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Guerre au Soudan : les déplacés trouvent refuge en Égypte

Depuis avril 2023, le conflit au Soudan a provoqué le déplacement forcé de plus de 4,8 millions de personnes à l’intérieur du pays, et 1,2 million vers les pays voisins dont l’Égypte. Le 10 Novembre 2023, le HCR, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés met en garde contre une épuration ethnique en cours au Darfour, un millier de personnes, principalement de la tribu des Masalit, ont été massacrées en deux jours. Le risque de génocide alarme fortement.

SoudanCe qui a commencé par des affrontements s’est transformé en guerre civile. Les civils soudanais sont pris entre deux feux et connaissent une crise humanitaire qui ne va qu’en s’aggravant. Les efforts de la communauté internationale pour négocier la paix ont manqué de coordination et d’efficacité, alors que les efforts des différentes puissances régionales pour poursuivre leurs propres intérêts ont exacerbé la situation. Les besoins les plus importants des civils soudanais sont l’accès aux éléments essentiels de la vie : nourriture, abris, médicaments et sécurité. La nourriture diminue car les voies de transport sont en grande partie fermées. Le seul port du pays est contrôlé par une partie et il n’y a aucune garantie d’approvisionnement à l’intérieur du pays, où d’autres groupes opposés exercent leur contrôle. La dernière récolte a été dérisoire et tout porte à croire que les conditions seront désastreuses d’ici novembre et décembre.

On estime que 9 000 Soudanais ont déjà été tués dans les tirs croisés entre ces deux branches belligérantes de l’armée, et que beaucoup d’autres ont été blessés.

Il existe également des preuves alarmantes de l’épuration ethnique qui a lieu actuellement au Darfour. Le CIR (Center for Information Resilience) a identifié des preuves de la violence ethnique brutale qui a balayé l’ouest du Soudan depuis que les combats ont éclaté entre deux factions militaires rivales en avril. L’analyse des données satellitaires et des médias sociaux.

Situation des réfugiés

Au 21 novembre 2023, 6 547 139 personnes avaient été déplacées de force du Soudan, selon le HCR. Parmi eux, plus de 370 000 Soudanais auraient fui vers l’Égypte depuis le 15 avril, selon les dernières informations fournies par le ministère des affaires étrangères5. Selon le gouvernement égyptien, 370 000 Soudanais et 8 504 personnes d’autres nationalités, soit un total de 378 504 personnes, sont entrés en Égypte depuis le début de la crise soudanaise.

Les pays qui accueillent le plus de réfugiés sont : Le Tchad (450 000 réfugiés au 2 novembre 2023), le Sud-Soudan (368 000 réfugiés au 15 novembre 2023), l’Égypte (378 000 réfugiés au 21 novembre 2023, le graphique ci-dessus présentant des données antérieures), l’Éthiopie et la République centrafricaine.

Parmi les demandeurs d’asile enregistrés auprès du HCR, 89% sont soudanais. Les 11 % restants sont principalement des Sud-Soudanais ou des Érythréens. 37% des nouveaux arrivants sont des mineurs. 50% des déplacés sont des femmes.

Les personnes qui franchissent les frontières, pour la plupart des femmes et des enfants, arrivent avec un besoin urgent de nourriture, d’eau, d’abris, de soins de santé et d’articles de base tels que des couvertures, des ustensiles de cuisine et du savon. Le soutien psychosocial aux parents et aux enfants qui ont été témoins ou victimes de violences épouvantables est une autre priorité, tout comme la mise en place de mécanismes de prévention et de réponse à la violence fondée sur le sexe. Les réfugiés qui ont réussi à atteindre Le Caire ont déclaré être partis avec peu d’effets personnels, de nourriture, d’eau ou d’argent sur les trajets périlleux, après avoir payé de petites fortunes pour les rares billets de bus permettant de quitter la zone de guerre dans un contexte de pénurie de carburant paralysante.

Les besoins des réfugiés en Égypte

De nombreuses familles arrivent actuellement au Caire et dans le nord de l’Égypte, après avoir laissé derrière elles leur maison, leurs biens et leur travail. Elles se trouvent dans une situation monétaire très précaire. Leurs besoins sont multiples, mais la priorité reste les biens de première nécessité : nourriture, santé, logement, éducation et accès aux transports.

  • Nourriture : la nourriture est le premier besoin vital. Sans travail et ayant tout laissé derrière elles, de nombreuses familles se retrouvent sans revenu de subsistance. Satisfaire leurs besoins alimentaires devient un défi quotidien.
  • Santé : de nombreuses personnes déplacées par la guerre au Soudan sont malades ou âgées. Les réfugiés sont marqués par les conséquences physiques et psychologiques de la guerre et de leur fuite du Soudan. Ils ont besoin de soins et de médicaments appropriés, qu’il est souvent impossible d’obtenir par manque d’argent.
  • Logement : les familles sont nombreuses et comptent souvent 8, 9 ou 10 membres, qui se tassent dans des petits appartements. Parfois, ils accueillent une deuxième voire une troisième famille ayant fui la guerre, ce qui crée un problème de salubrité mais également avec les propriétaires, qui menacent de les expulser tous. En raison de l’inflation et de la guerre, les loyers ont augmenté ces derniers mois, rendant la situation encore plus compliquée pour les nouveaux arrivants.
  • Frais de scolarité : les écoles ont repris en septembre et sont submergées par les demandes. De plus, les familles doivent payer des frais de scolarité (souvent entre 5,000 et 10,000 livres égyptiennes) dont elles n’ont pas toujours les moyens de s’acquitter.
  • Transports : les familles vivent souvent dans des zones périphériques éloignées, loin des infrastructures administratives et des lieux de travail potentiels. Elles ont donc besoin d’un soutien financier pour être plus mobiles, disponibles et intégrées dans la société égyptienne.

Qui sont les déplacés venus se réfugier en Égypte ?

  • Soudanais

La majorité des réfugiés sont des Soudanais. Ils arrivent souvent avec quelques valises seulement. La plupart de leurs biens et de leur argent se trouvent encore au Soudan, qui traverse actuellement une réelle pénurie de liquidités, et dont les services bancaires sont plus que limités.

  • Réfugiés vivant au Soudan

Les réfugiés qui avaient trouvé asile au Soudan ont été contraints de quitter le pays, car ils n’étaient plus en sécurité. La plupart d’entre eux sont originaires du Sud-Soudan ou de l’Érythrée et avaient déjà fui leur pays d’origine pour se réfugier au Soudan. Selon les Nations unies, il y avait plus de 136 000 réfugiés et demandeurs d’asile érythréens au Soudan avant la guerre et plus de 803 000 réfugiés sud-soudanais.

  • Égyptiens

Les Égyptiens vivant au Soudan (certains depuis leur naissance) ont été contraints de quitter le pays. Malgré leur nationalité égyptienne, ils sont confrontés à des problèmes similaires à ceux rencontrés par les personnes déplacées en raison des conséquences de la guerre, à savoir l’insécurité de l’emploi et la recherche d’un travail en Égypte.

le message du vicariat apostolique

Depuis le 15 avril 2023, ce sont plus de 378,000 personnes qui sont arrivées en Égypte. Au sein du Vicariat, six églises sont en charge d’accueillir les réfugiés. Entre 10,500 et 16,200 personnes y sont enregistrées à ce jour. Parmi eux, une majorité de Soudanais, mais également des Érythréens et des Sud-Soudanais.

Mgr Claudio Lurati, vicaire apostolique d’Alexandrie appelle aux dons pour une meilleure aide alimentaire, prendre en charge les frais médicaux et les frais de scolarité pour les enfants.

Il est important que toute notre communauté prenne conscience du caractère  exceptionnel et dramatique de la situation, et prenne part à l’élan de solidarité de l’Église envers les réfugiés.

Mgr Claudio Lurati, Vicaire Apostolique d’Alexandrie,
Evêque pour les latins en Égypte)

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