Destructions provoquées par le tremblement de terre du 6 février 2023.

Après le séisme du 6 février 2023, les soeurs carmélites d’Alep témoignent de leur chemin de Carême, « alors que tout un peuple vit dans l’angoisse, la misère et crie vers Dieu sans relâche ».

En fait, l’épreuve vécue par le peuple ne date malheureusement pas du tremblement de terre mais s’est approfondie durant ces longues années de guerre [qui a débuté le 15 mars 2011, ndlr]. Aujourd’hui, la misère est vraiment devenue intolérable. 90 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Les destructions matérielles et morales dues à la guerre, ainsi que la situation économique tragique faisaient que les gens étaient déjà au bord de la désespérance. Alors vous imaginez le désarroi et l’angoisse des populations touchées par le séisme du 6 février dernier…

Il est vrai que depuis le tremblement de terre, nous avons été réconfortés par le mouvement massif d’aides privées, mouvement qui se poursuit ; et c’est une grande consolation pour ceux qui souffrent, qui ont peur, qui n’ont plus rien… « A l’étranger, des gens pensent donc encore à nous ? »

Voir la beauté de Jésus

Pour sortir d’une spirale de souffrances et de privations qui pourraient mener à l’amertume ou au désespoir, nous sommes appelés à être attentifs à toutes les choses positives que nous vivons, ici, sur place, ou par l’intermédiaire de frères et sœurs lointains par la distance mais proches par le cœur. Le pape François nous invite en ce Carême à lever les yeux vers la beauté de Jésus pour pouvoir affronter le scandale du mal et de la Croix. Cette beauté nous est également offerte par des visages humains.

Souk qui venait d’être restauré après avoir été détruit par la guerre.

Notre petit Carmel (8 sœurs) est témoin de détresses inouïes, mais également de beaux gestes de solidarité et de don de soi. Notre monastère a été protégé lors du séisme.  Ainsi avons-nous eu la possibilité, à la suite de nombreuses Eglises et communautés, chrétiennes ou musulmanes, d’accueillir des familles (pour nous, une quarantaine de personnes connues, avec de jeunes enfants). La plupart sont repartis maintenant, bien que la peur paralyse encore les cœurs, les secousses quotidiennes se poursuivant, quoique plus faibles.

La peur n’est pas la seule raison qui a fait sortir les habitants de chez eux. Car beaucoup d’appartements, déjà fragilisés par les destructions de la guerre ont été très détériorés et rendaient impossible le retour des gens chez eux. Nous connaissons le cas de plusieurs personnes qui, il y a seulement quelques semaines, venaient de retrouver leurs appartements réparés… et que le tremblement de terre a rechassées de chez elles… Dans la ville d’Alep, de très nombreuses personnes dorment encore dans leur voiture (quand ils en ont), craignant un nouveau séisme…

Traverser un désert d’angoisse

Vous nous demandez comment nous vivons ce temps de désert… mais peut-on parler d’un temps de « désert » alors que tout un peuple vit dans l’angoisse, la misère et crie vers Dieu sans relâche ? Ce n’est certes pas un désert silencieux, même si les cris sont souvent refoulés et que les yeux sont pleins d’interrogation  et d’angoisse…

La question qui monte à nos lèvres est bien souvent celles des psaumes : « Pourquoi, Seigneur ?… Jusques à quand ?…  Pourquoi, Seigneur, es-tu si loin ? pourquoi te caches-tu aux jours d’angoisse ?… Souviens-toi de nous, Seigneur, sauve-nous pour l’honneur de ton Nom ! Viens, ne tarde plus ! »

En conclusion, nous vous demandons de prier pour nous tous, afin que l’espérance ne nous quitte pas et que nous croyions toujours que toute souffrance portée avec amour et en communion avec la Passion du Christ, est porteuse de pardon et de vie. Et merci encore pour tout.

Vos sœurs carmélites d’Alep 

La demande qui nous a été faite de la part du diocèse d’Albi nous a beaucoup touchées car elle témoigne de votre sollicitude pour ceux qui souffrent dans notre pays.

Le SNMM remercie Rose-Line Coureau, déléguée à la Mission universelle du diocèse d'Albi. 
Les intertitres sont de la rédaction du site.