’il vient pour participer au Congrès Eucharistique International, un événement catholique majeur. Le fait que le gouvernment permette à l’Eglise catholique de l’organiser dans de bonnes conditions est une heureuse coïncidence. Le gouvernement comprend le role joué par l’Eglise catholique dans l’histoire  de la Hongrie, et il a, comme pour d’autres événements, accepté de contribuer à son succès. Le Pape rencontre fréquemment des chefs d’état et de gouvernement car puisqu’il est à la tête du Vatican, on attend de lui une visite à ses homologues quand il est à l’étranger.

Traduit de l’anglais par Claire Rocher (SNMM)

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