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Centenaire de la mort de Charles de Foucauld

Centenaire de la mort de Charles de Foucauld, lettre des évêques d’Algérie. Photo de Charles de Foucauld

Charles de Foucauld

Les évêques d’Algérie (Mgr Paul Desfarges, Évêque de Constantine et Administrateur d’Alger, Mgr Jean Paul Vesco, Évêque d’Oran et Mgr Claude Rault, Évêque de Laghouat-Ghardaïa) ont publié le 19 janvier 2016 une lettre pour ouvrir l’année Charles de Foucauld dans le pays à l’occasion du centenaire de sa mort (1 décembre 1916). Il n’y a pas la signature de l’évêque d’Alger car le siège est actuellement vacant.
Cette lettre ouvre des perspectives sur l’évangélisation, ses méthodes, ses délais et ses impasses. A lire par tous, en Algérie ou ailleurs.
Dans la période récente, la figure de Charles de Foucauld est parfois instrumentalisée par des personnes et courants d’opinion qui veulent l’annexer à leur cause douteuse de défense de la « France catholique » et de réticence vis-à-vis du dialogue avec les musulmans. A coup de citations de petites phrases de Ch. de Foucauld isolées de leur contexte.

Un long article de JF Six, l’un des meilleurs connaisseurs de Charles de Foucauld, initialement publié par le GRIC, Charles de Foucauld_les chrétiens et les musulmans explique les écrits du bienheureux en les replaçant dans leur contexte historique.

 

Année du centenaire de la mort de Charles de Foucauld
(1er décembre 2016)

Bien chers Amis.

Le 1er Décembre 2016, l’Église d’Algérie célèbrera le centenaire de la mort de Charles de Foucauld. Son corps repose depuis 1929 à El Meniaa auprès duquel une église a été édifiée. C’est là qu’une petite délégation du Diocèse du Sud s’est rendue le 4 décembre et a célébré l’ouverture d’une année que nous voulons lui consacrer, conjointement à l’Année de la Miséricorde.

Le parcours d’un intrépide disciple de Jésus

Né le 15 septembre 1858 à Strasbourg (France), son enfance est marquée à l’âge de 6 ans par la mort de ses deux parents dans la même année. Inscrit par son grand-père maternel à l’école militaire de Saint Cyr, il s’avère peu enthousiaste pour les études et la perspective d’une carrière militaire.  Adolescent, il s’éloigne de la foi chrétienne de son enfance et mène une vie désordonnée, facilitée par une grande aisance matérielle héritée de sa famille. Il est officier mais il devra quitter l’armée en raison de son inconduite. Réintégré peu après et engagé sur une opération militaire dans l’Ouest du territoire de l’Algérie française, il démissionnera définitivement de l’armée à 23 ans pour entreprendre une exploration au Maroc. Il se met à étudier avec ardeur les coutumes des populations du pays qu’il parcourt sous le déguisement d’un juif ambulant. Cette étude scientifique sera reconnue et couronnée de succès à Paris. Au contact des musulmans et de leur foi, il commence une quête spirituelle profonde. Fin octobre 1886, de retour à Paris, il fait une rencontre déterminante avec un prêtre, l’Abbé Huvelin, qui restera longtemps son guide spirituel. Se confessant à lui, il se convertit à la foi chrétienne et cherche avec force comment répondre à l’appel de Dieu dans une vie totalement donnée à Jésus. Il a 28 ans.

Sa recherche l’amène en Terre Sainte. Il y découvrira la vie de Nazareth qui le conduit à entrer dans la vie monastique à Notre Dame des Neiges, en Ardèche le 15 janvier 1890. Sur sa demande, il est envoyé à Akbès, dans un monastère de Syrie. Voulant se conformer le plus possible à la vie de Jésus à Nazareth, il choisit de quitter la Trappe pour vivre dans une plus grande pauvreté à Nazareth même pendant trois ans. De retour en France, il est ordonné prêtre à Viviers en en 1901.
Il demande alors à ses supérieurs d’être envoyé en Algérie. Il s’installe à Béni Abbès, oasis du sud algérien, près du Maroc. Son temps est alors partagé entre la prière et l’accueil notamment des plus pauvres. Il y dénonce l’esclavage encore en cours, devient aumônier des militaires français qui occupent ce gros village, se met à soigner des malades ou des blessés. Apprenant qu’une femme touarègue a recueilli des rescapés d’une expédition armée dans le Hoggar, il décide en 1904 de répondre à la proposition d’un de ses amis officiers d’aller s’installer dans le Hoggar.
Ce ne sera possible que l’année suivante au cours d’un second voyage pendant lequel il fera connaissance avec le nouvel amenokal qui acceptera de l’accueillir dans un petit village qui ne compte que quelques familles, Tamanrasset, en aout 1905. Il y construit un petit ermitage non loin des villageois. Il continue à étudier la langue des touarègues. Homme de prière et de relations, il organise un emploi du temps exigeant entre le travail de  la langue Tamahaq, la prière, l’accueil des visites de villageois ou de passagers et une abondante correspondance. Il se fait l’homme de tous et rayonne par ce qu’il appelle lui-même « l’apostolat de la bonté », loin de tout prosélytisme.  Il attend des autorités romaines l’autorisation de pouvoir célébrer la messe seul ; Il recevra avec une grande joie cette autorisation fin janvier 1908.

Dans cette même année 1908 survient une grave période de sécheresse et de famine. Ayant donné ses vivres, il est atteint de scorbut, et se prépare à mourir. Ce sont ses amis du village qui vont lui sauver la vie en lui apportant le lait des maigres chèvres des environs. Sans qu’il s’en rende compte Cela marque un grand tournant dans sa vie. Habitué à donner, il apprend à recevoir ; il « reçoit la vie » des gens du village. Il se remet au travail et poursuit jusqu’à la veille de sa mort son œuvre linguistique. Tout est prêt pour une édition en quatre volumes d’un dictionnaire touareg-français. Il a aussi relevé plus de 6000 vers de poésie ! Devant le danger qui plane dans la région, il construit un fortin pour protéger les gens du village des attaques répétées des pillards venant de l’ouest saharien. Et il meurt tragiquement lors d’un rezzou venu cette fois du Fezzan (Lybie) le 1er décembre 1916. Comme le grain de blé jeté en terre, il a donné sa vie pour porter du fruit.

Les fruits de l’œuvre du frère Charles de Foucauld

Charles de Foucauld, après son retour à la foi, a mené une existence marquée par l’imitation de Jésus à Nazareth, la prière et le souci des pauvres. Pour vivre cette vocation il a choisi d’aller vers les plus lointains, d’abord à Béni Abbès, puis à Tamanrasset. Il a vécu les meilleures années dans le souci de privilégier une relation fraternelle avec tous, la prière et l’étude de la langue des touarègues. Son désir était d’être le « frère universel », à l’exemple de Jésus, ouvert à l’accueil de tous, quelles que soient les conditions sociales, religieuses ou ethniques. En cela, il a marqué profondément non seulement notre Église d’Algérie, mais aussi l’Église Universelle. Il continue de nous inspirer dans le contexte où nous vivons.

Le frère Charles de Jésus a désiré de son vivant fonder une famille spirituelle pour témoigner de Jésus partout où il n’est pas connu et aimé. Cela ne lui a pas été donné, mais aujourd’hui une vingtaine de familles spirituelles s’inspirent de son esprit, dont quelques-unes sont présentes en Algérie. Frère Charles de Jésus est vraiment un « saint » pour notre temps ! Reconnaissant ses vertus spirituelles et humaines, l’Église a l’a déclaré « Bienheureux » le 13 novembre 2005 à Rome en présence d’un délégué spécial du Président de la République Algérienne. Le citant dans le discours inaugural de la dernière assemblée générale du synode des évêques, le 3 octobre dernier, le Pape François reconnaissait l’action particulière de Charles de Foucauld soulignant qu’il « il comprit qu’on ne grandit pas dans l’amour de Dieu en évitant la servitude des relations humaines. Parce que c’est en aimant les autres qu’on apprend à aimer Dieu ; c’est en se penchant vers son prochain qu’on s’élève jusqu’à Dieu. À travers la proximité fraternelle et solidaire avec les plus pauvres et les plus abandonnés, il comprit que, finalement, ce sont eux qui nous évangélisent, en nous aidant à grandir en humanité. »

A partir du 1er décembre 2015, l’Église d’Algérie a ouvert une année de préparation au centenaire de sa mort (le 1er décembre 2016). Une célébration aura lieu en présence du Cardinal Philippe Ouedraogo, membre de la Fraternité Sacerdotale « Jésus Caritas ». Il nous a confirmé sa participation.

Déjà, nous sommes tous invités dans chaque diocèse à célébrer sa mémoire et à chercher à mieux connaître sa vie et son témoignage. Une exposition sous la forme de panneaux retraçant sa vie est déposée en permanence dans l’église d’El Meniaa, tout près du cimetière où il repose. Une autre exposition itinérante est disponible et circule en différents lieux de culte ou d’activités de notre Église. Il est possible qu’ici et là nous organisions une conférence ouverte au public dans le cadre de nos lieux d’activité. Des célébrations religieuses et autres manifestations lui seront aussi consacrées dans les différents Diocèses pour mieux connaître sa vie et célébrer sa mémoire.

Charles de Foucauld reste une figure exemplaire pour notre monde et pour le témoignage de l’Évangile. Son existence a été marquée par la prière, l’adoration, le sens profond de l’Eucharistie mais aussi par la présence de Jésus dans les plus pauvres. Il a franchi les barrières de l’appartenance religieuse, s’est fait l’homme de tous. Il a aussi apporté un soin particulier à l’étude de la langue pour mieux entrer en relation avec les gens de son entourage : en avons-nous le même souci ? Homme de prière, il a mis Jésus au centre de sa vie, une vie donnée jusqu’au bout. Il nous est une lumière pour continuer la route. Il a cherché le plus sincèrement possible et au plus proche de l’Évangile de Jésus à répondre à tous les défis de son temps. Le suivrons-nous sur ce chemin ardu d’une imitation de Jésus, comme l’un ou l’une des témoins par excellence de la Miséricorde de Dieu au-delà de toute frontière ?

+Paul, Jean Paul et Claude. Évêques.

Dossier sur la canonisation du Frère Charles de Foucauld

 

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